En septembre, les marchés d’actions ont, pour la première fois depuis de nombreux mois, baissé un peu. La première préoccupation des investisseurs est celle d’une croissance perturbée par des phénomènes de pénuries, se traduisant à la fois par des difficultés à obtenir les biens et services souhaités, mais aussi par des tensions inflationnistes. Cette situation rend évidemment moins confortables les décisions de politique monétaire à venir des Banques centrales. Par ailleurs, les violents durcissements réglementaires en Chine et le risque de faillite de Evergrande, second promoteur immobilier chinois, inquiètent les marchés quant à la future croissance du pays. En dépit de ces inquiétudes, le contexte économique et financier (soutiens budgétaires et monétaires persistants) nous semble justifier de rester encore surpondérés sur les actions.
En septembre, la FED et la BCE ont tenu leurs réunions de politiques monétaires de rentrée. Toutes les deux sont arrivées à la conclusion que la croissance économique était mieux orientée, en dépit des incertitudes persistantes liées aux conséquences de la pandémie (des pénuries notamment), et que l’inflation observée, bien que supérieure aux attentes, devrait rester transitoire. Ces discours ont convaincu les investisseurs que les injections mensuelles de capitaux (i.e. les « quantitative easings ») seraient amenées à progressivement disparaître en 2022, mais que les taux d’intérêts ne seraient pas pour autant relevés rapidement. Les rendements obligataires se sont tendus durant le mois, compensant en partie leur étrange inertie durant l’été. Faute de rendements suffisants, nous maintenons notre vue à sous-pondérer sur les obligations d’État.
Les rendements des obligations d’entreprises restent largement déterminés par les décisions de politique monétaire des banquiers centraux. La FED et la BCE semblent désormais convaincues qu’au vu de la croissance et de l’inflation actuelle et à venir, il devient opportun de réduire graduellement les achats mensuels d’obligations (i.e. les « quantitative easings »), sans pour autant s’engager dans le processus de relèvement des taux directeurs. À l’instar des obligations souveraines, les obligations d’entreprises ont vu leurs rendements se tendre. Les obligations d’entreprises fragiles (i.e. « High Yield ») ont plus spécifiquement souffert du risque de faillite de Evergrande, second promoteur immobilier chinois, par effet de mimétisme. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, et restons à ce stade à l’écart du « High Yield ».
Les devises ont des comportements erratiques cette année. Le Dollar bénéficie de l’attrait de rendements obligataires bien plus élevés que dans les autres places occidentales, mais aussi de la probabilité que la FED réduise bientôt ses injections monétaires (i.e. les « quantitative easings »). Les devises émergentes sont généralement en baisse en 2021, en dépit des fréquentes remontées de taux directeurs décidées par leurs Banques centrales, précisément afin de limiter les pertes de pouvoir d’achat via la devise. L’Euro, qui s’était beaucoup apprécié l’an dernier, a perdu une partie de sa dynamique, sachant que les incertitudes politiques persistantes en Allemagne (quelle coalition ?) et en France (élections en 2022) doivent peser sur la devise. En dépit des incertitudes quant à la croissance future chinoise et de l’affaire Evergrande, le Yuan s’apprécie paradoxalement cette année.
Alors que le pic du cycle économique mondial est probablement déjà atteint, les matières premières poursuivent leur hausse. Faute d’investissements suffisants durant les dernières années, grâce à la politique ferme de l’OPEP, et du fait de certains aléas climatiques, le pétrole a atteint les 80 $ en septembre. Cette hausse des coûts énergétiques, mais aussi de nombreuses contraintes de transport (cf. fret maritime), se répercutent sur les autres matières premières, d’où la bonne tenue persistante des prix des métaux industriels et des denrées alimentaires. En dépit du ralentissement chinois, les métaux industriels poursuivent leur hausse, ce qui est le signe de pénuries persistantes. Nous restons surpondérés sur les matières premières afin d’accompagner le cycle économique en cours, et parce que nous anticipons une croissance future un peu plus inflationniste qu’avant la COVID.
Les actifs émergents sous-performent fortement ceux des pays développés en 2021. Les retards de vaccination expliquent évidemment une partie de la méfiance des investisseurs internationaux à leur égard. Mais c’est surtout la Chine qui explique leur contre-performance. La Chine pèse en effet ⅓ de l’indice des actions émergentes, et les divers durcissements réglementaires imposés par les autorités chinoises déstabilisent les modèles économiques et les perspectives de rentabilité de beaucoup de secteurs ou d’entreprises. De plus, les doutes quant à l’éventuelle faillite du second promoteur immobilier chinois, Evergrande, incitent à la plus grande prudence sur les obligations d’entreprises émergentes. En conséquence, les devises émergentes font encore perdre du pouvoir d’achat face au Dollar en 2021. Tactiquement, nous maintenons notre neutralité sur les émergents.