Date de publication : 3 février 2022

En janvier, les marchés d’actions ont brutalement décroché. Les investisseurs ont été surpris par le durcissement de discours de politique monétaire de la FED, cette dernière envisageant même de contracter son Bilan, et donc de retirer des liquidités en circulation. Comme si cela ne suffisait pas, les tensions géopolitiques en Ukraine ont dopé les cours des matières premières, là où un progressif repli de ces prix était plutôt espéré. Les valeurs de croissance ont été pénalisées par la FED, puis les valeurs cycliques par les coûts des matières premières. Même si la FED durcit sa politique monétaire, elle maintiendra des taux réels négatifs, et le contexte économique reste par ailleurs solide, malgré les aléas ponctuels de la géopolitique. Les publications de résultats des entreprises tempèrent aussi les craintes de cherté des marchés. Nous restons surpondérés sur les actions.

En janvier, les rendements des obligations souveraines se sont tendus, en dépit du mouvement de correction sur les actions. Le compte rendu de la réunion de la FED de décembre, mais aussi les discours de certains de ses membres, ont jeté un froid sur les actifs obligataires, l’ampleur du durcissement monétaire envisagé étant plus forte et plus rapide qu’anticipée jusqu’alors. C’est surtout le risque de contraction du Bilan de la FED qui a surpris, puisqu’étant attendu jusqu’alors pour 2023 et non pas dès 2022. La réunion de la FED du 26 janvier n’a pas complètement apaisé ces craintes, le flou étant maintenu sur le calendrier monétaire. Les rendements des obligations souveraines sont désormais proches de leurs niveaux d’avant COVID. Faute de rendements nominaux, et plus encore réels, satisfaisants, nous maintenons notre sous-pondération sur les obligations souveraines.

En janvier, la tension sur les rendements des obligations souveraines s’est propagée aux obligations d’entreprises, et le comportement des obligations d’entreprises solides (i.e. « Investment Grade ») et celui des entreprises fragiles (i.e. « High Yield ») a été très différencié. Le renchérissement des coûts d’emprunts n’a en effet pas du tout le même impact si la société dispose de flux de trésorerie réguliers et confortables, ou bien si l’entreprise est à l’inverse déjà fragile financièrement et avec une activité opérationnelle compliquée par la COVID (cf. fournisseurs et partenaires commerciaux privilégiant les concurrents solides). Bien que les rendements des obligations restent faibles, nous préférons rester concentrés sur les obligations d’entreprises solides plutôt que sur les obligations d’entreprises fragiles, susceptibles de faire défaut sur certains remboursements, voire de faire faillite.

Depuis le début d’année, les investisseurs ont été surpris par le durcissement de ton monétaire de la FED. C’est pourquoi, les rendements des obligations américaines se sont tendus, les rendant plus attrayants en relatif pour les investisseurs étrangers. Pour s’exposer à ces obligations, ces investisseurs doivent acheter des Dollars, d’où l’appréciation relative du billet vert, d’autant que ce mouvement pourrait se prolonger encore durant quelques mois. La correction des marchés financiers a pour sa part provoqué des mouvements habituels d’achats des devises réputées « refuge », tel que le Yen japonais ou le Franc suisse. Le Yuan chinois a poursuivi son appréciation, probablement avec l’aval des autorités du pays. L’Euro a fait les frais en relatif de ces mouvements. Il conviendra d’être prudent sur les actifs émergents, généralement pénalisés lors des phases d’appréciation du Dollar.

Le début d’année 2022 reste très favorable aux prix des matières premières. Ces dernières sont tout d’abord soutenues par la normalisation des économies et l’espoir que le variant Omicron accélère finalement encore cette dynamique. La détente de ses taux directeurs par la Chine est également perçue comme le signe que cette dernière veut de nouveau soutenir sa croissance, et la Chine reste le 1er acheteur au monde de matières premières. Enfin, les tensions entre l’Ukraine et la Russie tirent plus spécifiquement les prix de l’énergie. Les métaux précieux sont, comme en 2021, les seules matières premières en retrait de cette hausse, ce qui peut s’expliquer par la force persistante du Dollar. Nous restons surpondérés sur les matières premières pour accompagner le cycle économique en cours, mais aussi pour la protection qu’elles apportent face à l’inflation.

En janvier, les actifs des pays émergents ont baissé. Toutefois, les émergents résistent plutôt mieux en relatif que les pays développés, ce qui peut s’expliquer notamment par l’allocation modérée que les investisseurs internationaux leur consacrent depuis la crise de la COVID, mais aussi parce que leur sous-performance avait été majeure en 2021. Parmi les autres facteurs explicatifs, la Chine a décidé de soutenir de nouveau sa croissance économique par une politique monétaire accommodante, permettant aux valeurs du pays de mieux résister durant la baisse, alors même que la Chine est le poids prépondérant dans les indices émergents. La hausse persistante du Dollar et les retards de vaccination incitent toutefois à rester prudents à l’égard des pays émergents. Tactiquement, nous maintenons notre neutralité sur les émergents.

Vue des actifs – l’Éclaireur de février 2022

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

Category: ÉclaireurÉclaireur Février 2022