
Après un mois de janvier en très forte hausse, les marchés d’actions poursuivent leur progression en février, mais à un rythme moins soutenu. Les statistiques économiques militent pour une croissance plus forte que ce que l’on pouvait craindre en fin d’année 2022, mais cela implique que l’inflation pourrait être aussi plus persistante, et que les Banques centrales pourraient devoir durcir plus fortement et plus longtemps leurs politiques monétaires. Ceci explique pourquoi les marchés obligataires reculent quand les actions, elles, progressent. Cette tension des rendements obligataires a une conséquence principale : pénaliser en relatif les actions de croissance (“growth”) par rapport aux entreprises décotées (“value”). Parce que nous restons constructifs quant aux perspectives d’investissement des États et des entreprises, nous maintenons notre surpondération sur les actions.

En janvier, les obligations avaient fortement progressé, les statistiques d’inflation laissant augurer un repli plus fort et plus rapide des prix, d’où les espoirs de politiques monétaires à venir plus accommodantes. En février, même si les statistiques continuent de montrer la poursuite du repli de l’inflation, ce mouvement s’explique essentiellement par l’évolution des prix de l’énergie. La baisse de l’inflation “cœur”, donc retraitée de l’énergie et de l’agroalimentaire, étant moins bien orientée, les banquiers centraux les plus “orthodoxes” militent de nouveau en faveur de durcissements monétaires importants et prolongés dans le temps. Toutes les classes d’actifs obligataires ont souffert de ce changement de perspective monétaire. Nous maintenons une allocation neutre sur cette classe d’actif, privilégiant plutôt les rendements plus élevés des obligations d’entreprises.

Les obligations d’entreprises sont prises entre deux dynamiques contraires. La première, défavorable mais la plus importante, est l’influence des statistiques d’inflation sur les politiques monétaires : les dernières données font craindre que les Banques centrales soient contraintes de maintenir une pression forte et surtout durable sur les niveaux de taux d’intérêts afin de freiner l’inflation en cours. La seconde, bénéfique, est que les perspectives de croissance économique s’améliorent et qu’en conséquence les risques de défauts de paiements des émetteurs d’obligations diminuent. Ce second facteur explique pourquoi les obligations d’entreprises les moins bien notées (i.e. le High Yield) affichent une performance relative favorable cette année. Le couple rendement-risque nous semble justifier de rester surpondérés actuellement sur les obligations d’entreprises.

Après une année 2022 où les fluctuations de devises avaient été extrêmement fortes, ce début d’année semble plus apaisé. Les politiques monétaires internationales ne sont pas coordonnées (cf. incertitude persistante au Japon par exemple), mais elles sont désormais plus convergentes, atténuant les tentations d’arbitrages financiers entre taux d’intérêts des différentes zones. Par ailleurs, l’appétit pour le risque des investisseurs est plus fort que l’an dernier, ce qui fait que les devises réputées “refuge” ne sont plus aussi attrayantes, les investisseurs déployant de nouveau leurs capitaux à travers le monde entier. Une moindre volatilité des devises est une excellente nouvelle pour les directeurs financiers des entreprises, car cela améliore la prévisibilité des chiffres d’affaires et des bénéfices. Pour les allocations d’actifs, il convient de rester vigilant quant à ce facteur.

Les fluctuations restent très fortes sur les matières premières en ce début d’année. Cette forte volatilité persistante s’explique notamment par les incertitudes entourant le rythme et l’ampleur de la réouverture sanitaire chinoise, et son impact sur la croissance mondiale. De plus, l’incertitude persiste quant à l’état des stocks chinois en amont de cette annonce. Par ailleurs, la moindre dynamique du secteur de la construction dans le monde affecte significativement les prix de l’énergie et des métaux industriels. Le dollar étant moins fort vis-à-vis des autres devises, les industriels du monde entier retrouvent du pouvoir d’achat, ce qui pourrait contribuer à soutenir les prix des matières premières. Il nous semble qu’un cycle de long terme favorable aux matières premières est amorcé, c’est pourquoi nous maintenons notre surpondération sur cet actif.

Après un mois de janvier favorable pour les actifs émergents, le mois de février a vu s’éroder graduellement les performances des actions et des obligations de ces zones. Comme en 2022, les changements d’anticipations des investisseurs à l’égard de la politique monétaire de la FED influencent beaucoup les parités entre devises et, lorsque le Dollar s’apprécie, les actifs émergents perdent de leur attrait relatif, ce qui s’est confirmé une fois encore en février. Par ailleurs, les espoirs placés dans la réouverture sanitaire chinoise demandent à être confirmés dans les statistiques économiques, et les effets sur l’inflation de cette reprise d’activité sont, eux aussi, incertains. À ce stade, nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition plutôt indirecte aux émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux.