Le mois de novembre a tout simplement été exceptionnel pour les actions du monde entier. L’élection de J.Biden a été à l’origine d’une première impulsion sur les indices. Mais c’est surtout la perspective de disposer bientôt de plusieurs vaccins contre le COVID qui a provoqué une extraordinaire poussée haussière. Plus important encore, c’est la décomposition des performances qui est très atypique : les investisseurs ayant délaissé les titres défensifs qui brillaient depuis le début d’année pour acheter en urgence les valeurs cycliques dont plus personne ne voulait du fait de la crise sanitaire. Cette rotation, historique, a notamment profité aux indices d’actions européens du fait des biais sectoriels qui les caractérisent. Les indices d’actions retrouvent des dynamiques désormais plus équilibrées entre valeurs cycliques et de croissance. Nous repassons à l’achat sur les actions.
Le mois de novembre aura été paradoxal sur les obligations souveraines. En effet, étant donnée l’impulsion haussière particulièrement forte observée sur les actions, il n’aurait pas été surprenant que cela se fasse aux dépens des actifs refuges, à commencer par les obligations souveraines. Pourtant ces dernières ont vu leurs rendements à peine monter durant le mois. Ceci peut s’expliquer par la persistance de la pandémie, ou bien encore par les espoirs de gestes accommodants additionnels des Banques centrales en décembre. En Europe, les rendements des pays réputés fragiles ont continué de converger vers ceux de l’Allemagne, signe de la confiance dans l’union politique réaffirmée durant l’été. La faiblesse des rendements et la dynamique de reprise économique en cours nous incitent à maintenir notre vue à sous-pondérer sur les obligations d’État.
Les obligations d’entreprises ont vu leurs rendements fortement diminuer bien avant les annonces favorables des laboratoires pharmaceutiques. Ceci s’explique évidemment par l’engagement extrêmement ferme et durable des Banques centrales à rester accommodantes, notamment au travers d’achats massifs d’obligations émises par les États. Les investisseurs souhaitant protéger leur pouvoir d’achat de l’érosion de l’inflation n’ont alors d’autre choix que de se reporter vers les obligations d’entreprises offrant encore du rendement. Mais les risques de défauts de paiements de certaines entreprises, voire de faillites, ne doivent pas être sous-estimés pour 2021. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises solides et demeurons provisoirement à l’écart des sociétés fragiles en attendant de retrouver plus de visibilité.
Alors que l’Europe fait l’objet de mesures de confinements plus ou moins restrictives, l’Euro poursuit son appréciation. Plus étonnant, cette remontée ne s’effectue pas uniquement face au Dollar, mais aussi contre le panier des 6 principales devises au monde. Ce paradoxe s’explique probablement par les découvertes de vaccins, incitant les investisseurs à se porter sur les actions européennes, la zone ayant une forte connotation cyclique : afin de financer ces achats, il est nécessaire de détenir au préalable des Euros. De plus, les investisseurs apprécient la solidarité budgétaire affichée depuis cet été entre les pays de l’Union Européenne. En 2021, il sera tentant pour certains pays de faire baisser leurs devises afin d’améliorer leur compétitivité et leur croissance, c’est pourquoi il conviendra d’être très attentif à ce facteur pouvant affecter fortement les performances des actifs.
En novembre, la plupart des matières premières ont vu leurs prix monter, les investisseurs étant rassurés quant à la reprise économique à venir grâce aux futurs vaccins. Le pétrole a particulièrement progressé, alors qu’il était en retrait des autres matières premières du fait de l’ampleur des stocks pétroliers existants. Les métaux industriels profitent de la reprise économique en Asie, zone où la plupart des pays ont généralement évité les re-confinements. Les denrées agricoles progressent du fait du phénomène météorologique dit de la « Niña », qui perturbe beaucoup les récoltes. L’or et les métaux précieux, perçus comme des actifs refuges, ont en revanche fait l’objet de quelques prises de bénéfices. L’ampleur des soutiens budgétaires et monétaires dans le monde justifient, selon nous, de rester surpondérés sur les matières premières.
La découverte de plusieurs vaccins contre le COVID a conforté le rebond des actifs émergents. Les indices actions profitent notamment du très fort poids de la Chine et de l’Asie du Sud-Est, cette zone ayant très bien géré le coronavirus et servant de fournisseur pour le reste du monde. Le rebond des actions est tel que sa performance dépasse désormais celle des obligations émergentes. En revanche beaucoup de pays émergents restent extrêmement fragilisés par les conséquences économiques de cette crise sanitaire, et l’effondrement de leurs devises en est généralement la principale manifestation extérieure. En 2021, la croissance des pays émergents n’ayant pas vocation à dépasser significativement celle des pays développés, nous préférons rester seulement neutre sur les émergents et leur préférer les pays développés.