Date de publication : 3 décembre 2018

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Actions

Après une très violente baisse en octobre, les marchés d’actions ont cherché à se stabiliser en novembre. Un accord a été trouvé quant au Brexit, mais il faut désormais que les Parlements le ratifient, ce qui pourrait être complexe pour le Royaume-Uni. Les autorités italiennes ont fait quelques concessions budgétaires à l’égard de Bruxelles, le rehaussement du coût de la dette et la difficulté à lever des capitaux se faisant désormais sentir dans le pays. Le violent repli du pétrole, s’il peut être interprété comme un signal de ralentissement économique, devrait toutefois redonner du pouvoir d’achat aux ménages et favoriser le redressement des marges bénéficiaires de nombreuses entreprises. Le principal doute, qui devrait hélas persister, sera de trouver un accord commercial pérenne entre les États-Unis et la Chine. Malgré un “momentum” encore complexe, nous maintenons notre surpondération tactique sur les actions pour des motifs de valorisation.

Obligations souveraines 

Depuis deux mois, les obligations souveraines ont trouvé deux principaux motifs d’appréciation : leur fonction d’actif financier “refuge” s’est réactivée, et elles ont tiré parti de moindres craintes d’inflation à venir. En dépit de rendements encore modestes au regard des historiques de long terme, la baisse des actions a été d’une telle ampleur que les investisseurs se sont logiquement reportés vers les obligations souveraines dans leurs allocations d’actifs. De plus, l’effondrement des prix du pétrole et, plus généralement, celui des matières premières, atténue le risque d’inflation à venir. Les banques centrales auront donc moins de motifs de durcir leurs politiques monétaires, d’autant que le contexte géopolitique international (tensions commerciales, Brexit,…) pèse sur les perspectives de croissance mondiale. Nous maintenons notre neutralité persistante à l’égard des obligations souveraines, celle-ci s’expliquant par la faiblesse des rendements offerts.

Obligations d’entreprises

 

En novembre, les rendements des obligations d’entreprises ont continué de monter, autrement dit, la classe d’actifs est restée mal orientée. Le très fort repli des prix du pétrole a plus particulièrement pesé sur les obligations les moins bien notées (“High Yield”). En effet, beaucoup d’entreprises d’exploration ou de production pétrolière ont des Bilans déjà fragiles, et elles pourraient donc rencontrer des difficultés pour rembourser leurs créanciers. Si le comportement du “High Yield” n’est pas surprenant au vu du contexte géopolitique complexe à appréhender, il est en revanche plus étrange que les entreprises ayant des trésoreries confortables (“Investment Grade”) aient, elles aussi, vu leurs obligations fortement baisser. Parce qu’il nous semble que les craintes exprimées par les investisseurs quant aux perspectives économiques à venir sont excessives, nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, et restons neutres sur le “High Yield”.

Devises

 

Le comportement relatif de l’Euro face aux principales devises internationales est très dépendant des incertitudes politiques pesant sur la zone, mais aussi de l’évolution à venir de la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE). Si un accord a été trouvé quant au Brexit, il est nécessaire d’obtenir sa ratification par les Parlements, ce qui pourrait s’avérer complexe pour le Royaume-Uni. La seconde source d’incertitude pour la zone est due aux tensions budgétaires entre Bruxelles et Rome. Le gouvernement italien semble toutefois progressivement céder aux pressions financières des marchés financiers, mais les rebondissements pourraient rester fréquents jusqu’aux élections de mai 2019. Malgré ces incertitudes, si la BCE devait s’en tenir à son plan de durcissement graduel de sa politique monétaire à partir de la fin d’année, l’Euro pourrait trouver là un soutien relatif. La forte volatilité des devises est une importante source d’incertitudes pour les allocations financières.

Matières Premières

 

Jusqu’à la mi-octobre, la contribution annuelle des matières premières à un portefeuille d’actifs financiers restait positive. Toutefois, l’effondrement brutal des prix du pétrole durant les derniers mois a renversé cette situation. La baisse du pétrole est tout d’abord due aux doutes croissants des investisseurs quant à la croissance économique à venir, en Chine notamment. Mais ils s’inquiètent surtout d’un excès d’offre de pétrole : les sanctions à l’encontre de l’Iran sont moins rigoureuses qu’anticipé, les contraintes de production ou de transport aux États-Unis sont moins oppressantes que pressenti,… Les métaux industriels ou précieux, qui avaient déjà baissé en début d’année, sont en revanche parvenus à se stabiliser en novembre. La croissance mondiale devrait ralentir en 2019, mais une récession semble très peu probable à ce stade, c’est pourquoi nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or pour ses qualités d’actif diversifiant.

Émergents 

Le bras de fer commercial engagé plus particulièrement entre les États-Unis et la Chine, pénalise fortement les performances des actifs émergents, qu’il s’agisse de leurs devises, actions ou obligations. La principale inquiétude pesant sur ces pays porte sur le très fort durcissement des conditions de crédit : en moyenne il leur était possible de s’endetter à 4.5% fin 2017 alors que le coût de l’emprunt est désormais de 6.25%. Cette situation est d’autant plus oppressante que l’endettement est souvent contracté en Dollar, et que celui-ci ne cesse de s’apprécier cette année, renchérissant d’autant la charge de la dette. La question de la solvabilité de beaucoup d’entreprises et du financement de la croissance de ces pays se pose désormais. En dépit des fortes corrections boursières déjà observées, la faible visibilité quant à la croissance économique à venir des émergents nous incite à maintenir notre sous-pondération à leur égard.

Vue des actifs – l’Éclaireur de décembre 2018

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

Category: ÉclaireurÉclaireur Décembre 2018