En septembre, les marchés d’actions ont progressé, les autorités chinoises et américaines ayant confirmé avoir de nouveau engagé des négociations afin d’atténuer leurs tensions commerciales. Cet espoir a estompé les mauvaises nouvelles macro-économiques mondiales : le ralentissement industriel continue, et des signes de contagion aux services apparaissent. Les cahots du Brexit ou encore les attaques de drones en Arabie Saoudite ont été des épiphénomènes boursiers, même si cela entretient l’inquiétude de fond quant aux risques géopolitiques dans le monde. En dépit d’un contexte de tassement économique et de risques politiques multiples, les classes d’actifs réputées « risquées », telles les actions, continuent de bénéficier des politiques monétaires accommodantes persistantes des banques centrales, mais ce sont de plus en plus des investissements par défaut et non de conviction. Nous maintenons notre sous-pondération sur les actions.
Les banques centrales ont répondu aux attentes des investisseurs, la FED et la BCE abaissant leurs taux directeurs, la BCE allant même jusqu’à lancer un nouveau « Quantitative Easing » à compter du 1er novembre. Ces annonces ont incité à quelques prises de bénéfices sur les obligations d’États, rendues d’autant plus séduisantes que Chine et États-Unis ont indiqué être à nouveau disposés à discuter pour atténuer leurs différends commerciaux. L’attaque de deux sites en Arabie Saoudite a fait provisoirement remonter les prix du pétrole, mais la production a semble-t-il été rapidement restaurée, limitant le risque d’une résurgence d’inflation par les matières premières. Le lancement d’une procédure de destitution à l’encontre de D.Trump complique encore plus l’allocation d’actifs des investisseurs. La faible visibilité économique et géostratégique actuelle entretient l’extrême faiblesse des rendements obligataires souverains, nous confortant dans notre neutralité à leur égard.
Le comportement des obligations d’entreprises reste étroitement lié à celui des obligations souveraines, les investisseurs étant incités à intensifier leur exposition aux obligations d’entreprises au gré de la baisse de rendement des obligations d’États. Mais on observe désormais une plus grande vigilance quant aux obligations d’entreprises détenues. En effet, les obligations « High Yield », c’est-à-dire celles versant un rendement élevé pour compenser des risques spécifiques additionnels, font l’objet de prises de bénéfices plus prononcées et ne profitent plus autant des hausses. Ceci peut s’expliquer par la dégradation des indicateurs économiques, ou encore par le cas « Thomas Cook » démontrant que l’hypothèse d’une faillite peut se matérialiser. De plus, la faible liquidité boursière de ces obligations incite à des dégagements de précaution avant la fin d’année. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises mais sous-pondérés sur les obligations « High Yield ».
En dépit d’une certaine accalmie quant aux tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis, ce qui aurait dû démobiliser certains acheteurs de « protection » via le Dollar, ce dernier a continué de s’apprécier face à la plupart des devises internationales. Ce mouvement s’est effectué, qui plus est, alors même que la FED a baissé ses taux directeurs, ce qui aurait dû peser sur le billet vert. Les statistiques économiques américaines restant mieux orientées que celles de la plupart des pays ou zones, c’est donc l’anticipation d’une FED un peu moins accommodante que précédemment anticipé qui explique probablement ces flux. Dans le même temps, l’effondrement des indicateurs industriels en Allemagne, et même une contagion aux services, pèsent indiscutablement sur l’Euro. L’évolution de la parité entre l’Euro et la Livre Sterling pourrait être à nouveau agitée au gré du calendrier du Brexit, épilogue désormais de plus en plus probable de cet interminable feuilleton.
Le pétrole a été le centre d’attention des investisseurs en septembre. En effet, l’attaque de drones à l’encontre de deux sites en Arabie Saoudite a laissé craindre un grave et durable problème d’approvisionnement pétrolier pour le monde entier. En fin de compte, la plupart des pays ont puisé dans leurs réserves stratégiques et la reprise de production plus rapide qu’attendu, c’est pourquoi l’intégralité de cet envol des prix a finalement été effacé. Les métaux industriels et plusieurs denrées agricoles ont, pour leur part, profité de l’accalmie des relations entre la Chine et les États-Unis. Ainsi, la Chine a déclaré avoir effectué des achats significatifs de produits agricoles américains en signe de bonne volonté. L’or a fait l’objet de prises de bénéfices, mais les métaux précieux restent la classe d’actif la plus performante parmi les matières premières en 2019. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie d’une surpondération tactique.
En 2019, les actifs financiers des pays émergents sous-performent généralement leurs homologues des pays développés, notamment dans le cas des indices d’actions. Ce retard peut notamment s’expliquer par le fait que le Dollar poursuit son appréciation relative, compliquant d’autant le financement ou refinancement des entreprises des pays émergents, la plupart des levées de capitaux s’effectuant en Dollar. Par ailleurs, même si les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis s’apaisent un peu depuis quelques semaines, la désorganisation industrielle (chaînes d’approvisionnement, de production, de distribution,…) et commerciale que cette crise géopolitique a engendré affecte tout particulièrement ces pays, car étant trop peu diversifiés vers les services et car dépendant énormément des dynamiques d’exportations. Nous préférons rester sous-pondérés sur les actifs émergents, notamment par manque de visibilité quant au cycle économique.