Date de publication : 1 juillet 2020

Les statistiques économiques ont beau signaler la pire des récessions mondiales depuis un siècle, les marchés d’actions poursuivent leurs rebonds entamés au mois de mars. Ceci s’explique principalement par l’ampleur des soutiens budgétaires et monétaires engagés par les autorités. Les déconfinements à travers le monde ont, de plus, incité les investisseurs à diversifier progressivement leurs allocations d’actions des seuls secteurs défensifs vers des sociétés plus cycliques ou très décotées. Les valeurs défensives ne baissant pas pour autant, cela semble signaler un renforcement de l’exposition aux actions plutôt qu’une simple rotation sectorielle. En juillet et août, les publications de résultats trimestriels seront particulièrement scrutées, les effets du coronavirus étant désormais mieux perçus par les entreprises. Nous conservons notre exposition neutre sur les actions.

En dépit de l’appétit persistant des investisseurs pour les actifs financiers réputés risqués (actions, matières premières…), les obligations souveraines ont vu leurs rendements stagner durant le mois de juin. L’omniprésence des banques centrales sur les marchés financiers parvient donc à convaincre les investisseurs que, malgré des rendements très faibles, il peut rester opportun en termes de diversification d’actifs de conserver des expositions aux obligations souveraines. À noter qu’en Europe, le projet insufflé par la France et l’Allemagne d’établir un véritable budget solidaire de 750 Mds € au sein de l’Union Européenne, a encouragé les investisseurs à se porter plus significativement sur les dettes des pays dit périphériques, le risque d’éclatement de la zone s’estompant. Nous maintenons notre vue à sous – pondéré sur les obligations d’États.

En juin, les rendements des obligations d’entreprises se sont encore détendus, les soutiens des banques centrales profitant particulièrement à cette classe d’actifs. En effet, les programmes d’achats de plusieurs banques centrales intègrent désormais les obligations d’entreprises, soit directement, soit au travers d’ETF afin d’éviter de privilégier certaines entreprises. Faute de rendement attrayant sur les obligations souveraines, les investisseurs se portent en priorité sur les obligations des entreprises solides (i.e. obligations notées Investment Grade). Malgré le risque de voir des défauts de paiement ou des faillites se produire, les obligations de sociétés fragiles (i.e. le High Yield) profitent aussi de ce bouclier monétaire. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises solides et demeurons provisoirement à l’écart du High Yield en attendant de retrouver plus de visibilité.

Après une importante volatilité due au coronavirus, les fluctuations entre devises semblent s’apaiser progressivement. En tant que monnaie réputé refuge, le Dollar avait été particulièrement recherché par les investisseurs du monde entier. À l’inverse, les devises des pays émergents ont reculé encore en moyenne de -11,6% depuis le début d’année. Pris entre ces deux tendances, l’Euro bénéficie pour sa part d’une dynamique favorable depuis la mi mai. En effet, le plan conjoint franco-allemand visant à faire adopter par l’Union Européenne une forme de mutualisation des dettes atténue le risque d’éclatement de la zone après le Brexit. Il conviendra de surveiller cette dynamique car elle pourrait peser sur la compétitivité des entreprises européennes. L’élection présidentielle américaine restera un point fort quant à l’évolution des parités entre devises jusqu’à la fin d’année.

Le déconfinement progressif des économies mondiales profite à la plupart des matières premières, mais plus particulièrement au pétrole. Celui-ci profite en effet simultanément d’une reprise de la consommation énergétique dans le monde et d’une production plus limitée (cf. auto-limitation par l’OPEP et des fermetures d’exploitations dans de nombreux pays), les excédents de production se résorbant alors graduellement. Les métaux industriels poursuivent leur rebond, tout comme les prix des denrées alimentaires. Après une pause due au regain d’appétit pour le risque des investisseurs, l’or tend de nouveau vers son record historique (1900,2$ en septembre 2011). Nous maintenons notre surpondération sur les matières premières car le cycle économique sera tiré par les soutiens des États et des Banques centrales, et nous gardons l’or pour son caractère diversifiant et refuge.

Comme dans le reste du monde, le processus de déconfinement profite évidemment aux actifs financiers des pays émergents, ces derniers étant très dépendants du commerce international. Toutefois, plusieurs pays émergents voyant leur situation sanitaire plutôt se détériorer, notamment en Amérique du Sud ou en Inde, leur rebond boursier est souvent moins important que dans les pays développés, et il n’est généralement pas conforté par des flux de souscriptions nettes. Ces incertitudes pèsent notamment sur leurs devises, compliquant d’autant leur capacité à lever des capitaux pour activer les soutiens budgétaires permettant d’atténuer les effets économiques du coronavirus. Malgré des valorisations très faibles, le manque de visibilité quant aux émergents nous incite à sous-pondérer ces zones dans nos allocations.

Vue des actifs – l’Éclaireur de juillet 2020

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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