Nombreux sont les stéréotypes persistants concernant la gestion des finances par le deuxième sexe. Historiquement et culturellement tenues à l’écart de la sphère financière et plus particulièrement des placements et investissements, les femmes continuent à être sous-représentées parmi les investisseurs. En effet, certains biais continuent à entretenir la croyance que la finance serait un Man’s world et que les femmes n’auraient pas les aptitudes nécessaires. Le dernier rapport « Women in Financial Services » réalisé par le cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman dénonce ainsi le fait que les femmes sont trop souvent négligées en tant que potentielles investisseuses lorsqu’elles se retrouvent devant leurs conseillers en raison des clichés persistants à leur égard.
Sans plus attendre, nous allons voir ensemble quels sont les mythes genrés qui persistent aujourd’hui ainsi que leur véracité.
Les femmes ne s’intéressent pas aux placements financiers ou patrimoniaux
Sans grande surprise, c’est évidemment faux. Une étude menée par l’IFOP pour l’Union Financière de France (UFF) publiée le 6 mars 2017 révèle les conclusions d’une enquête menée auprès d’un échantillon de 600 françaises dites « patrimoniales », soit des femmes qui remplissent la double condition de vivre au sein d’un foyer dont le revenu annuel brut est supérieur à 45 000€ et/ou qui détiennent un niveau de patrimoine financier, immobilier inclus, supérieur à 450 000€. D’après cette étude, les femmes seraient de plus en plus décisionnaires : A la question « dans votre couple, qui de vous ou de votre conjoint est le décisionnaire final sur le choix de vos placements financiers ou patrimoniaux ? », elles sont 43% à déclarer « décider ensemble », 42% « elle-même », et seulement 8% à affirmer « mon conjoint/mon époux »”.
Ces chiffres témoignent d’une amélioration notable de la situation mais ils peinent à progresser car les femmes ont moins de patrimoine que les hommes. Cet argument est confirmé par l’étude de l’Insee « Économie et statistique » de 2014 qui dispose que « le patrimoine brut moyen de l’ensemble des hommes est supérieur d’environ 15% à celui des femmes. »
Ainsi, non seulement les femmes s’intéressent aux placements financiers mais elles partent avec un désavantage considérable comparé aux hommes car elles disposent en moyenne de moins de moyens financiers pour réaliser leurs objectifs.
Les femmes ne savent pas prendre de risque
Le couple rendement/risque implique une certaine prise de risque si l’on veut obtenir une bonne rentabilité en termes de placement. En effet, les femmes seraient de nature plus prudente s’agissant des investissements risqués comme le démontre l’étude pré-citée : entre les deux profils d’investisseurs proposés par les sondeurs « Investisseurs prudents » et « Investisseurs ouverts aux risques », elles sont 72% à opter pour la catégorie prudente là où les hommes ne sont que 50% à y souscrire.
Cependant, ces chiffres sont à prendre avec prudence car, selon cette même étude de l’Insee, « L’existence d’une aversion pour le risque intrinsèque plus importante pour les femmes, même en moyenne, reste discutée ». En effet, l’écart est faible (47% des femmes refusent tout risque sur placement contre 40% chez les hommes d’après l’AMF) et pourrait être dû à d’autres biais tels que l’éducation financière, le modèle social et familial, l’âge, la région d’origine ou encore le niveau de revenu. Le niveau de revenu semble être un biais prédominant puisqu’un sondage réalisé par Altaprofits datant de juin 2019 indiquait que la raison principale pour laquelle les femmes n’épargnent pas, c’est parce qu’elles n’ont pas les moyens contrairement aux hommes qui invoquent comme raison principale le manque de confiance dans le produit ou un rendement insuffisant.
Dans les faits, ce mythe se révèle être un cliché plutôt qu’une vérité générale au vu du peu de différences entre les chiffres. De plus, cette différence s’explique par d’autres facteurs beaucoup plus tangibles que l’appartenance à un sexe.
Les femmes sont plus prévoyantes
Les objectifs de placement des femmes seraient de nature plus prévoyants que ceux des hommes. D’après l’étude IFOP pré-mentionnée, les objectifs seraient majoritairement la constitution d’une « épargne de précaution en cas de difficulté financière » (39% des réponses) suivi de « se constituer un complément de revenus pour la retraite » (33%). Paul Younès, ex-directeur général de l’UFF, est revenu sur ces chiffres car, selon lui, les femmes chercheraient à « éviter de prendre trop de risques, notamment parce qu’elles ont encore majoritairement des salaires inférieurs à ceux des hommes et veulent se constituer une épargne de précaution ». En effet, l’écart reste faible, puisque d’après l’AMF, 49% des femmes épargnent pour faire face aux imprévus contre 43% chez les hommes, et pourrait s’expliquer par un plafond de verre persistant.
