Date de publication : 4 janvier 2022

En décembre, les marchés d’actions ont repris leurs progressions haussières, phénomène assez courant en fin d’année. La plupart des grands indices ont affiché de nouveaux records historiques, et cela en dépit de la reprise de l’épidémie due au variant Omicron de la COVID. Les Banques centrales, par des discours un peu plus affirmés à l’encontre de l’inflation, ont plutôt rassuré les investisseurs quant à leur vigilance sur ce sujet sensible. Les fusions et acquisitions sont restées très intenses pour un mois de décembre, ce qui est le signe d’une confiance des dirigeants d’entreprises dans les perspectives à venir. Pour néanmoins tempérer un peu ces vues favorables, la hausse s’est effectuée avec de très faibles volumes, du fait des congés de fin d’année. Le contexte économique et financier nous semble justifier de rester encore surpondérés sur les actions. 

En décembre, les rendements des obligations souveraines se sont légèrement tendus, après que les Banques centrales aient tenu des discours plus fermes à l’encontre de l’inflation. Cette vigilance, ostensiblement affichée, vise en réalité à éviter de laisser les anticipations d’inflation future s’envoler, afin de prévenir une éventuelle spirale entre prix et salaires. Les Banques centrales cherchent donc à ce que leurs discours se substituent en partie à leurs actes, afin de ne pas avoir à remonter trop fortement leurs taux d’intérêts, ce qui serait très nuisible pour nos économies très endettées. Les achats d’actifs obligataires par les Banques centrales diminueront en 2022, mais les États émettront dans le même temps moins de nouvelles obligations. Faute de rendements satisfaisants, nous maintenons notre sous-pondération sur les obligations souveraines. 

En dépit de la légère tension des rendements souverains, les obligations d’entreprises ont progressé en décembre. Les dernières réunions de l’année des principales Banques centrales ont été l’occasion d’afficher une plus grande fermeté à l’encontre de l’inflation, attitude qui a plutôt rassuré les investisseurs. En effet, l’inquiétude des investisseurs est qu’une spirale entre prix et salaires puisse s’installer et, en marquant leur vigilance, les Banques centrales cherchent à limiter les revendications salariales en atténuant les anticipations d’inflation future. Bien que les rendements des obligations restent très faibles, nous préférons rester plutôt concentrés sur les obligations d’entreprises solides (i.e. « Investment Grade ») plutôt que sur les obligations d’entreprises fragiles (i.e. « High Yield »), susceptibles de faire défaut sur certains remboursements, voire de faire faillite. 

Les réunions des Banques centrales en décembre, mais aussi l’inquiétude quant aux conséquences du variant Omicron de la COVID, ont provoqué une nouvelle vague de nervosité sur les parités entre grandes devises, pour toutefois s’estomper en toute fin d’année. Le Dollar aura été le grand gagnant de l’année 2021, après une année 2020 plus mitigée. En décembre, la livre turque a très violemment décroché, les investisseurs se méfiant d’un pays où l’inflation est déjà très forte et où la Banque centrale accentue pourtant son caractère accommodant sous la pression du gouvernement. Plus généralement, les devises émergentes auront été mal orientées en 2021, compliquant le financement de ces pays. Une certaine désynchronisation des politiques monétaires à venir incite à être très vigilant sur les effets des devises sur les performances des investissements en 2022.

En décembre, le pétrole et les matières premières énergétiques ont été très agités par des facteurs aux impacts très variés : la météo, le variant Omicron de la COVID, des tensions géopolitiques entre la Russie et l’Ukraine, et l’OPEP. En fin de compte, la hausse l’a emporté. En dépit du pic d’activité de fin d’année et du ralentissement économique chinois, les métaux industriels ont vu leurs cours progresser de nouveau en décembre. La hausse persistante des prix des denrées alimentaires est un sujet d’inquiétude important pour les pays émergents, car pouvant déboucher sur des tensions sociales. Les métaux précieux restent plutôt délaissés, les investisseurs privilégiant les actifs réputés risqués actuellement. Nous restons surpondérés sur les matières premières pour accompagner le cycle économique en cours, mais aussi pour la protection qu’elles apportent face à l’inflation.

En décembre, les actifs des pays émergents se sont un peu redressés, mais ils auront affiché une très mauvaise année relative face aux actifs des pays développés. La reprise en main très forte de son économie par le pouvoir central chinois aura beaucoup affecté les performances des actifs émergents du fait du poids du pays dans les divers indices émergents, et ce sera probablement un facteur déterminant en 2022. Par ailleurs, beaucoup de pays émergents ont été contraints de durcir leurs politiques monétaires afin de lutter contre l’inflation et limiter l’affaiblissement relatif de leurs devises, ce qui a affecté la performance des actions et obligations émergentes. Enfin, la situation sanitaire incite à privilégier en priorité les actifs des zones étant les mieux vaccinées, autrement dit les pays développés. Tactiquement, nous maintenons notre neutralité sur les émergents. 

Vue des actifs – l’Éclaireur de janvier 2022

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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