
En mai, les indices d’actions ont brutalement décroché du fait de la reprise des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, mais le recul finalement « modéré » des indices démontre que les investisseurs s’attendent toujours à un dénouement favorable du bras de fer entre les deux plus grandes puissances mondiales. T. May a annoncé sa démission, ce qui instille un doute additionnel quant au calendrier et à l’issue du Brexit. Les élections européennes ont abouti à une représentation « contenue » des partis « populistes », ce qui a plutôt rassuré les investisseurs. Après un mois d’avril où les statistiques économiques mondiales s’étaient redressées, celles-ci ont à nouveau significativement déçu en mai. L’actuel contexte politique et économique complexe nous conforte dans le principe de précaution : nous maintenons notre sous-pondération sur les actions.

Le brutal durcissement des négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis a provoqué un report coutumier des investisseurs vers les actifs financiers réputés protecteurs : les obligations souveraines ont progressé en mai. L’appétit pour ces obligations se justifie d’autant plus que les statistiques économiques mondiales se sont plutôt dégradées, atténuant d’autant l’attrait des actifs « risqués ». Enfin, les banques centrales ont généralement confirmé leur volonté de rester neutres ou accommodantes, ce qui est un important facteur de soutien pour les obligations. En revanche, les tensions commerciales pourraient finalement raviver un peu l’inflation dans le monde, ce qui compliquerait les futures décisions des banques centrales. L’actuelle faiblesse des rendements obligataires nous conforte dans notre neutralité persistante à l’égard des obligations souveraines.

Le contexte économique mais surtout géopolitique se dégradant en mai, la sélectivité des investisseurs a été plus forte quant à leurs expositions aux obligations d’entreprises. Parce qu’elles sont plus risquées et moins liquides, les obligations des entreprises ayant des bilans fragiles (« High Yield ») ont suivi les actions dans la baisse. En revanche, les obligations d’entreprises solides et donc mieux notées (« Investment Grade ») ont vu leurs cours progresser durant cette phase car leur solvabilité ne semble pas devoir être remise en cause. En effet, le contexte est certes plus difficile, mais une récession ne semble pas imminente, d’où l’attrait de ce type d’obligations offrant des rendements bien plus élevés que ceux des États. Nous préférons être surpondérés actuellement sur les obligations d’entreprises plutôt que d’être trop exposés aux actions dont la volatilité est plus forte.

L’une des manifestations les plus évidentes des tensions commerciales ravivées entre la Chine et les États-Unis est d’observer la parité entre les devises de ces deux pays. Le Dollar s’est brutalement apprécié face au Yuan, laissant craindre que la Chine ne laisse désormais délibérément chuter sa monnaie afin de doper la compétitivité de ses entreprises, compensant ainsi en partie l’effet des surtaxations américaines. La Chine se défend officiellement de vouloir dévaluer intentionnellement sa monnaie, mais cela a toutefois déjà provoqué le fort recul de la plupart des devises émergentes. En Europe, la Livre Sterling a reculé de plus de 4%, la probabilité d’un « hard Brexit » étant ravivée par la démission de T. May. Après une accalmie en début d’année, la volatilité des devises doit être surveillée de près car c’est un facteur décisif quant aux choix d’allocation d’actifs des investisseurs.

En mai, la crispation des relations commerciales entre la Chine et les États-Unis a provoqué un recul des prix de la plupart des matières premières « cycliques » car, si la situation venait à dégénérer entre les deux leaders mondiaux, un tassement de la demande pour les ressources naturelles serait alors très probable. Pour autant, les investisseurs semblent rester confiants dans l’hypothèse d’une sortie négociée de ce conflit, les cours de beaucoup de matières premières cotant autour de leur moyenne des deux dernières années. Il conviendra de surveiller l’évolution du Dollar car son appréciation a souvent pour corollaire le recul des prix des matières premières, expliquant par exemple la performance décevante de l’or durant la récente baisse des marchés. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie d’une surpondération tactique.

Le bras de fer commercial entre la Chine et les États-Unis se dégradant soudainement en mai, les actifs émergents ont eu logiquement un accès de faiblesse prononcé. En effet, ces pays sont tout particulièrement dépendants de la dynamique commerciale internationale. Par ailleurs, le raffermissement du Dollar est une mauvaise nouvelle pour les pays ou les entreprises endettés dans une devise qui s’apprécie, puisque cela dégrade le coût de leur dette lorsque celle-ci a été contractée en Dollar. Enfin, dans un contexte économique et géopolitique confus, les investisseurs internationaux privilégient plutôt les actifs les plus liquides en bourse, ce qui pénalise en relatif les émergents. Si les obligations émergentes progressent encore en 2019, les actions ont en revanche presque tout effacé désormais. Nous maintenons notre sous-pondération à l’égard des actifs émergents.