Leur prévoyance se retrouve aussi dans leur choix de produit d’épargne puisque les femmes vont avoir tendance à se tourner majoritairement vers des produits sécurisés et liquides (assurance vie majoritairement en fonds euros et Livret A), tandis que les hommes sont davantage adeptes des actions via les PEA. (Sondage Cercle de l’Épargne)
Ce n’est donc pas la peur du risque qui motive les femmes à se tourner vers l’épargne de précaution mais bien une réelle préoccupation quant au futur : elles sont conscientes des difficultés financières potentielles en tant que femme. Par exemple, s’agissant de la maternité, les femmes savent qu’une grossesse va ralentir leur ascension vers les postes de cadres, mieux rémunérés.
Les femmes sont plus craintives des pertes
Plus craintives des pertes non, mais les femmes sont en tout cas moins impulsives s’agissant de l’investissement financier. En effet, l’article « Finance comportementale : les femmes et la Bourse », paru sur le site du Conseiller, explique que les femmes « boursicotent moins que les hommes ». Elles ne recherchent pas « le gain rapide » et vivent avec «moins de sensiblerie que les hommes les échecs boursiers ». Cette rationalité et leur volonté de s’inscrire dans le long terme en matière d’investissement financier payent puisque qu’elles ont réalisé « des gains boursiers supérieurs de 2% à ceux des hommes ». En effet, les arbitrages fréquents effectués par les hommes engendrent des frais indirects supplémentaires soit un Expense ratio (ratio des frais par rapport aux actifs gérés) plus important. D’après l’article du Conseiller pré-cité : « Les études sont formelles : à moins d’avoir une méthode rigoureuse d’investissement qui implique beaucoup de transactions, le plus faible niveau de rotation des placements engendre de meilleurs rendements. ».
Cette performance se trouvait déjà dans une étude effectuée en 2006 par HEC Montréal qui démontrait que « les femmes ont une approche, des connaissances et une créativité différentes » : elles obtiennent des rendements plus réguliers à long terme. L’étude explique que la rigueur et l’horizon long termiste privilégiés par les femmes viendraient du fait que, culturellement, « elles ont été les comptables et responsables de l’administration du budget des ménages, depuis toujours ».
Même si on a privé les femmes pendant longtemps de l’accès à la Bourse (jusqu’en 1967), ces dernières ne sont pas en reste en termes de gestion et elles sont même les plus performantes sur la gestion passive à horizon long terme.
Conclusion
Après démystification des stéréotypes associés aux femmes et à l’investissement financier, nous pouvons conclure plusieurs choses. Il existe des préférences de gestion selon les genres, et les femmes privilégient le long terme : elles résistent mieux aux pertes, et leur gestion est moins impulsive. Finalement, la gestion en “bon père de famille” se révèlerait plutôt être une gestion en “bonne mère de famille”. Cependant, ces préférences de gestion sont aussi dues à des biais tels que le niveau de patrimoine, les revenus ou encore l’éducation financière de la personne plus qu’à son sexe. C’est aussi la conclusion qui est tirée par l’étude « Vers un nouveau genre de finance ? ».
Aujourd’hui, d’après les statistiques publiées par l’AMF en 2021 : 69% des femmes déclarent connaître assez mal les produits d’épargne et les placements. Nous avons constaté l’émergence de nouveaux médias ayant pour but de démocratiser l’accès à l’éducation financière et certains se sont dédiés aux femmes : c’est le cas des newsletters telles que « Voxe » , « Plan Cash » ou « Prends l’oseille ». Ces dernières sont ludiques, gratuites et ciblent les intérêts des femmes afin de mieux les sensibiliser à la gestion de leur patrimoine.
Chez WeSave, nous veillons à ce que tout le monde, homme ou femme, y trouve son compte. Nous sommes particulièrement vigilants quant aux frais, nous limitons autant que possible les rotations de portefeuilles en évitant les arbitrages inutiles, nous avons une gestion prudente, et nous gardons toujours en tête l’horizon de long terme de votre épargne : nous appliquons donc une gestion d’actifs en « bonne mère de famille » !