En juin, les marchés d’actions ont continué de progresser, en dépit des discours parfois contradictoires entre les différents membres de la Banque centrale américaine quant à l’urgence ou non de modifier la politique monétaire du pays. Le mois a surtout été caractérisé par une rotation des styles de gestion : les valeurs cycliques ont fait l’objet de prises de bénéfices alors que les valeurs de croissance ont repris une tendance haussière. À l’approche des publications de résultats trimestriels, et alors que les entreprises industrielles ont souvent des difficultés d’approvisionnements ou de main d’œuvre, cette rotation se justifie pleinement. En dehors des publications, qui conforteront ou non certains investisseurs dans leurs allocations, la réunion des banquiers centraux fin août, à Jackson Hole, sera l’événement principal de l’été. Nous restons surpondérés sur les actions.
En début d’année, les rendements des obligations souveraines se sont fortement tendus, par anticipation d’une accélération de l’inflation. Paradoxalement, c’est lorsque le pic d’inflation est atteint que les rendements obligataires se détendent. Les banquiers centraux tiennent consensuellement un discours comme quoi les composantes de cette inflation sont transitoires et non pas durables, et il est difficile de s’opposer à eux, au vu de leur poids sur les marchés. La détente obligataire récente laisse entendre que les investisseurs accordent du crédit à cette hypothèse, ou bien qu’ils préfèrent prendre des bénéfices sur les actions durant l’été et réallouer temporairement ces capitaux sur les obligations. La réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, fin août, sera probablement l’événement boursier de l’été. Nous maintenons notre vue à sous-pondérer sur les obligations d’État.
Les rendements des obligations d’entreprises restent sous l’influence déterminante des obligations souveraines. Les discours un peu plus confus des gouverneurs de la Banque centrale américaine, quant à la nécessité de réduire ou de mettre fin à l’actuelle politique monétaire accommodante, ont provoqué de la nervosité sur les marchés obligataires. Malgré ces tergiversations, les obligations ont vu leurs rendements se détendre en juin. Les investisseurs attendent avec impatience le symposium des banquiers centraux se tenant fin août à Jackson Hole. La reprise à venir nous paraissant solide, malgré de nombreux goulets d’étranglement ou manque de main d’œuvre, nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, mais restons à l’écart du « High Yield », les défauts de paiements ou faillites ne pouvant être exclus dans la phase de réouverture des économies.
Depuis le début d’année, les devises évoluent de façon très dispersée. La réouverture des économies conforte les investisseurs dans l’hypothèse qu’un nouveau cycle de croissance démarre. Parmi les grandes devises, celles réputées être plutôt des refuges, tels le Yen japonais ou le Franc suisse, ont tendance à décliner en relatif. En revanche, parce que leurs économies ont repris à un rythme très soutenu, le Yuan chinois et le Dollar américain ont tendance à s’apprécier. Malgré l’ampleur de la reprise européenne, l’Euro recule un peu face au Dollar, notamment parce que les politiques monétaires transatlantiques pourraient être temporairement désynchronisées, la FED devant durcir sa politique monétaire avant la BCE. Nous conservons une vue prudente à l’égard du Dollar du fait de l’ampleur des levées de capitaux à venir aux États-Unis afin de financer la relance nationale.
Le mois de juin a été caractérisé par des prises de bénéfices sur les matières premières. La Chine, premier acheteur mondial de la plupart des matières premières, a décidé de contrecarrer la spéculation en menaçant de céder une partie de ses réserves stratégiques. Les investisseurs ont d’abord plié devant cette intimidation, d’où le repli des métaux industriels notamment. Mais cette tactique chinoise est aussi l’aveu que la situation lui échappe, et les statistiques d’inflation continuant de se tendre, les achats de matières premières ont repris. L’OPEP soutient les prix pétroliers grâce au respect des quotas décidés, aidée en cela par le fait que l’Iran reste exclu du commerce pétrolier. L’or et les métaux précieux ont reperdu leurs gains du mois de mai. Nous restons surpondérés sur les matières premières afin d’accompagner la dynamique du cycle économique en cours.
Les actifs émergents sous-performent ceux des pays développés en 2021. Le difficile accès au vaccin pour beaucoup de pays explique en grande partie ce retard, et il semble difficile de résoudre cette difficulté avant plusieurs mois encore. Par ailleurs, la Chine cherchant à rétablir certains équilibres domestiques (dette, gouvernance des grandes entreprises technologiques…), cela pèse sur les indices d’actions émergents du fait du poids du pays (36% du MSCI émergents). De plus, le Dollar progresse face à la plupart des devises émergentes cette année, renchérissant la charge de la dette de ces pays et de leurs entreprises, d’où la prudence des investisseurs internationaux à l’égard de ces dettes. Tactiquement, nous maintenons néanmoins notre surpondération sur les émergents dans nos allocations d’actifs, dans la perspective d’un progressif retour à meilleure fortune.