Date de publication : 2 février 2024

En janvier, les investisseurs ont marqué une pause après l’envol boursier des deux derniers mois de l’année 2023. L’anticipation du début des baisses de taux directeurs par les Banques centrales est rendue complexe par des statistiques contradictoires : d’un côté une activité économique résiliente incitant à la patience, et de l’autre le recul persistant de l’inflation incitant en revanche à agir. Les actions ont finalement repris leur dynamique haussière, grâce à des publications trimestrielles plutôt solides. Par ailleurs, la multiplication des fusions et acquisitions en ce début d’année est le signe d’une confiance persistante des dirigeants d’entreprises dans leurs perspectives à moyen terme. Notre conviction demeure qu’un cycle de long terme d’investissement par les Etats et par les entreprises est engagé, justifiant notre surpondération persistante sur les actions.

Après leur envol fin 2023, les marchés obligataires ont marqué une pause en janvier. Si la dynamique à venir de baisse des taux directeurs n’est plus discutée, les investisseurs débattent en revanche du timing et de l’ampleur des détentes monétaires. Par des discours attentistes et “data dépendants”, les banquiers centraux cherchent à influencer les anticipations des investisseurs, pour que les hausses de taux effectuées fin 2023 produisent encore des effets ralentisseurs sur les économies. Signe de la confiance des investisseurs dans les baisses de taux : les émissions obligataires font l’objet de très larges excès de demandes (généralement au-delà de 10 fois !). Dans un contexte d’économies assez résilientes, avec alors un risque de défauts de paiements modéré, les obligations d’entreprises nous semblent toujours devoir être privilégiées par rapport aux obligations des États.

En ce début d’année, les banquiers centraux ont cherché à tempérer les anticipations (ampleur et calendrier) de baisse de taux des investisseurs. La croissance économique américaine ne cessant de surprendre favorablement, ces anticipations ont décalé vers le début d’été, d’où la pause observée sur les obligations. Pour autant, les émissions obligataires sont très largement sur-souscrites, signe d’une forme de frénésie acheteuse de la part des investisseurs, cherchant à capturer des rendements élevés avant que les baisses de taux ne les fassent rechuter. Les obligations à haut rendement (i.e. “high yield”) surperforment les obligations de bonne qualité (i.e.“investment grade”), signe additionnel de l’appétit pour le rendement des investisseurs. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, en privilégiant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables. 

En ce début d’année, les fluctuations entre devises restent très dépendantes des anticipations de baisses des taux à venir par les Banques centrales. La croissance économique américaine continuant de surprendre très favorablement, les investisseurs ont reporté de mars vers l’été leurs attentes de baisses de taux par la FED, d’où la bonne tenue du Dollar. A l’opposé, la Banque du Japon semble temporiser pour son probable durcissement monétaire à venir, d’où le repli et la volatilité observés sur le Yen. La BCE conserve pour sa part un discours attentiste en termes de politique monétaire, bien que la très faible croissance économique de la zone puisse en théorie justifier une détente rapide de ses taux directeurs. Pour les résultats des entreprises et les allocations d’actifs, il convient de rester vigilant quant aux impacts des devises, car affectant fortement les performances finales.

En ce début d’année, l’indice composite des matières premières retrouve une tendance haussière. Le harcèlement par les Houtis à l’encontre des navires voulant passer par le canal de Suez a fait remonter les prix du pétrole et, plus généralement, les prix de l’énergie. Les denrées alimentaires ont elles aussi vu leurs prix progresser, notamment du fait du phénomène climatique “El Niño”, perturbant les récoltes en Asie et en Amérique. Les investisseurs restant dubitatifs quant à la croissance chinoise, les métaux industriels voient leurs prix stagner. Le rebond du Dollar a pour sa part provoqué quelques prises de bénéfices sur les métaux précieux, ces derniers évoluant souvent en sens opposé de celui du billet vert. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraissant être engagé, c’est pourquoi nous maintenons notre surpondération sur cet actif.

En ce début d’année, les actifs émergents continuent de sous-performer leurs homologues des pays développés. Le poids de la Chine continue de peser sur les actions des pays émergents, cette dernière ne parvenant pas à restaurer la confiance des investisseurs, alors même que la valorisation des actions chinoises affiche une très forte décote. L’incertitude persistante quant à la solvabilité de certains pays émergents incite à privilégier les dettes des pays développés, d’autant que ces derniers vont bénéficier des baisses de taux directeurs à venir. Par ailleurs, le renforcement du Dollar est une mauvaise nouvelle pour les actifs des pays émergents car le coût de leur endettement reste sensible à la valeur relative du Dollar. Nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition indirecte aux pays émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux.

Vue des actifs – l’Éclaireur de février 2024

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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