En octobre, les marchés d’actions ont effacé leur repli du mois précédent, atteignant parfois même de nouveaux plus hauts historiques (aux États-Unis notamment). En dépit de la remontée des rendements obligataires, les investisseurs sont moins préoccupés par les durcissements de politiques monétaires à venir : les Banques centrales sont parvenues à déconnecter les retraits de liquidités imminents des hausses de taux directeurs futures. Les publications de résultats trimestriels, qui inquiétaient du fait des fortes difficultés d’approvisionnements et de logistique, ont plutôt réservé des bonnes surprises jusqu’à présent, contribuant à soutenir les marchés. Enfin, beaucoup d’investisseurs étaient trop prudents, et le cash mis en réserve est désormais réinvesti sur les actions. Le contexte économique et financier nous semble justifier de rester encore surpondérés sur les actions.
En octobre, les rendements des obligations souveraines sont revenus au niveau, voire ont dépassé les plus hauts précédents de l’année ayant été atteints en mai. Plusieurs Banques centrales ont entamé le processus de réduction des liquidités injectées, ou bien ont même commencé à relever leurs taux directeurs, mais c’est surtout le cas dans les pays émergents, notamment pour défendre la valeur de leurs devises. Même si la FED et la BCE n’ont pas encore agi, le processus de réduction des « quantitative easings » est désormais imminent. Pour autant, les anticipations d’inflation future restent contenues, ce qui laisse espérer une déconnexion entre la réduction des liquidités et l’étape suivante consistant à relever les taux directeurs. Faute de rendements satisfaisants, nous maintenons notre vue à sous-pondérer sur les obligations souveraines.
La tension récente sur les rendements d’obligations souveraines s’est propagée aux obligations d’entreprises, et les investisseurs deviennent plus vigilants quant à la qualité des émetteurs. Ainsi, les entreprises fragiles (i.e. « High Yield ») ont vu leurs rendements se tendre bien plus vite que les entreprises solides (i.e. « Investment Grade »). Ceci s’explique notamment par la piqûre de rappel liée à la probable faillite du promoteur immobilier chinois Evergrande (260 Mds € de dettes). Ensuite, les difficultés d’approvisionnement et de logistique actuels dans le monde risquent de compliquer encore plus la solvabilité de ces entreprises jugées précaires, et dès lors moins prioritaires, pour leurs fournisseurs. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, car offrant plus de rendement que les souveraines, mais restons à ce stade à l’écart du « High Yield ».
La crise de la COVID a déstabilisé beaucoup de parités entre devises. Le Dollar, qui en avait d’abord été la victime, se redresse fortement depuis le début d’année 2021, alors qu’à l’inverse, l’Euro décline par rapport aux principales devises mondiales. Ceci s’explique notamment par la divergence attendue de politiques monétaires entre les deux zones. La FED, aux États-Unis, pourrait devoir relever ses taux directeurs dès la fin 2022, alors que la BCE européenne cherche à l’inverse à ancrer l’idée d’une politique monétaire durablement accommodante. Le différentiel de rendement obligataires entre les deux zones joue donc en faveur des États-Unis, ce qui soutient le Dollar en relatif. Ce renchérissement du Dollar fragilise encore plus la situation des pays émergents ayant contracté des dettes dans cette devise, facteur qu’il ne faut pas sous-estimer dans les allocations d’actifs.
L’actuelle désorganisation des économies a provoqué un contexte plus inflationniste. Les matières premières étant le plus en amont du cycle de production, elles sont de ce fait l’actif particulièrement recherché par les investisseurs car offrant une certaine protection contre l’inflation. De plus, des inondations, des tornades, des tensions géopolitiques ponctuelles… ont complexifié leur disponibilité. L’énergie, le pétrole notamment, profitent de cette situation et voient leurs prix s’envoler. Les métaux industriels montent eux aussi beaucoup, en dépit des incertitudes croissantes quant à la croissance économique chinoise. Les produits agricoles sont eux aussi une source d’inquiétude, notamment pour les pays émergents pour qui cela représente une part importante du budget. Les métaux précieux sont les seuls à baisser en 2021. Nous restons surpondérés sur les matières premières.
En 2021, la performance des actifs émergents est très inférieure à celle des pays développés. Au-delà du ralentissement économique que la reprise en main de son économie par les dirigeants chinois a provoqué, certains investisseurs doutent même désormais de l’opportunité d’y être significativement investis. Le pays représentant ⅓ des indices d’actions émergentes, leur sous-performance est logique. Le risque de faillite du promoteur immobilier chinois Evergrande a aussi incité des investisseurs à réduire leurs expositions sur les obligations des pays émergents. S’ajoute à cela la force relative du Dollar qui renchérit le coût des remboursements pour les pays ou entreprises ayant contracté des dettes en Dollar. Enfin, le retard de vaccination de ces pays incite plutôt à l’attentisme. Tactiquement, nous maintenons notre neutralité sur les émergents.