Date de publication : 2 février 2023

Alors que le pessimisme des investisseurs était à son comble en fin d’année, et leurs allocations dès lors très prudentes, un revirement brutal s’est opéré début 2023. L’ouverture sanitaire accélérée de la Chine a fait reculer les craintes d’une récession économique mondiale, grâce à l’effet d’entraînement favorable du pays. Par ailleurs, l’hiver européen plutôt clément a aussi favorisé un fort repli des prix énergétiques, et cette moindre pression inflationniste devrait être prise en compte par les banquiers centraux dans leurs futures décisions de politique monétaire. Les investisseurs ayant des scénarios et allocations d’actifs trop prudents ont donc été amenés à reprendre des expositions sur les actions en ce début d’année. Nous restons constructifs quant aux perspectives d’investissement des États et des entreprises, d’où notre surpondération persistante sur les actions.

Alors que 2022 avait été une année catastrophique pour les actifs obligataires, la performance en ce début d’année 2023 est à l’inverse particulièrement favorable. Les statistiques se multiplient en effet à travers le monde entier montrant que l’inflation recule, qu’il s’agisse des indices de prix à la consommation, mais peut-être plus important encore ceux à la production. L’hiver clément a également facilité le repli des prix énergétiques, soulageant ménages et entreprises. Le scénario d’un pic d’inflation déjà atteint prend donc corps, laissant espérer des politiques monétaires moins agressives de la part des banquiers centraux. A noter que les levées de capitaux par les Etats atteignent des niveaux record en ce début d’année. Nous maintenons une allocation neutre sur cette classe d’actif, car privilégiant les rendements plus élevés des obligations d’entreprises.

Après une année 2022 désastreuse, les obligations d’entreprises retrouvent de l’attrait auprès des investisseurs, se traduisant par d’importants flux nets en leur faveur. Ce soudain revirement s’explique d’abord par les nombreuses statistiques laissant entendre que l’inflation a atteint son pic et qu’elle devrait décliner durant l’année, d’où l’espoir que les banquiers centraux appliquent bientôt des politiques monétaires plus neutres. Par ailleurs, la réouverture sanitaire de la Chine soutient les perspectives de croissance mondiale, d’où un moindre risque de défaut de paiement à venir des entreprises. Cet éventuel risque paraissant couvert par le rendement proposé, et en limitant le risque spécifique de telle ou telle société au travers d’ETF répliquant eux-même des indices obligataires, nous sommes surpondérés sur les obligations d’entreprises dans nos allocations d’actifs. 

2022 avait été caractérisée par une très forte fluctuation des devises, avec notamment une impressionnante appréciation du Dollar, ce dernier profitant de l’agressivité relative de la FED et de son statut de « devise refuge » lors des crises. Le contexte semble aujourd’hui moins inquiétant puisque l’inflation diminue et que la croissance économique pourrait favorablement surprendre, tirée par la réouverture sanitaire chinoise. L’Euro a tendance à s’apprécier en ce début d’année face au Dollar, et le retard de durcissement monétaire de la BCE vis-à-vis de la FED pourrait prolonger encore cette tendance. Les investisseurs s’interrogent aussi sur un possible durcissement monétaire au Japon, pouvant profiter en relatif au Yen. Les résultats des entreprises étant très sensibles au facteur d’évolution des devises, il conviendra d’y être très attentif dans les allocations d’actifs.

Du fait de la guerre en Ukraine, les matières premières ont été une des rares classes d’actifs gagnantes en 2022. Ce début d’année est caractérisé par une performance plus mitigée, avec beaucoup de versatilité des cours de l’énergie. La réouverture sanitaire de la Chine devrait stimuler les prix des métaux industriels et ceux de l’énergie, bien qu’il soit difficile de savoir ce qu’est l’état exact des stocks du pays, l’économie chinoise ayant tourné au ralenti en 2022. Le second facteur important est le recul du Dollar, puisque cela redonne du pouvoir d’achat à de nombreux pays qui en avaient perdu l’an dernier avec le recul relatif de leur monnaie. Les métaux précieux profitent à l’évidence de l’actuel recul du Dollar. Il nous semble qu’un cycle de long terme favorable aux matières premières soit amorcé, c’est pourquoi nous maintenons notre surpondération sur cet actif.

Après une année 2022 catastrophique, le début d’année 2023 est caractérisé par un vif intérêt des investisseurs pour les actifs émergents. Ce mouvement s’explique par la brusque décision de la Chine d’opérer la réouverture sanitaire du pays et, dans la mesure où le pays est un poids lourd dans les indices émergents, les flux de capitaux internationaux se portent de nouveau vers les actions et obligations de la zone. Par ailleurs, le fort repli du billet vert soulage beaucoup d’entreprises et de pays émergents, car atténuant la charge des dettes à rembourser libellées en Dollar. L’impact de la réouverture de la Chine sur la croissance économique mondiale, mais aussi sur l’inflation au travers des prix des matières premières, nous paraissant encore incertains à ce stade, il nous semble préférable de rester neutre à leur égard et d’y exposer au travers des pays occidentaux partenaires.

Vue des actifs – l’Eclaireur de février 2023

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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