Date de publication : 1 juillet 2019

Loupe sur graphique

Après leur soudain décrochage en mai, les indices d’actions ont, pour la plupart, effacé en juin leurs pertes du mois précédent. Ce rebond s’explique, une fois encore, par les discours accommodants des banquiers centraux : la FED envisagerait d’agir en préventif, alors que la BCE interviendrait au moindre signe de dégradation de la conjoncture. Le sommet du G20 au Japon, fin juin, restera au cœur des préoccupations des investisseurs, puisque ce sera l’occasion pour Trump et Xi Jinping de chercher à aplanir les nombreux différends entre les deux pays. Les résultats trimestriels seront particulièrement scrutés en juillet, les dirigeants d’entreprises s’exprimant sur leur perception de l’environnement à venir. L’actuel contexte politique et économique complexe nous conforte dans le principe de précaution : nous maintenons notre sous-pondération sur les actions. 

Les discours des banques centrales ne cessant de devenir plus accommodants au fur et à mesure que l’année s’écoule, les obligations souveraines bénéficient de flux acheteurs récurrents. Ces achats de « précaution » sont notamment motivés par la dégradation de l’activité industrielle dans le monde et par des surcapacités de production grossissantes, ce qui augure mal d’une reprise imminente de l’investissement. Par ailleurs, en dépit de l’intensification des tensions commerciales internationales ou d’un pétrole de nouveau plus cher du fait des troubles entre les États-Unis et l’Iran, les anticipations d’inflation future baissent beaucoup, ce qui laisse à penser que les banques centrales ne changeront pas rapidement leurs discours. L’actuelle faiblesse des rendements obligataires nous conforte néanmoins dans notre neutralité persistante à l’égard des obligations souveraines. 

Les discours très accommodants des banques centrales profitent à l’ensemble des marchés obligataires, notamment aux obligations d’entreprises. L’extrême faiblesse des rendements souverains (souvent nuls, comme c’est par exemple désormais le cas pour l’OAT à 10 ans française), incite en effet les investisseurs à rechercher du rendement en s’exposant aux obligations d’entreprises qui, elles, permettent encore de faire fructifier le capital au travers de coupons. Les facilités d’accès au crédit accordées par les banques centrales permettent de plus aux entreprises de se financer à des conditions historiquement favorables, pour peu que leurs perspectives d’activité restent convenables. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, avec toutefois une vigilance accrue quant aux obligations à haut rendement (« High Yield »). 

En juin, les taux de changes entre les principales devises dans le monde ont été sensibles aux multiples discours des banquiers centraux. Les marges de manœuvre de la FED étant plus importantes que celles de ses homologues, le Dollar s’est en fin de compte un peu affaibli en relatif à la suite de ces annonces. À noter que D. Trump devient de plus en plus insistant quant à la « manipulation » des monnaies par beaucoup de pays étrangers, ce qui pourrait préfigurer de plus de volatilité à venir sur les devises. Ce facteur doit être scruté avec vigilance car les performances de la plupart des actifs financiers sont très sensibles aux variations de taux de changes, comme l’ont expérimenté à leurs dépens les marchés émergents en 2018. La Livre Sterling a, pour sa part, fortement baissé en juin du fait de la probable accession de B. Johnson au poste de 1er Ministre au Royaume-Uni.

En juin, la crispation des relations entre l’Iran et les États-Unis a provoqué un rebond de +10% des prix du pétrole, et cela alors même que les prévisions de consommation pétrolière sont plutôt abaissées. Les flux de nouvelles quant au bras de fer commercial entre la Chine et les États-Unis continuent d’insuffler alternativement le chaud et le froid aux prix des métaux industriels. L’or (+7.7% en juin) a profité pour sa part de la très forte baisse des rendements obligataires, du recul du Dollar durant le mois et, plus généralement du climat d’incertitude qui règne, son statut de « valeur refuge » s’activant à nouveau. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie selon nous d’une surpondération tactique, notamment parce que c’est une source de diversification intéressante pour la construction d’un portefeuille diversifié. 

L’ensemble des actifs émergents a profité en juin du discours accommodant de la FED. En effet, cela soutient les obligations émergentes car elles proposent un rendement que ne peuvent plus offrir les obligations souveraines des pays développés. De plus, le recul du Dollar allège la charge de la dette des pays émergents ou de leurs entreprises lorsque ceux-ci ont contracté une dette libellée en Dollar, ce qui est souvent le cas. L’accès au crédit étant moins coûteux, le risque de dégradation du cycle économique ou financier s’atténue par ailleurs, ce qui profite par ailleurs aux actions émergentes. Nous maintenons néanmoins notre sous-pondération à l’égard des actifs émergents car l’issue finale des tensions commerciales ou géopolitiques internationales reste très incertaine, et que la liquidité boursière de ces actifs est parfois déficiente.

Vue des actifs – l’Éclaireur de juillet 2019

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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