En mars, les indices d’actions ont encore légèrement progressé, mais une accumulation de mauvaises statistiques économiques dans le monde a incité les investisseurs à prendre quelques bénéfices. Les publications de résultats trimestriels sont attendues avec impatience afin de vérifier si les alertes macro-économiques sont confirmées ou infirmées au niveau micro-économique. À noter que la hausse des actions depuis le début d’année repose essentiellement sur les rachats d’actions par les entreprises elles-mêmes et par quelques levées de protections financières, puisque les actions dans le monde continuent de faire l’objet de rachats systématiques (-79.3Mds $ en 2019). Les nombreuses incertitudes économiques et politiques (Brexit notamment) nous ont incité à alléger encore notre exposition aux actions, plus particulièrement sur les marchés européens. Nous conservons notre sous-pondération sur les actions.
La décision début 2019 des principales banques centrales de rendre plus accommodants leurs discours et leurs politiques monétaires a fortement profité à l’ensemble des obligations souveraines. Cette tendance a même été accentuée en mars par l’accumulation de mauvaises statistiques économiques dans le monde, éloignant d’autant plus la perspective d’un durcissement monétaire. Cette situation a fait s’effondrer les rendements des obligations, à tel point que les obligations allemandes à 10 ans ont désormais des rendements négatifs : autrement dit, il faut désormais payer et non plus être rémunéré pour devenir détenteur de Bund allemands ! La “sécurité” que l’on prête aux obligations d’États se paye donc aujourd’hui extrêmement cher, le contexte politique et économique restant complexes. Cette faiblesse des rendements obligataires nous conforte dans notre neutralité persistante à l’égard des obligations souveraines.
Les politiques monétaires des banques centrales étant à nouveau très accommodantes, l’ensemble des marchés obligataires voient leurs rendements fortement baisser en 2019 : autrement dit, les obligations progressent beaucoup. Le rendement des obligations souveraines étant souvent très faible, voire négatif pour les obligations allemandes, les stratégies de recherche de “rendement” font à nouveau particulièrement sens pour les épargnants. Tant que la croissance économique ne s’effondre pas et que les entreprises restent généralement solvables, ce qui est notre hypothèse, l’exposition aux obligations d’entreprises permet de capter un rendement (2.72% en moyenne) bien plus important que celui des obligations souveraines (1.17% en moyenne). Les entreprises ayant un bilan plus fragile (“High Yield”), offrent même un rendement moyen de 6.36%. Nous préférons actuellement être sur-pondérés sur les obligations d’entreprises plutôt que d’être trop exposés aux actions dont la volatilité est bien plus forte.
Après une année 2018 où les devises ont fortement fluctué, la volatilité s’est un peu apaisée : le Dollar gagne néanmoins encore +1% face aux principales devises internationales, quand l’Euro cède pour sa part -2.4% cette année. En avril, le focus des investisseurs devrait être l’évolution de la Livre Sterling, la question d’un éventuel “hard Brexit” pouvant potentiellement intervenir. Dans une telle hypothèse, la Livre Sterling baisserait certainement brutalement, entraînant avec elle l’Euro, et le Dollar s’apprécierait en contrepartie. Mais les investisseurs internationaux ayant déjà constitué des protections dans l’hypothèse d’une possible baisse de la Livre Sterling et de l’Euro, ils pourraient être alors tentés d’engranger les bénéfices de cette stratégie en rachetant bien moins cher qu’aujourd’hui l’Euro et la Livre Sterling. Autrement dit, la volatilité pourrait à nouveau agiter les marchés de devises et, par voie de conséquence, l’ensemble des classes d’actifs.
En dépit des soutiens budgétaires et monétaires déployés dans beaucoup de pays, la plupart des statistiques économiques mondiales ont déçu en mars, notamment les indicateurs “manufacturiers”. La Chine étant le principal consommateur de matières premières, les déceptions économiques du pays ont provoqué un reflux des prix des métaux industriels. Le pétrole a continué pour sa part de progresser, les efforts de restriction de l’OPEP et les difficultés de production rencontrées par certains pays (Venezuela,…) soutenant les prix. L’économie ralentissant actuellement, l’impact des prix des matières premières sur le pouvoir d’achat des ménages et sur les bénéfices des entreprises doit être surveillé de très près. La hausse du Dollar pèse sur l’or, mais il nous semble que son caractère “refuge” et “décorrélant” vis-à-vis des actifs autres actifs financiers, justifie d’une surpondération tactique actuellement. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or.
Après une année 2018 catastrophique pour les émergents, les actifs financiers de ces zones affichent une progression importante depuis le début d’année. À noter toutefois que la performance des actions émergentes est en retrait de celle des pays développés en 2019, mais il s’agit probablement d’un rééquilibrage, les actions des pays développés ayant beaucoup plus souffert que celles des pays émergents durant le mois de décembre. Les obligations des pays émergents progressent très fortement cette année, puisque gagnant +5.4% contre +9.9% pour les actions émergentes : en proportion, la prise de risque est donc plutôt mieux rémunérée sur les obligations que sur les actions émergentes en 2019. En dépit de valorisations relatives attrayantes, la faible liquidité des actifs émergents et les nombreuses incertitudes politiques et économiques actuelles nous incitent à maintenir notre sous-pondération à leur égard.
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