Date de publication : 4 mars 2024

En février, les actions ont repris leur dynamique haussière, de nombreux indices boursiers affichant même de nouveaux records historiques. Alors même que le consensus des investisseurs a progressivement décalé vers juin le calendrier prévisionnel des baisses de taux par les Banques centrales, les bonnes publications de résultats trimestriels ont permis aux actions de progresser de nouveau. Les bonnes nouvelles en termes d’activité et de perspective d’activité sont notamment venues des poids lourds des indices. Les flux de souscriptions vers les actions semblent se disperser plus largement sur la cote, permettant par exemple aux petites capitalisations de retrouver une dynamique plus favorable. Notre conviction demeure qu’un cycle de long terme d’investissement par les Etats et par les entreprises est engagé, justifiant notre surpondération persistante sur les actions.

Depuis le début d’année, les investisseurs ajustent leur calendrier prévisionnel de baisse des taux directeurs. L’économie américaine restant très résiliente, et les dernières statistiques d’inflation étant un peu moins favorables, les investisseurs anticipent désormais que la première baisse de taux par la FED aura lieu en juin. La BCE n’ayant pas pour habitude de précéder la FED dans les impulsions monétaires, notamment pour éviter un reflux de l’Euro qui provoquerait plus d’inflation importée dans la zone, c’est pourquoi les obligations européennes marquent aussi une pause en ce début d’année. Les émissions de nouvelles obligations étant très largement souscrites, c’est là un signal rassurant quant à l’intérêt que portent les investisseurs pour cette classe d’actifs. A ce stade, les obligations d’entreprises nous semblent toujours devoir être privilégiées par rapport aux obligations des États.

Après une fin d’année particulièrement favorable, les obligations d’entreprises marquent une pause depuis 2 mois. Les investisseurs ont en effet été surpris par le dynamisme de l’économie américaine, ce qui les a conduits à décaler de mars à juin la perspective de baisse de ses taux directeurs par la FED. Les investisseurs cherchant à compléter leurs expositions obligataires afin de capturer durablement des coupons désormais élevés, c’est pourquoi les émissions de nouvelles obligations sont bien accueillies, permettant aux entreprises d’allonger le calendrier de remboursement de leurs dettes. La croissance économique étant résiliente, le risque de défaut de paiement diminue d’autant, d’où la bonne tenue des obligations à haut rendement. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, en privilégiant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables. 

La bonne tenue persistante de la croissance américaine a pour effet de reporter vers l’été la perspective de baisse de ses taux directeurs par la FED, ce qui soutient en relatif le Dollar face aux autres devises. Les investisseurs sont par ailleurs convaincus que la BCE ne prendra probablement pas l’initiative de baisser ses taux avant la FED, bien que la croissance économique européenne soit désormais proche de la récession. L’appétit pour le risque des investisseurs se traduit notamment par le reflux du Franc suisse cette année. Le Yen japonais reste tributaire du timing de remontée à venir de ses taux par la Banque du Japon, mais cette dernière temporise, car étant satisfaite d’avoir enfin de l’inflation. Pour les résultats des entreprises et les allocations d’actifs, il convient de rester vigilant quant aux impacts des devises, car affectant fortement les performances finales.

Depuis le début d’année, les matières premières oscillent sans tendance véritablement marquée. Les investisseurs doutant du potentiel de reprise économique en Chine, mais observant aussi le tassement de croissance européen, les métaux industriels reculent légèrement. Le pétrole et plus généralement l’énergie fluctuent au gré des incidents géopolitiques au Proche-Orient ou encore de la météo hivernale, mais l’OPEP semble avoir plus de difficultés à imposer ses prix. L’appréciation du Dollar pèse sur les prix des métaux précieux, mais rien de significatif. Les denrées agricoles font l’objet de spéculations persistantes, le phénomène climatique d’El Niño affectant de nombreuses productions. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraissant être engagé, c’est pourquoi nous maintenons notre surpondération sur cet actif.

En ce début d’année, les actifs des pays émergents ont tendance à sous-performer leurs homologues des pays développés : la Chine reste un poids lourd des indices émergents, et beaucoup d’investisseurs sont sceptiques quant à l’opportunité d’y allouer des capitaux, en dépit des soutiens économiques et financiers déployés par les autorités chinoises. De plus, la dynamique de relocalisation de certaines activités industrielles vers les pays développés pour des motifs de souveraineté affecte le dynamisme de ces pays. La bonne tenue persistante du Dollar est par ailleurs un facteur négatif pour les émergents : cela accroît la charge de la dette des Etats et des entreprises de ces pays lorsqu’ils ont emprunté en Dollar. Nous continuons de privilégier dans nos allocations une exposition indirecte aux pays émergents, via leurs principaux partenaires occidentaux. 

Vue des actifs – l’Éclaireur de mars 2024

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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