Date de publication : 4 novembre 2024

Le mois d’octobre a été caractérisé par une petite hausse additionnelle des grands indices d’actions. Cette progression s’explique tout d’abord par des statistiques économiques mieux orientées que ce que le consensus attendait (cf. surprises économiques favorablement orientées), rassurant quant à la résilience de la croissance. Les publications de résultats trimestriels, très dispersées au sein d’un même secteur d’activité, révèlent avant tout les différences de performances des dirigeants pour s’adapter au contexte et préserver un certain “pricing power” vis-à-vis de leurs clients. La faiblesse des échanges sur les marchés financiers traduit l’attentisme des investisseurs avant l’élection présidentielle américaine. Notre conviction demeure qu’un cycle de long terme d’investissement par les États et par les entreprises est engagé, justifiant notre surpondération persistante sur les actions.

Les obligations souveraines ont décroché en octobre, mouvement prenant à contrepied bon nombre d’investisseurs. Cette tension obligataire s’explique tout d’abord par plusieurs statistiques économiques plus solides qu’attendu, diminuant d’autant la nécessité pour les Banques centrales de baisser leurs taux directeurs. Par ailleurs, les spéculations autour d’une possible réélection de D.Trump font craindre un contexte futur plus inflationniste (cf. hausses des tarifs douaniers, mais aussi les restrictions à l’immigration créant des pénuries de main d’œuvre, d’où des tensions salariales), ce qui pourrait freiner les velléités de baisse de taux attendues par la FED. Un atterrissage économique en douceur restant notre scénario privilégié, c’est pourquoi les obligations d’entreprises nous semblent toujours devoir être privilégiées par rapport aux obligations des États.

La tension observée en octobre sur les obligations souveraines s’est logiquement traduite par un recul des performances des obligations d’entreprises. Il convient toutefois de noter que le recul des obligations d’entreprises est resté modéré. Ceci s’explique par le fait que la tension obligataire provient notamment de statistiques économiques plus résilientes qu’attendu, confortant le scénario d’atterrissage en douceur des économies et diminuant d’autant le risque de défaut de paiement des entreprises. Ainsi, le segment du “High Yield” a peu souffert de cette phase de tension obligataire, confirmant la confiance dans la résilience des économies. En dépit des incertitudes associées à l’élection présidentielle américaine, le contexte général nous semble justifier une surpondération des obligations d’entreprises, préférant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables.

En octobre, le Dollar a progressé face aux grandes devises. Les investisseurs accordant une plus forte probabilité à l’élection de D.Trump et, parce que son programme est inflationniste, cela diminue d’autant les chances de baisse de taux directeurs par la FED en 2025. De plus, des statistiques économiques américaines solides ont contribué à atténuer la probabilité des baisses de taux. Au Japon, l’élection a fait perdre sa majorité au parti au pouvoir, la BoJ devrait donc rester plus attentiste, d’où le recul du Yen. La BCE n’a pu que constater que l’inflation diminue plus vite que prévu dans la zone, ce qui pourrait justifier de baisser plus vite et plus fort les taux, pesant un peu sur l’Euro. L’amplitude et le rythme respectif des baisses de taux à venir par les Banques centrales devrait continuer d’influencer les parités entre devises durant les prochains mois.

En octobre, les matières premières ont stagné dans leur ensemble. Le pétrole a reculé car, bien qu’Israël ait frappé militairement l’Iran, les sites pétroliers iraniens ont été volontairement préservés, limitant le risque d’escalade militaire entre les 2 pays. Les métaux industriels restent très dépendants des annonces de soutien économique de la Chine et, cette dernière étant réticente à dévoiler ses mesures avant la présidentielle américaine, des prises de bénéfice ont été constatées. Les denrées agricoles oscillent pour leur part en fonction des aléas climatiques dans le monde. Les métaux précieux ont été les gagnants durant le mois, profitant des incertitudes électorales américaines et du contexte géopolitique international incertain. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraît être engagé : nous maintenons notre surpondération sur cet actif. 

La hausse du rendement des obligations américaines et du dollar en octobre a pesé sur les actifs émergents, les investisseurs se tournant moins vers ceux-ci lorsque les rendements aux États-Unis sont attractifs et que le dollar s’apprécie. De plus, le coût d’emprunt en Dollar se renchérit alors, rendant plus coûteux le financement de certaines entreprises ou États des zones émergents. En parallèle, la Chine a déçu avec des mesures de soutien économique limitées, incitant à des prises de bénéfices sur ses actions. Plus généralement, la perspective d’une éventuelle réélection de D.Trump ravive des inquiétudes quant aux tensions commerciales et géopolitiques, favorisant en relatif les actifs des pays développés. Dans ce contexte, notre stratégie continue de privilégier une exposition plutôt indirecte aux émergents via leurs principaux partenaires occidentaux.

Vue des actifs – l’Éclaireur de novembre 2024

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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