Durant l’été les indices d’actions ont baissé, mais affichent toujours des progressions importantes sur l’année. Les statistiques confirment que, même si l’industrie ralentit fortement, la consommation des ménages et les activités de services amortissent le tassement économique en cours. Le bras de fer tarifaire entre la Chine et les États-Unis déstabilise de plus en plus les dirigeants d’entreprises qui ne savent plus où investir, et si c’est encore opportun de le faire. Les soutiens monétaires des banques centrales profitent encore aux actions, mais l’influence des baisses de taux s’essouffle en revanche pour l’économie réelle. Les investisseurs espèrent donc que des politiques budgétaires généreuses soient désormais activées à leur tour. L’attrait pour les actions est aujourd’hui plus un placement de substitution aux obligations qui n’offrent plus de rendement plutôt qu’un investissement dans une croissance à venir très incertaine. Nous maintenons notre sous-pondération sur les actions.
La brutale escalade des tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis en août a conforté les investisseurs dans le scénario de banques centrales très accommodantes. En effet, le tassement industriel dans le monde ne fait plus de doutes, et le risque de contagion à la consommation des ménages et aux secteurs de services augmente. Par ailleurs, si quelques pays émergents constatent une remontée d’inflation, c’est la désinflation qui domine dans le monde. Le tassement économique mondial et la faiblesse concomitante de l’inflation justifient la mise en œuvre de politiques monétaires contra-cycliques, mais les effets de ces politiques monétaires s’estompent, incitant de nombreux stratèges à recommander des politiques budgétaires plus actives. La faible visibilité économique et géostratégique actuelle accentue l’extrême faiblesse des rendements obligataires souverains (généralement négatifs), nous confortant dans notre neutralité persistante à leur égard.
À l’instar des obligations d’États, les obligations d’entreprises profitent pleinement des anticipations de détente des politiques monétaires dans le monde. Qu’il s’agisse des obligations de sociétés ayant des bilans solides et des perspectives bénéficiaires favorables (obligations « Investment Grade ») ou bien d’entreprises plus fragiles (obligations « High Yield »), leurs rendements ont baissé de 20% à 30% depuis le début d’année ! Le tassement économique mondial devenant de plus en plus significatif, notamment dans les activités industrielles, les risques de défaut de paiement ne peuvent plus désormais être négligés. S’il est judicieux de chercher à capturer au travers des obligations d’entreprises des rendements que les obligations souveraines n’offrent plus, il convient désormais d’être beaucoup plus sélectif quant aux obligations d’entreprises retenues. Nous restons sous-pondérés sur les obligations d’entreprises mais neutres sur les obligations « High Yield ».
Le conflit entre la Chine et les États-Unis a engendré un fort ralentissement du commerce et de l’industrie dans le monde. Il est tentant pour les Etats d’attirer à eux le reliquat de croissance dans le monde par un regain de compétitivité grâce à la devise. L’inflation ayant tendance à reculer à nouveau, les banques centrales peuvent justifier d’adopter à nouveau des politiques monétaires très accommodantes, ayant pour effet collatéral de déprécier la monnaie nationale. La plupart des pays adoptant simultanément cette stratégie, c’est en fin de compte celui qui frappe le plus vite et le plus fort qui remportera ce « concours de laideur ». La banque centrale européenne semblant disposer de moins d’instruments que beaucoup de ses homologues, l’Euro pourrait donc s’apprécier en relatif malgré les faiblesses de la zone (Brexit, dette italienne,…). La volatilité des devises doit être surveillée de près car c’est un facteur décisif quant aux choix d’allocation d’actifs des investisseurs.
Le regain de tensions entre la Chine et les États-Unis pèse sur les perspectives de consommation de la plupart des matières premières. Les industrielles affichent désormais une performance négative en 2019, faisant écho au fort tassement d’activité manufacturière dans le monde. Le pétrole est ballotté entre les contractions de production dues à l’OPEP, à l’embargo iranien, au Vénézuela,… et le tassement concomitant des achats dans le monde : la hausse persiste mais n’est plus que de +7,6% en 2019. Les matières premières agricoles ont des parcours très différenciés : le soja est le plus affecté par le conflit entre la Chine et les États-Unis, le porc souffre d’une grave peste porcine, et les céréales sont affectées par les aléas climatiques. L’or accélère sa progression en tant qu’actif refuge, alors que les obligations n’offrent plus de rendement. Nous conservons une allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui justifie d’une surpondération tactique.
Les pays émergents sont parmi les plus pénalisés par l’actuel bras de fer entre la Chine et les États-Unis. Si les obligations émergentes progressent fortement en 2019, les actions ont en revanche effacé presque tous leurs gains. Les productions industrielles étant généralement fragmentées entre de nombreux pays, les crispations actuelles déstabilisent les chaînes d’approvisionnement, de production, et de distribution. Le commerce international souffre donc des aléas tarifaires et des incertitudes quant aux affectations des investissements. Par ailleurs, les devises émergentes se dépréciant par crainte d’un ralentissement économique, il est difficile pour ces pays d’attirer encore les capitaux internationaux, et le coût des dettes contractées en Dollar monte fortement. Enfin, le choc politique argentin en août rappelle la vulnérabilité potentielle des actifs financiers de ces pays. Nous maintenons notre sous-pondération à l’égard des actifs émergents.