En dépit de statistiques économiques mondiales catastrophiques, les marchés d’actions restent portés par les colossales injections de capitaux des États et des Banques centrales. De plus, quelques espoirs quant à d’éventuels traitements afin de lutter contre le coronavirus, et plus encore le déconfinement de la plupart des pays, donnent actuellement une dynamique plus positive aux marchés. Enfin, les allocations d’actifs de la plupart des investisseurs sont souvent trop défensives : il est alors stressant pour eux de ne pas profiter suffisamment de la hausse après avoir subi la baisse, ce qui explique certains flux acheteurs. Ces achats restent toutefois plutôt concentrés sur les thématiques offrant beaucoup de visibilité, témoignant des doutes persistants quant au rebond économique à venir. Nous conservons notre exposition neutre sur les actions.
En mai, le progressif regain d’appétit pour le risque des investisseurs s’est confirmé, les actions et matières premières poursuivant par exemple leur rebond. C’est pourquoi, en dépit de l’assurance offerte par les Banques centrales de financer les obligations émises par les États, ces dernières ont vu leurs rendements se tendre un peu, le besoin des investisseurs pour de la protection financière diminuant graduellement. De plus, certaines Banques centrales se portant désormais aussi acquéresses d’obligations d’entreprises, les investisseurs y voient le signe que les obligations d’entreprises, dont les rendements sont plus élevés que ceux des États, offrent un rendement-risque plus attrayant. Des arbitrages entre catégories d’obligations sont donc probablement à l’œuvre dans les allocations d’actifs des investisseurs. Nous maintenons notre vue à sous-pondéré sur les obligations d’États.
En mai, les rendements des obligations d’entreprises se sont fortement détendus, certaines Banques centrales ayant décidé de se porter acquéreur de ce type d’émetteurs dans le cadre de leurs quantitative easings. En dépit des importants risques de défauts de paiements existant sur les obligations High Yield (12% à 18% selon les scénarios élaborés par l’agence de notation Moody’s), celles-ci ont beaucoup profité de cette tendance boursière favorable. Les levées de capitaux se multiplient actuellement, signe que les entreprises cherchent à sécuriser leurs trésoreries, mais aussi que les investisseurs ont de l’appétit pour ces obligations. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises solides car elles sortiront renforcées de cette crise, mais nous restons provisoirement à l’écart du High Yield en attendant de retrouver plus de visibilité.
En mai, les devises réputées refuge (Dollar, Franc suisse, Yen) ont un peu reculé, l’appétit pour le risque des investisseurs progressant. L’Euro s’est apprécié en relatif suite au plan franco-allemand d’émettre 500 Mds € d’obligations à l’échelle européenne. Si ce projet devait effectivement aboutir, ce serait un très fort signal de solidarité entre pays membres, et une avancée majeure vers un plus grand fédéralisme européen. La question du Brexit devrait revenir en juin puisque le Royaume-Uni doit décider avant la fin du mois de la prolongation ou non du calendrier de discussions avec l’Union Européenne. Le regain de tensions entre la Chine et les Etats-Unis doit être surveillé de près, la Chine pouvant être tentée de laisser chuter le Yuan pour gagner en compétitivité. La volatilité sur les devises doit être examinée de près du fait des très forts impacts sur les performances des actifs.
Après un mois d’avril historique pour le pétrole américain, ce dernier ayant fugitivement affiché des prix négatifs faute d’espaces de stockage pour une production alors bien trop excédentaire, s’en est suivi un rebond spectaculaire de +88% en mai ! Le déconfinement graduel des économies dans le monde a profité aux prix des métaux industriels, leur consommation par les diverses industries se normalisant progressivement. La reprise du commerce international a contribué à la légère hausse des prix sur les denrées agricoles. Après une forte progression due à des stratégies d’achat d’actifs de protection, les métaux précieux voient leurs cours se stabiliser un peu en mai. Nous maintenons notre surpondération sur les matières premières car le cycle économique sera tiré par les soutiens des États et des Banques centrales, et nous gardons l’or pour son caractère refuge.
En dépit du déconfinement progressif des pays dans le monde, la reprise du commerce international est graduelle, c’est pourquoi les actions des pays émergents restent en fort recul sur l’année. De plus, la capacité de ces pays à lever des capitaux pour limiter leur ralentissement économique est nettement moindre que celle des pays développés, c’est pourquoi leur reprise économique pourrait être décevante ou lente. Le retour de l’appétit pour le risque des investisseurs les incite à privilégier les obligations des zones émergentes, celles-ci étant désormais proches de l’équilibre. En mai, la bonne nouvelle pour ces pays est le rebond de leurs devises face au Dollar, le coût de l’endettement s’allégeant lorsque l’emprunt est contracté en Dollar. Malgré des valorisations très faibles, le manque de visibilité quant aux émergents nous incite à sous-pondérer ces zones dans nos allocations.