Pour les actions, le début d’année 2020 est resté en ligne avec la fin d’année : favorable à la classe d’actifs, et notamment aux valeurs de croissance ou à forte visibilité, aux dépens des thématiques cycliques. Mais le coronavirus chinois a brutalement perturbé cette dynamique. La chine représente en effet à elle seule près de 40% de la croissance mondiale, tout ce qui la pénalise affectant donc fortement le reste du monde. De plus, de nombreuses chaînes de productions sont susceptibles d’être déstabilisées par la stratégie de confinement adoptée par le pays (cf. automobile, semi-conducteurs…). Les publications de résultats trimestriels sont plutôt rassurantes, mais les perspectives sont incertaines du fait de cette pandémie. Ces événements nous incitent à rester prudents, conservant donc notre actuelle sous-pondération aux actions.
Le regain d’optimisme des investisseurs fin 2019 (cf. accord commercial sino-américain, Brexit…) les avait encouragés à alléger leurs expositions aux obligations souveraines, celles-ci délivrant de très faibles rendements, voire des rendements négatifs ! Toutefois, les réflexes de report vers les obligations s’activent à nouveau dès qu’un risque significatif apparaît, ainsi que vient de le démontrer le coronavirus chinois. Parce qu’il est particulièrement difficile de mesurer la portée économique et financière exacte d’un tel événement, tant dans son ampleur que dans sa durée, les obligations souveraines devraient démontrer temporairement un de leurs attraits forts : celui d’être un actif de diversification de portefeuilles, atténuant les chocs ponctuels des autres actifs. Faute de rendements satisfaisants, nous maintenons notre neutralité à l’égard des obligations d’États.
Le coronavirus chinois a provoqué une plus grande discrimination des allocations des investisseurs quant aux obligations d’entreprises. Les obligations des multinationales disposant de fortes réserves de trésorerie (i.e. obligations « Investment Grade ») bénéficient à nouveau des faveurs des investisseurs. En effet, quand bien même cette épidémie engendrerait un ralentissement économique significatif, ces sociétés resteraient solvables et pourraient faire face à leurs échéances futures. En revanche, les obligations d’entreprises plus fragiles (i.e. « High Yield ») pourraient faire l’objet de défauts de remboursements ponctuels. C’est pourquoi ces dernières font l’objet d’allègements tactiques depuis que le coronavirus s’est manifesté. Faute de visibilité, nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises et sous-pondérés sur les obligations « High Yield ».
L’irruption du coronavirus vient perturber beaucoup d’anticipations sur les devises internationales. Le Dollar, le Yen, le Franc suisse, perçus comme des devises « refuge », s’apprécient en relatif face aux autres monnaies. L’Euro décroche de -0,80% face aux principales devises depuis le début d’année, et cela en dépit d’une bien meilleure dynamique économique. Alors que le Yuan chinois s’était redressé face au Dollar du fait de l’accord commercial enfin trouvé entre les deux pays, le coronavirus a stoppé cette ré-appréciation, le Dollar franchissant à nouveau le cap des 7 face au Yuan. Il faut s’attendre durant les prochains mois à une plus grande volatilité sur les devises, car les soutiens budgétaires et monétaires qu’engageront certains pays pour contrer les impacts dus au coronavirus modifieront les fondamentaux économiques et financiers relatifs de ces pays.
Alors que les investisseurs avaient pour hypothèse en début d’année qu’une petite reprise économique était envisageable début 2020, le coronavirus a brutalement mis fin à cette hypothèse. De toutes les matières premières, le pétrole est celle qui en souffre le plus, sa consommation baissant brutalement (cf. transport aérien, voitures, industries…) alors que sa production, notamment au travers de l’OPEP, n’a pas eu le temps de s’adapter. Les métaux industriels sont logiquement pénalisés par cet événement, la Chine étant le principal acheteur au monde de ces métaux. De même, l’incertitude est désormais forte quant aux achats de produits agricoles. L’or, en tant qu’actif réputé « refuge », profite en revanche pleinement de cette situation. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie toujours d’une surpondération tactique.
Alors que de nombreux investisseurs faisaient le pari que l’accalmie commerciale entre la Chine et les États-Unis profiterait en priorité aux actifs des pays émergents, le coronavirus déstabilise leurs allocations d’actifs. En effet, la stratégie de confinement adoptée par la Chine est inédite par son ampleur, d’où l’incertitude quant aux effets de cette décision sur tous les pays émergents partenaires. Ces derniers seront a priori plus affectés que les pays développés, leurs économies étant généralement trop peu diversifiées sectoriellement, et leur spécialisation répondant très directement aux donneurs d’ordres étrangers. Afin d’éviter des faillites en série ou des révoltes sociales, les dirigeants de ces pays activeront certainement les leviers budgétaires et monétaires disponibles. En dépit de leur faible valorisation, nous préférons rester sous-pondérés sur les actifs émergents.