Alors même que l’existence du coronavirus était connue depuis décembre 2019, beaucoup d’investisseurs ont fait un rapprochement simpliste avec l’épidémie du SRAS de 2003, et ont conclu que cela n’aurait finalement que des impacts transitoires et marginaux. La vitesse de développement de nouveaux foyers de contagion a finalement provoqué une soudaine prise de conscience de l’étendue des difficultés potentielles, les marchés décrochant alors brutalement de -10% ou plus. L’hypothèse qu’avait retenu le consensus d’une accélération de la croissance économique mondiale en 2020 semble compromise. Ces événements nous incitent à rester sous-pondérés sur les actions, mais nous pourrions redevenir constructifs si les baisses devenaient excessives, car cette épidémie aura un terme et des soutiens budgétaires et monétaires sont activés.
Le regain d’optimisme des investisseurs fin 2019 (cf. accord commercial Le regain d’optimisme des investisseurs fin 2019 (cf. accord commercial sino-américain, Brexit…) les avait encouragés à alléger leurs expositions aux obligations souveraines, celles-ci délivrant de très faibles rendements, voire des rendements négatifs ! Toutefois, les réflexes de report vers les obligations s’activent à nouveau dès qu’un risque significatif apparaît, ainsi que vient de le démontrer le coronavirus chinois. Parce qu’il est particulièrement difficile de mesurer la portée économique et financière exacte d’un tel événement, tant dans son ampleur que dans sa durée, les obligations souveraines devraient démontrer temporairement un de leurs attraits forts : celui d’être un actif de diversification de portefeuilles, atténuant les chocs ponctuels des autres actifs. Faute de rendements satisfaisants, nous maintenons notre neutralité à l’égard des obligations d’États.
Le coronavirus a brutalement restauré la hiérarchie des risques entre dettes d’entreprises. Les sociétés aux bilans solides et dont les « business models » sont jugés résilients bénéficient de flux favorables, l’hypothèse étant qu’elles ont la capacité de faire face, même si cette épidémie devait se prolonger. Certains de ces groupes pourraient même en sortir renforcés si des concurrents sont très affaiblis ou venaient même à disparaître. À l’inverse, les entreprises fragiles pourraient faire défaut sur certains de leurs remboursements obligataires, sauf à ce que le cas de « force majeure » ne les protège. Même si les banques centrales interviennent, il n’est pas certain que les banques privées prennent le risque d’alourdir leurs portefeuilles de créances douteuses. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises et sous- pondérés sur les obligations « High Yield ».
L’irruption du coronavirus affecte très significativement l’évolution des devises dans le monde en ce début d’année. Les devises émergentes souffrent le plus face au Dollar, ces pays paraissant particulièrement vulnérables, tant du point de vue sanitaire, qu’économique et financier. Le Dollar sert de principale devise « refuge » durant cette crise, les investisseurs internationaux étant contraints d’acheter du Dollar pour pouvoir acquérir ensuite des obligations américaines dont les rendements et la solidité de signature attirent. En fin de mois, l’Euro s’est brutalement redressé face au Dollar car il est désormais probable que l’Europe intervienne plutôt au travers de soutiens budgétaires, là où les Etats-Unis activeront plutôt leur politique monétaire. Ces fortes fluctuations de devises incitent à une vigilance toute particulière, car cela peut affecter fortement la performance des actifs détenus.
Pour les matières premières, le coronavirus est évidemment un problème majeur, puisqu’il y a des interruptions de production, des stockages indus car les conteneurs ne circulent plus à travers la planète… Le pétrole est celle qui est la plus pénalisée, sa consommation baissant brutalement (cf. transport aérien, voitures, industries…) alors que sa production n’a pas eu le temps de s’adapter, notamment au travers des quotas de l’OPEP. Les prix des métaux industriels restent sous pression, la Chine étant le principal acheteur au monde de ces métaux. La circulation des produits agricoles pose d’importants problèmes de logistique actuellement. L’or, en tant qu’actif réputé « refuge », profite en revanche de flux acheteurs. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie toujours d’une surpondération.
Les pays émergents sont particulièrement sensibles aux chocs sur le commerce international, et ils sont très dépendants des flux de devises en provenance des pays développés. Le coronavirus est donc un choc économique et financier très important pour eux, quand bien même ils ne seraient pas affectés par la problématique sanitaire. Le repli de leurs devises n’améliore pas significativement leur compétitivité puisqu’ils sont généralement surtout en compétition entre eux. La reprise d’activité économique graduelle en Chine est évidemment une source de soulagement, mais l’apparition de foyers dans d’autres pays entretient en revanche la problématique. Il sera essentiel pour les entreprises de ces pays de bénéficier de soutiens financiers d’urgence, sous peine de multiplication de faillites. Nous restons sous-pondérés sur les actifs émergents.