En octobre, après un fugitif recul en début de mois, les actions ont repris leur progression graduelle, certains indices affichant même de nouveaux plus hauts historiques. Les résultats d’entreprises sont généralement meilleurs que ne l’attendait le consensus mais, en moyenne, il y a toutefois désormais une stagnation des résultats, et même une régression pour les secteurs industriels. La persistance de la hausse est donc plutôt attribuable à la confirmation de politiques monétaires accommodantes par les banques centrales, et par moins de stress géopolitiques extrêmes. Ainsi, même si le Brexit interviendra certainement, il ne s’agira pas d’une sortie brutale. De même, les autorités chinoises et américaines devraient finaliser un premier niveau d’accords commerciaux, sans toutefois apaiser l’intégralité de leurs différends. Au vu de ce contexte, les actions semblent être surtout un investissement « par défaut », c’est pourquoi nous maintenons notre sous-pondération.
En octobre, la BCE et la FED ont conforté leurs politiques monétaires accommodantes, la FED baissant même de 25 points de base ses taux directeurs. Pourtant, paradoxalement, les rendements des obligations souveraines n’ont cessé de se tendre graduellement. À l’évidence, les politiques monétaires ont moins d’influence actuellement sur les allocations d’actifs des investisseurs. Les obligations avaient profité de craintes, finalement exagérées, de risques géopolitiques : le Brexit ne ne sera pas brutal, mais coordonné, et les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis diminuent, sans pour autant que les barrières douanières imposées précédemment ne soient levées. La faible visibilité économique et géostratégique actuelle, mais aussi l’absence de tensions inflationnistes, devraient encourager les banques centrales à rester généreuses. Faute de rendements satisfaisants, nous maintenons notre sous-pondération à l’égard des obligations d’États.
Le différentiel de rendement entre les obligations d’entreprises fragiles (« High Yield ») et celui des entreprises solides (« Investment Grade ») est souvent un indicateur instructif quant aux évolutions de perception des risques ou anticipations des cycles économiques par les investisseurs. Sans être spectaculaire par rapport à la moyenne des dernières années, cet indicateur montre que les investisseurs s’inquiètent un peu plus de l’évolution du cycle économique, notamment pour les groupes industriels les plus affectés par les tensions commerciales sino-américaines. Qui plus est, la récente faillite de Thomas Cook, ou encore l’effondrement de valorisation de Wework, sont autant d’alertes quant à certaines créances douteuses. Enfin, la moindre liquidité boursière des obligations d’entreprises justifie certains dégagements de précaution avant la fin d’année. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises mais sous-pondérés sur les obligations « High Yield ».
Les économies de la plupart des pays ralentissent aujourd’hui, et cela de façon synchronisée. Ceci est la principale différence par rapport à l’an dernier et c’est pourquoi, désormais, presque toutes les banques centrales remettent en place des politiques monétaires accommodantes. L’ampleur des marges de manœuvres respectives des banques centrales contribue alors à jouer sur les anticipations de changes : plus les baisses de taux peuvent être significatives, plus la devise risque de s’affaiblir. La FED américaine ayant les moyens de baisser bien plus fortement ses taux directeurs que ne le peut la BCE, l’Euro pourrait alors paradoxalement s’apprécier en relatif face au Dollar, ce qui nuirait à la compétitivité des entreprises de la zone. La question de l’évolution des parités entre devises aura une forte importance durant les prochains mois, les investisseurs devant être particulièrement vigilants quant aux impacts des devises sur leurs investissements.
En dépit de signaux d’apaisement du côté du Brexit et des tensions commerciales internationales, les prix du pétrole et des métaux industriels ont stagné ou décliné en octobre. Ceci s’explique par le fait que, bien que les scénarios de crises « extrêmes » soient contenus, l’actuel tassement industriel mondial manifeste des signes croissants de contagion aux activités de services. La prudence des entreprises et des investisseurs à l’égard de ces deux classes d’actifs semble donc justifiée. Il sera particulièrement intéressant de suivre début novembre l’introduction en bourse de la compagnie pétrolière Aramco, car ce sera un test important quant à l’appétit des investisseurs pour les actifs pétroliers. En dépit d’une remontée des rendements obligataires, l’or s’est apprécié en octobre, signe de la recherche persistante de diversification financière des investisseurs. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie d’une surpondération tactique.
En 2019, en dépit de l’appétit pour le risque des investisseurs, la performance des actions émergentes reste très en retrait de celle des principaux indices des zones développées. Cette performance est même significativement inférieure à celle des obligations de ces même pays émergents. Ceci peut d’abord s’expliquer par les conséquences très difficiles à mesurer de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. Ensuite, les révoltes sociales se multiplient aujourd’hui, notamment dans les pays d’Amérique du Sud ou d’Amérique Centrale, incitant à la méfiance. À l’évidence les investisseurs préfèrent donc privilégier les obligations des pays émergents puisque, à moins que l’émetteur ne fasse défaut, ils recouvreront leur capital et se verront servir un rendement en moyenne autour de 5%, ce qui est très attrayant aujourd’hui. Nous préférons rester sous-pondérés sur les actifs émergents, notamment par manque de visibilité quant au cycle économique.