
En novembre, les actions ont poursuivi leur progression, inscrivant même souvent de nouveaux records historiques lorsqu’on réintègre les dividendes. Cette bonne tenue des marchés s’explique par l’espoir d’un accord commercial partiel pouvant être conclu entre la Chine et les États-Unis avant la fin d’année, mais aussi grâce aux politiques monétaires accommodantes des banques centrales. Quelques opérations de fusions et acquisitions ont par ailleurs réveillé le caractère spéculatif de certains titres en bourse. Les résultats d’entreprises ont été généralement meilleurs qu’attendu par le consensus, mais il y a toutefois désormais une stagnation ou régression des résultats, ce qui signifie que les marchés se renchérissent sans contrepartie réelle. Les élections au Royaume-Uni en décembre pourraient faire enfin avancer la question du Brexit. Les actions semblent être surtout un investissement « par défaut », c’est pourquoi nous maintenons notre actuelle sous-pondération.

En novembre, les principales banques centrales ont confirmé leurs messages accommodants ou neutres. En dépit de rendements faibles ou négatifs, les obligations souveraines bénéficient ainsi d’un certain soutien financier récurrent. La BCE a par exemple repris en octobre ses achats de dettes d’États dans le cadre de son nouveau « quantitative easing » (20 Mds € d’obligations à acquérir chaque mois). Afin de stimuler lorsque c’est encore possible une croissance économique désormais déclinante, les relais budgétaires sont souvent réclamés par les banquiers centraux eux-mêmes. La faible visibilité économique et géostratégique actuelle, mais aussi l’absence de tensions inflationnistes et le niveau très élevé de l’endettement des agents économiques, devraient encourager les banques centrales à rester durablement généreuses. Faute de rendements satisfaisants, nous maintenons notre neutralité à l’égard des obligations d’États.

En 2019, le rendement des obligations souveraines étant très faible ou même souvent négatif, les investisseurs se sont logiquement reportés vers les obligations émises par les entreprises. Jusqu’en août, cette recherche alternative de rendement avait fortement bénéficié aux obligations d’entreprises fragiles (« High Yield »), mais le tassement économique en cours fait craindre désormais une montée en puissance des défauts de remboursements, c’est pourquoi les obligations des entreprises solides (« Investment Grade ») sont à nouveau privilégiées en relatif par les investisseurs. La très bonne performance annuelle des obligations d’entreprises, mais aussi une moindre liquidité boursière de ces mêmes obligations lors des fêtes de fin d’année, justifient probablement certains dégagements de précaution constatés depuis deux mois. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises, mais sous-pondérés sur les obligations « High Yield ».

Le ralentissement économique mondial synchronisé incite les banques centrales et les États à engager des politiques monétaires et budgétaires actives. Toutefois, les tensions commerciales internationales, des crises géopolitiques diverses (entre autres en Iran), et les pressions populistes découragent les collaborations entre États, nuisant à l’efficacité de ces mesures. La croissance économique à se partager devenant plus faible, la tentation d’utiliser la devise afin de doper la compétitivité du pays se renforce. Le Dollar américain reste le grand gagnant des deux dernières années, mais le pays ne disposant plus de beaucoup de ressources budgétaires à déployer, la FED pourrait être encore sollicitée pour baisser ses taux et relancer un « quantitative easing », pesant sur le billet vert. La question de l’évolution des parités entre devises sera déterminante durant les prochains mois car ayant de très forts impacts sur les performances absolues ou relatives des diverses classes d’actifs.

Les prix de l’énergie et des métaux industriels se redressent depuis la fin août, les investisseurs s’attendant à ce qu’un accord commercial partiel puisse être finalement ratifié entre la Chine et les États-Unis. Les élections au Royaume-Uni le 12 décembre en décideront, mais le Brexit paraît devoir être finalement négocié et non pas brutal, laissant espérer une moindre pression sur la croissance européenne et, par extension, sur ses partenaires économiques. Plus généralement, la récession industrielle observée en 2019 s’estompe, mais les signaux de reprise restent très modestes à ce stade. Les matières premières agricoles connaissent elles aussi d’importantes hausses de prix depuis cet été, de nombreux aléas climatiques ayant perturbé les productions dans divers pays de la planète. L’or reste pour sa part particulièrement dépendant des anticipations d’inflation. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie d’une surpondération tactique.

En 2019, malgré l’appétit pour le risque des investisseurs, la performance des actions émergentes est restée très en retrait de celle des autres zones. Ce retard s’explique notamment par le fait que les pays émergents soient les plus exposés au décrochage du commerce mondial, conséquence des tensions sino-américaines. De plus, le renchérissement relatif du Dollar pénalise beaucoup d’entreprises émergentes endettées dans cette devise. Par ailleurs, la liquidité de ces actifs est généralement moindre que celle des pays développés. Enfin, la résurgence des tensions sociales, comme au Chili, peut décourager certains investisseurs d’y allouer des capitaux, tout comme les chefs d’entreprises attendront certainement d’avoir une meilleure visibilité quant au commerce international avant de prendre des décisions d’investissements engageantes sur le long terme. En dépit de leur faible valorisation, nous préférons rester sous-pondérés sur les actifs émergents.