En mai, les marchés d’actions ont de nouveau atteint les plus hauts de l’année, voire pour certains indices des plus hauts historiques. Les publications de résultats des entreprises ont confirmé leur capacité à préserver des marges bénéficiaires élevées, malgré un tassement désormais plus fréquent des chiffres d’affaires. La FED ayant probablement achevé ses hausses de taux directeurs, les actions américaines ont retrouvé une dynamique haussière, notamment les leaders de la technologie. Les investisseurs étant toujours très prudents du fait des incertitudes persistantes (dette, banques, géopolitique…), leur positionnement reste probablement trop défensif, d’où la difficulté des marchés à baisser. Notre conviction que les investissements des États et des entreprises seront soutenus à l’avenir justifie notre maintien d’une surpondération sur les actions.
Depuis le début d’année, la performance des obligations est instable, et leur volatilité est paradoxalement plus forte que celle des actions. La FED ayant probablement achevé son cycle de relèvement de taux, c’est plutôt une bonne nouvelle pour l’investisseur sur les obligations. Toutefois, les difficiles négociations entre Démocrates et Républicains quant au relèvement du plafond de la dette du pays ont incité à la méfiance à l’égard des dettes de court terme américaines car un défaut, même technique ou temporaire, n’était pas impossible ! Comme toujours, le marché américain étant leader de tendance, cela se répercute sur les dettes des entreprises, mais aussi de beaucoup d’autres pays. L’inflation restant forte et le cycle économique plutôt résilient, les obligations d’entreprises nous semblent devoir être privilégiées par rapport aux obligations souveraines.
La performance des obligations d’entreprises est supérieure à celle des États en ce début d’année, et ceci pourrait continuer durant les prochains mois. En effet, les entreprises démontrant lors de chaque publication trimestrielle qu’elles parviennent à faire passer leurs hausses de prix, ceci est un facteur rassurant pour les investisseurs, la solvabilité de ces entreprises étant préservée. Le cycle économique se tasse, mais le risque de récession semble toujours modéré à ce stade, c’est pourquoi le risque de défauts de paiements reste contenu. La FED ayant probablement achevé son cycle de hausse de taux, les investisseurs devraient se porter plus confortablement sur les obligations, d’autant que l’inflation continue de se tasser. L’équilibre rendement-risque nous semble justifier de rester surpondérés sur les obligations d’entreprises, en privilégiant toutefois les entreprises solides.
La dynamique d’appréciation de l’Euro s’est un peu tassée en mai, mais ce mouvement pourrait être temporaire. Les investisseurs se réfugient en effet paradoxalement sur le Dollar durant l’actuelle phase de négociations pour le relèvement du plafond de la dette américaine. Ce risque semble toutefois devoir être éphémère, les 2 partis politiques ayant intérêt à finalement s’entendre. Le Yen japonais bénéficie probablement de l’actuelle recherche de devises « refuge », mais aussi des flux acheteurs internationaux pour les actions japonaises. Il sera intéressant d’observer si le repli actuel du Yuan chinois se prolonge, et si la devise redevient donc un instrument délibéré de compétitivité à l’exportation. Pour les résultats des entreprises, comme pour les allocations d’actifs, il convient de rester vigilant quant aux impacts des devises, car cela affecte fortement les performances.
La dispersion de performance entre catégories de matières premières est très forte en ce début d’année. La reprise économique chinoise décevant les attentes des investisseurs, cela pèse sur les prix des ressources énergétiques et des métaux industriels. De plus, les pays développés voient leur croissance se tasser progressivement : il n’y a donc pas d’effet de compensation sur la dynamique de demande. Les matières premières agricoles continuent de s’envoler, ce qui est inquiétant pour le pouvoir d’achat des ménages, et pourrait même encourager des révoltes sociales dans certains pays émergents. L’or et les métaux précieux sont bien orientés sur l’année, mais fléchissent un peu en mai, probablement du fait du rebond du Dollar. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraissant être engagé, c’est pourquoi nous maintenons notre surpondération sur cet actif.
La performance des actifs émergents est décevante en relatif par rapport à celle des pays développés. En début d’année, nombreux étaient les investisseurs espérant que la réouverture sanitaire chinoise permettrait de doper sa croissance, et que cela tirerait celle des autres émergents. Mais la reprise chinoise est moins forte qu’attendu, et elle bénéficie donc moins qu’espéré à ses partenaires. De plus, la croissance mondiale se tassant, les investisseurs sont réticents à s’exposer aux émergents, ces pays étant considérés comme plus cycliques et plus risqués. Enfin, le choc bancaire américain incite à la prudence quant aux pays ou entreprises à qui on accorde ses capitaux, contribuant à la contre-performance des émergents. A ce stade, nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition indirecte aux émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux.