Les élections européennes ne devaient être qu’une formalité, mais la dissolution parlementaire surprise en France a pris de court les investisseurs. Les actions européennes, et plus particulièrement les actions françaises, ont fait l’objet de prises de bénéfices en urgence pour acter l’incertitude que cela représente pour la zone. Les actions américaines ont été les bénéficiaires de ces flux sortants d’Europe. La contrepartie favorable de cet événement aura été une forte détente des obligations allemandes, et une plus forte probabilité de voir la politique monétaire de la BCE être accommodante. Enfin, l’Euro a reculé suite à cet événement, améliorant la compétitivité des entreprises de la zone. Notre conviction demeure qu’un cycle de long terme d’investissement par les États et par les entreprises est engagé, justifiant notre surpondération persistante sur les actions.
En juin, la dissolution surprise française a provoqué un habituel réflexe de report prudentiel des investisseurs vers les obligations, qu’il s’agisse de celles de États ou des entreprises, à l’exception notable des obligations françaises. Pour autant, ces dernières n’ont pas vu leurs rendements se tendre car ce sont les obligations des autres pays ou zones qui en ont été les bénéficiaires. A ce stade, la charge de la dette de l’État ou celle des entreprises françaises ne sont donc pas altérées par cet événement, mais il convient de rester attentif aux réactions additionnelles une fois le nouvel équilibre parlementaire et gouvernemental trouvé. La BCE pourrait être contrainte d’adopter à contrecœur une politique plus accommodante que souhaitée jusqu’alors. A ce stade, les obligations d’entreprises nous semblent toujours devoir être privilégiées par rapport aux obligations des États.
La dissolution surprise de l’Assemblée nationale française n’y a rien changé, les investisseurs continuent de privilégier les obligations des entreprises plutôt que celles des États. Il est en effet difficile de chiffrer à ce stade les potentiels impacts sur la croissance économique européenne des événements en cours, et il n’est pas certain que la solvabilité des émetteurs d’obligations de bonne qualité soit affectée par cet événement. Paradoxalement, ce sont même plutôt les dettes des grandes sociétés qui pourraient être une fois encore recherchées, leur activité étant très internationalisée et modérément sensible à la situation spécifique française. Le surcroît de rendement servi par les entreprises par rapport aux États nou semble toujours justifier notre surpondération sur les obligations d’entreprises, privilégiant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables.
La dissolution surprise en France a créé une soudaine incertitude sur les perspectives de la France et, par extension, celle de ses partenaires européens. Ceci s’est traduit par une dépréciation de l’Euro face aux grandes devises internationales, à commencer bien entendu par le Dollar. Ce mouvement relatif se justifiait d’autant plus que la BCE a entamé un cycle de baisse des taux directeurs alors que la FED temporise encore. Le Yen japonais poursuit son repli, la Banque du Japon ne parvenant pas à convaincre les investisseurs quant à sa volonté de voir désormais le Yen se stabiliser ou se redresser. Le Yuan chinois se déprécie lui aussi régulièrement, et il faut probablement y voir la volonté délibérée de l’Etat chinois de compenser par les exportations l’atonie de l’activité domestique. Il convient d’être très attentif aux impacts des devises sur les performances des actifs et de l’épargne.
La performance des matières premières reste bien orientée en ce 1er semestre de 2024, mais le rebond du Dollar face aux grandes devises en juin (cf. dissolution française) a plutôt pesé sur leurs prix. La volatilité sur le pétrole reste forte, notamment du fait de dissensions entre membres de l’OPEP quant aux quotas à appliquer. Les croissances économiques américaines et chinoises étant un peu moins dynamiques, cela pèse probablement sur le prix des métaux industriels. L’or et les métaux précieux n’ont pas particulièrement profité de l’incertitude suscitée par la politique en France : c’est plutôt le Dollar qui en a été le bénéficiaire. Les prix des denrées agricoles commencent à s’apaiser après un début d’année particulièrement favorable. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraît être engagé : nous maintenons notre surpondération sur cet actif.
En juin, les actifs des zones émergentes ont progressé, à l’exception notable de leurs devises face au Dollar. Ce mouvement sur les devises s’explique par la dissolution surprise française ayant provoqué un report vers les actifs américains, engendrant mécaniquement des achats de Dollar pour ce faire. La décision française ayant à ce stade très peu de conséquence sur la croissance économique, et notamment celle des pays émergents, les investisseurs n’avaient pas de raisons particulières de craindre pour la tenue des actions ou obligations de ces zones, leurs rentabilités et solvabilités ne devant pas en être affectées. La baisse à venir des taux par la FED pourrait améliorer le futur momentum des émergents. A ce stade, nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition plutôt indirecte aux pays émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux.