Date de publication : 9 novembre 2018

Loupe sur graphique

Actions

Le mois d’octobre a été caractérisé par un très violent décrochage des actions. Contrairement aux reculs précédents, toutes les zones, y compris les États-Unis, ont cette fois été affectées, et il en va de même pour les divers styles de gestion (croissance ou titres décotés) ou secteurs jusqu’alors recherchés (technologiques, luxe, aéronautique,…). Les investisseurs s’inquiètent qu’un éventuel haut de cycle et pic de rentabilité des entreprises n’aient été atteints, alors que le contexte géopolitique est complexe. S’il est impossible à ce stade de trancher quant à ces deux appréhensions, les valorisations sont désormais autour de 20% plus modestes que fin 2017, sans qu’aucune récession ne soit projetée (+3.6% de croissance mondiale en 2019 attendue par le FMI). La volatilité se tassant, et malgré un “momentum” moins favorable, un achat tactique de court terme nous semble envisageable pour des motifs de valorisation des marchés.

Obligations souveraines 

J.Powell a confirmé début octobre la confiance de la FED quant aux perspectives économiques du pays, faisant craindre aux investisseurs que plus de hausses de taux ne soient nécessaires aux États-Unis. C’est pourquoi les obligations souveraines ont vu leurs rendements monter en début de mois. Le violent recul des marchés d’actions, du fait notamment de craintes plus prononcées quant à la croissance à venir (cf. Chine et publications d’entreprises), a toutefois provoqué un réflexe de retour vers les actifs financiers “protecteurs”, d’où l’appréciation de l’obligataire souverain durant le mois. Cette détente des rendements souverains reste toutefois modeste au regard de l’ampleur des décrochages des actions, des obligations d’entreprises et des matières premières : l’effet refuge est tempéré par les craintes d’inflation et de politiques monétaires restrictives. Notre neutralité persistante à l’égard des obligations souveraines s’explique par la faiblesse des rendements offerts.

Obligations d’entreprises

 

Début octobre, la banque centrale américaine a réaffirmé son optimisme quant aux perspectives économiques du pays, et donc sa volonté de relever encore ses taux directeurs à plusieurs reprises. De son côté, la BCE cessera en fin d’année ses achats systématiques d’obligations européennes, mais elle réinvestira le produit des coupons perçus et les capitaux des obligations arrivant à échéance, stabilisant ainsi son Bilan. Les obligations d’entreprises européennes perdent là un soutien potentiel, ce qui a pu marginalement peser sur leur dynamique boursière. Mais leur recul en octobre s’explique surtout par les doutes croissants quant à la pérennité du cycle mondial, la solvabilité des entreprises pouvant alors se dégrader. C’est pourquoi le segment des entreprises ayant des Bilans fragiles (“High Yield”) a plus particulièrement reculé durant le mois. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, et restons neutres sur le “High Yield”.

Devises

 

La FED ayant réaffirmé sa volonté de durcir encore à plusieurs reprises sa politique monétaire, le Dollar a trouvé là un soutien additionnel durant le mois. Par ailleurs, les investisseurs internationaux ont tendance à se porter sur le Dollar lorsque les marchés financiers sont troublés, ce qui a été le cas en octobre. Les élections de mi-mandat aux États-Unis, ainsi que des besoins de financements américains de plus en plus importants (cf. politique budgétaire et fiscale de Trump) pourraient toutefois graduellement peser sur le Dollar. De plus, la divergence des politiques monétaires transatlantique devrait s’estomper à partir de la fin d’année puisque la BCE cessera alors son “quantitative easing”, ce qui pourrait apporter du soutien à l’Euro. Toutefois la tenue de l’Euro reste très dépendante de l’issue finale du Brexit et de l’intentionnel dérapage budgétaire italien. La forte volatilité des devises est une très forte source d’incertitudes pour les allocations financières en 2018.

Matières Premières

 

Alors que les flux financiers profitaient aux matières premières en début d’année, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont instillé des doutes quant à la pérennité de la croissance économique mondiale. Plusieurs statistiques en Chine, mais aussi des alertes lancées par des entreprises lors de leurs publications de résultats, ont accentué les craintes d’un fléchissement conjoncturel imminent. C’est pourquoi le pétrole a vu son prix brutalement baisser en octobre, et cela en dépit des tensions politiques persistantes (Russie, Iran, voire Arabie Saoudite suite à l’affaire Khashoggi,…) ou des contraintes de production (infrastructures, transport,…) qui soutiennent plutôt structurellement son prix. Par effet “refuge”, l’or a modestement bénéficié de flux favorables du fait de la mauvaise tenue de la plupart des actifs financiers durant le mois. Nous conservons notre allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or.

Émergents 

Le bras de fer commercial que les États-Unis ont engagé avec beaucoup de pays, mais plus particulièrement à l’encontre de la Chine, pénalise fortement les performances des actifs émergents : devises, actions et obligations. Qui plus est, au vu des dernières déclarations de la FED, la politique monétaire américaine devrait plutôt se durcir encore, ce qui sera un facteur de soutien relatif du Dollar face aux devises émergentes, renchérissant d’autant le coût de financement de nombreuses entreprises des zones émergentes. Enfin, afin de lutter contre l’inflation qui progresse à nouveau et afin de limiter le repli de leurs devises, beaucoup de pays émergents ont remonté leurs taux d’intérêts, ce qui pèsera sur leur dynamique de croissance. En dépit des fortes corrections boursières déjà observées, la faible visibilité quant à la croissance économique à venir des émergents nous incite à maintenir notre sous-pondération à leur égard.

Vue des actifs – l’Éclaireur de novembre 2018

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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