En avril, les indices d’actions ont encore progressé, notamment grâce à l’impulsion d’indicateurs économiques signalant une stabilisation de l’activité industrielle internationale, ce qui s’est reflété dans les performances sectorielles. Les publications de résultats trimestriels surprennent favorablement les investisseurs, mais cela s’explique par le fait que les attentes avaient été drastiquement abaissées auparavant. Les échéances du Brexit et négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis ont une fois encore été reportées, ce qui est un soulagement à défaut d’être une bonne nouvelle. L’absence de pause significative, et un contexte politique et économique encore complexe, nous confortent dans le principe de précaution : nous maintenons notre sous-pondération sur les actions, concentrant notamment nos investissements résiduels sur les sociétés américaines.
L’inflexion de discours des banques centrales début 2019 a fait fortement baisser les rendements des obligations souveraines, autrement dit cela a entraîné une appréciation boursière de ces mêmes obligations. La différence entre le rendement des obligations américaines et allemandes s’est encore écartée à l’occasion. Ceci s’explique d’abord par le différentiel de croissance et d’inflation entre les deux zones, militant pour une BCE durablement plus accommodante que son homologue américaine. Par ailleurs, l’orthodoxie budgétaire allemande permet au pays de bénéficier de rendements faibles voire négatifs, alors que les Américains étant plutôt « cigales », cela implique d’offrir des rendements bien plus élevés afin d’attirer les capitaux internationaux. L’actuelle faiblesse des rendements obligataires nous conforte dans notre neutralité persistante à l’égard des obligations souveraines.
OLes politiques monétaires accommodantes des banques centrales ont fait baisser fortement les rendements des obligations d’États. De ce fait, les investisseurs cherchant toujours du rendement n’ont guère d’autre possibilité que de se reporter en priorité sur les obligations d’entreprises. Tant que le cycle économique en cours ne donnera pas de signaux de tassement significatif, le risque de défaut de paiement des entreprises restera contenu, confortant l’intérêt de cette classe d’actifs. Un épargnant peut aujourd’hui espérer obtenir en moyenne 2.68% de rendement sur des obligations d’entreprises aux bilans sains (« Investment Grade »), 6.20% sur des sociétés fragiles (« High Yield ») contre seulement 1.22% pour le souverain. Nous préférons être surpondérés actuellement sur les obligations d’entreprises plutôt que d’être trop exposés aux actions dont la volatilité est plus forte.
Le début d’année marque une accalmie dans les fluctuations entre l’Euro et le Dollar et, plus encore, entre le Dollar et les devises émergentes, sauf le Peso Argentin et la Lire Turque. Un certain équilibre semble s’établir entre les devises, la plupart des pays voyant leur croissance ralentir de concert et leurs banques centrales tenir des discours de politique monétaire accommodants, alors qu’il y avait divergence en 2018 sur ces deux sujets. La question de la Livre Sterling est en principe reportée jusqu’au 31 octobre, mais des rebondissements restent possibles avant cela. Les tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et ses principaux partenaires pourraient rester un facteur de volatilité ponctuelle pour les grandes devises cette année, sans qu’il soit aisé d’anticiper ces mouvements. L’exposition au Dollar étant extrêmement consensuelle auprès des investisseurs, des déceptions pourraient toutefois paradoxalement le faire baisser un peu en relatif en 2019.
Les importants soutiens budgétaires et monétaires déployés depuis l’été 2018, notamment par la Chine, ont atténué, puis stabilisé, l’activité industrielle mondiale. Les métaux industriels ont profité de ces soutiens de façon dispersée, gagnant en moyenne +4.4% en 2019. Le pétrole a en revanche bénéficié de plusieurs incertitudes quant à l’offre disponible, le Venezuela, la Libye et l’Iran rencontrant d’importantes difficultés de production ou des vétos à l’exportation par les Américains. En conséquence, le Brent gagne +35.1% en 2019, ce qui pourrait peser sur la consommation des ménages, les marges bénéficiaires des entreprises et, en fin de compte, sur les politiques monétaires des banques centrales. La bonne tenue persistante du Dollar pèse sur l’or, mais son caractère « refuge » et « décorrélant » vis-à-vis des autres actifs financiers justifie d’une surpondération tactique actuellement. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or.
Matières Premières / Neutre (0) / Inchangé
Émergents / Sous-pondéré (-1) / Inchangé
Alors que l’année 2018 avait été catastrophique pour les actifs financiers des pays émergents, notamment du fait de la très forte baisse de leurs devises face au Dollar, 2019 se présente en revanche sous de meilleurs auspices : +5.9% pour les obligations et +11.8% pour les actions de ces zones. Les importants soutiens budgétaires et monétaires déployés notamment par la Chine contribuent à atténuer le tassement de croissance qui inquiétait tant les investisseurs internationaux : autour de +5.5% de croissance du PIB désormais attendu par le consensus pour les cinq principaux pays émergents (i.e. BRICS) en 2019, contre +5.7% en 2018. En dépit de valorisations relatives attrayantes, la faible liquidité des actifs émergents et les nombreuses incertitudes politiques et économiques actuelles nous incitent à maintenir notre sous-pondération à leur égard.