Date de publication : 5 juin 2024

Après une pause en avril, les indices d’actions ont repris leur dynamique haussière en mai. Ces progressions s’expliquent d’abord par la bonne résistance de la croissance américaine, mais aussi par quelques surprises favorables en provenance d’Europe et de Chine : la croissance mondiale donne des signaux de re-synchronisation. Ces messages favorables sont confortés par les annonces des sociétés lors de leurs publications de résultats : même si les chiffres d’affaires patinent parfois, les marges bénéficiaires restent solides et les perspectives sont bien orientées. Les quelques prises de bénéfices ponctuelles proviennent des incertitudes récurrentes quant aux baisses de taux directeurs. Notre conviction demeure qu’un cycle de long terme d’investissement par les États et par les entreprises est engagé, justifiant notre surpondération persistante sur les actions.

En mai, la volatilité a été forte sur les marchés obligataires. En début de mois, le président de la FED a plutôt rassuré les investisseurs en excluant l’hypothèse d’une hausse des taux, mais aussi en atténuant la pression exercée par les moindres achats d’obligations américaines (i.e. le “quantitative tightening”). Le calendrier de baisse des taux directeurs dépendra des statistiques d’inflation et de l’emploi et, de ce point de vue, celles du mois de mai laissent plutôt entendre qu’il faudra encore patienter. Ces statistiques, mais aussi une plus grande difficulté rencontrée ponctuellement par le Trésor américain à placer certaines de ses obligations ont fait chuter les marchés obligataires en fin de mois. A ce stade, la croissance économique restant résiliente, les obligations d’entreprises nous semblent toujours devoir être privilégiées par rapport aux obligations des États.

Bien que le mois de mai ait de nouveau été erratique sur les marchés d’obligations, celles d’entreprises ont continué de mieux se comporter en relatif par rapport aux obligations des États. Si les marchés obligataires sont agités, c’est parce que le calendrier et l’intensité des baisses de taux à venir restent des sujets de préoccupation pour les investisseurs, et cela s’explique par la bonne tenue persistante de la croissance économique mondiale. En conséquence, le risque de défaut de paiement par les entreprises sur leurs remboursements obligataires devrait rester contenu, d’où l’intérêt que les investisseurs portent à ces actifs offrant des coupons généralement bien plus élevés que ceux des Etats. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, privilégiant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables.

La nervosité des marchés obligataires en mai, due aux incertitudes quant à l’agenda des baisses de taux directeurs américains, a eu finalement des effets assez modérés et même paradoxaux sur les devises. La FED paraissant devoir reporter ses baisses de taux alors que la BCE baissera les siens en juin, le Dollar aurait dû s’apprécier en relatif, et pourtant il a reculé durant le mois. L’influence des différentiels de taux semble donc s’estomper désormais et le Dollar est plutôt redevenu un indicateur d’appétit ou non pour le risque : son recul en mai est plutôt un signal favorable pour les actifs réputés risqués. Le mois de mai a aussi été caractérisé par plusieurs interventions des autorités japonaises pour soutenir le Yen, dont la faiblesse persistante est désormais jugée contre-productive pour le pays. Il convient d’être très attentif aux impacts des devises sur les performances des actifs et de l’épargne.

Les matières premières sont la classe d’actifs la plus performante cette année, mais la dispersion entre sous-segments est importante et la volatilité est forte. Les métaux industriels en sont les principaux gagnants, les industriels reconstituant leurs stocks. Les métaux précieux sont les seconds gagnants, les achats récurrents d’or par les Banques centrales y contribuant certainement pour beaucoup. Les denrées agricoles sont particulièrement volatiles, et les aléas climatiques devraient entretenir cet état de fait. Le pétrole se maintient autour de 80$, prix satisfaisant pour les producteurs comme pour les acheteurs, mais sa fourchette de fluctuation reste large (75$-90$ environ) et les prochaines décisions de l’OPEP sont attendues avec impatience. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraît être engagé : nous maintenons notre surpondération sur cet actif. 

Le mois de mai a été un peu plus favorable en relatif pour les actifs émergents, bien qu’ils restent en retard depuis le début d’année vis-à-vis des homologues des pays développés. Le recul du Dollar durant le mois a probablement été un premier facteur favorable encourageant les investisseurs à diversifier leurs allocations en dehors des États-Unis. Les signaux envoyés par les autorités chinoises pour soutenir leur économie et atténuer la crise immobilière nationale ont aussi eu un impact important car les actifs chinois restent un poids déterminant au sein des actifs émergents. La baisse à venir des taux directeurs américains pourrait accentuer ce momentum plus favorable des émergents. A ce stade, nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition plutôt indirecte aux pays émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux. 

Vue des actifs – l’Éclaireur de juin 2024

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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