2020 aura été une année paradoxale pour les actions, puisque finalement plutôt très favorable à la classe d’actifs, et cela en dépit de l’effondrement des économies réelles. L’Europe est restée en retrait de cette hausse, l’appréciation relative de l’Euro et d’importants biais sectoriels (banques, tourisme, aéronautique, automobile…) ayant spécifiquement pénalisé la zone. Il est possible qu’un certain rattrapage profite à la zone en début d’année, d’autant que l’accord finalement trouvé quant au Brexit en atténue les impacts néfastes. De très importants soutiens budgétaires et monétaires étant assurés en 2021 et en 2022, et le rebond économique étant inévitable en 2021, les investisseurs devraient continuer d’allouer une partie de la colossale épargne constituée en 2020 vers les actifs cycliques, autrement dit les actions ! Nous restons surpondérés sur les actions.
Les obligations souveraines ont, sans surprise, bénéficié de la crise sanitaire exceptionnelle de 2020, affichant de nouveaux rendements historiquement bas. Les États et les Banques centrales n’ont eu d’autre choix que d’injecter massivement des capitaux pour compenser les conséquences économiques des confinements. Ces soutiens financiers étant voués à être effectués « quoi qu’il en coûte », les actifs cycliques ou réputés « risqués » ont retrouvé de l’attrait aux dépens des obligations d’État. L’incertitude quant aux vaccins a finalement été levée en novembre. Les Banques centrales s’étant engagées à rester accommodantes durant au moins 2 années, le risque de baisse des obligations souveraines est modéré. Toutefois, la faiblesse des rendements et la dynamique de reprise économique nous incitent à maintenir notre vue à sous-pondérer sur les obligations d’État.
À l’instar des obligations souveraines, les obligations d’entreprises ont fortement profité des soutiens déjà engagés et des promesses de soutiens futurs par les États et les Banques centrales. S’il n’est pas surprenant que les obligations d’entreprises solides (i.e. l’Investment Grade) aient profité des reports de capitaux des obligations d’État, il est en revanche étonnant que les obligations d’entreprises fragiles (i.e. le High Yield) affichent elles aussi des rendements historiquement bas. En effet, même si les défauts de paiement ou faillites ne se sont pas forcément manifestés en 2020 grâce aux soutiens des États, bien des entreprises pourraient rencontrer des difficultés lors de leurs refinancements à venir. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises solides et demeurons provisoirement à l’écart des sociétés fragiles en attendant de retrouver plus de visibilité.
L’une des caractéristiques de 2020 a été l’importante volatilité observée sur les devises. Bien que le monde entier ait été confronté à la pandémie, tous les pays n’ont pas été affectés simultanément ou dans la même ampleur. Les soutiens financiers des États et des Banques centrales ont varié, accentuant la volatilité de certaines parités de devises. La plupart des pays émergents ont vu leurs devises baisser, pour certains même au-delà de 20% ! Après une phase d’appréciation fugitive, le Dollar a été délaissé au profit des autres grandes devises. L’Euro a particulièrement profité de ces reports, notamment depuis que la zone a officialisé la solidarité budgétaire entre pays. Les redémarrages économiques n’étant pas synchronisés en 2021, les devises seront encore un sujet d’attention pour les investisseurs, ce facteur affectant beaucoup les performances des actifs.
Le coronavirus a, sans surprise, provoqué un choc très brutal sur les matières premières mais, en fin de compte, seules les thématiques énergétiques ont baissé en 2020. Les métaux industriels ont profité de la rapide reprise chinoise et de stocks limités, les usines ayant été vite mises en sommeil. Pour des raisons techniques, cette stratégie n’est pas applicable dans le cas de l’exploitation pétrolière, d’où la constitution d’importants stocks pétroliers que l’OPEP et ses alliés cherchent encore à résorber. Les denrées agricoles ont bénéficié des dérèglements climatiques liés au phénomène météorologique dit de la « Niña ». L’or et les métaux précieux, perçus comme des actifs refuges, ont affiché de bonnes performances en 2020. L’ampleur des soutiens budgétaires et monétaires dans le monde justifient, selon nous, de rester surpondérés sur les matières premières.
L’un des principaux paradoxes de l’année 2020 a été la bonne performance relative des marchés émergents. Ceci s’explique par le fait que l’industrie a été moins pénalisée que les services durant cette pandémie, limitant le choc économique pour ces pays. Par ailleurs, la Chine a très vite repris son activité, entraînant de nombreux pays émergents dans son sillage. Aujourd’hui, les 2⁄3 de l’indice des actions émergentes est composé de la Chine et de l’Asie du sud-est, expliquant l’apparente résistance des émergents. En réalité, si on regarde dans le détail leurs performances, la dispersion est très importante, et les impacts négatifs des devises sont souvent très forts. En 2021, la croissance des pays émergents n’ayant pas vocation à dépasser significativement celle des pays développés, nous préférons rester seulement neutre sur les émergents et leur préférer les pays développés.