En août, les marchés d’actions ont continué de croître. Bien qu’en progression, les indicateurs économiques internationaux sont souvent sortis en dessous des attentes du consensus mais, paradoxalement, les investisseurs l’ont plutôt interprété comme étant une bonne nouvelle car incitant les Banques centrales à rester plus durablement accommodantes. De ce point de vue, la réunion des banquiers centraux de Jackson Hole s’est avérée rassurante pour les investisseurs. Les publications de résultats d’entreprises ont été bien meilleures qu’attendues, contribuant à justifier la poursuite de la hausse estivale. La Chine reste une source de préoccupations, les autorités du pays voulant reprendre en main fermement la direction ou la destinée de certaines entreprises nationales majeures, notamment dans le domaine de la technologie. Nous restons surpondérés sur les actions.
En début d’année, les rendements des obligations souveraines se sont fortement tendus, par anticipation d’une accélération de l’inflation. Toutefois, de nombreux composants de l’inflation dans le monde sont certainement provisoires, dus notamment à la désorganisation de production et de logistique entraînée par la COVID. C’est pourquoi, paradoxalement, c’est lorsque le pic d’inflation semble aujourd’hui atteint que les rendements obligataires se détendent. Le cycle de reprise économique américain étant plus avancé que dans les autres pays développés, la question de l’attitude de la FED vis-à-vis de l’inflation inquiétait les investisseurs, mais cette dernière a rassuré en séparant bien la problématique des achats d’obligations de celle de ses taux directeurs. Faute de rendements suffisants, nous maintenons notre vue à sous-pondérer sur les obligations d’État.
Les rendements des obligations d’entreprises restent sous l’influence déterminante des banquiers centraux. Bien qu’un durcissement de politique monétaire soit en préparation aux États-Unis, ce processus sera graduel et n’impliquera pas nécessairement de hausse des taux directeurs dans la foulée, c’est pourquoi les investisseurs ont été rassurés par la réunion de Jackson Hole. Le rendement obligataire proposé par les entreprises disposant de bilans solides (i.e. « Investment Grade ») étant plus attrayant que celui des États, pour un risque additionnel modéré de moins bonne solvabilité, nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises. Toutefois, les défauts de paiements et faillites ne pouvant être exclus dans la phase de réouverture des économies, nous restons temporairement à l’écart des obligations d’entreprises fragiles (i.e. « High Yield »).
En 2021, les devises évoluent de façon très dispersée. La préférence des investisseurs va aux devises des pays développés, la normalisation de ces économies étant plus avancée que dans les pays émergents. Les devises réputées être des refuges, tels le Yen japonais et le Franc suisse, ont tendance à décliner en relatif. En revanche, la forte reprise économique chinoise et américaine soutient leurs devises respectives. L’Euro, qui avait beaucoup progressé face au Dollar en 2020, cède du terrain, notamment parce que les politiques monétaires transatlantiques pourraient être temporairement désynchronisées, la FED ayant confirmé à Jackson Hole son intention de durcir très graduellement sa politique monétaire. Nous conservons une vue prudente à l’égard du Dollar du fait de l’ampleur des levées de capitaux à venir aux États-Unis afin de financer la relance nationale.
Durant le mois d’août, et plus généralement pendant l’été, les investisseurs ont eu tendance à prendre des bénéfices sur les matières premières. En effet, le variant Delta de la COVID fait craindre des révisions en baisse de la croissance économique mondiale du fait de la désorganisation que cela entraîne. De plus, parce que le pays est le principal acheteur de matières premières au monde, l’attention des investisseurs s’est plus particulièrement portée sur la croissance chinoise, et elle déçoit plutôt les attentes au vu des dernières statistiques. Enfin, les autorités chinoises ont libéré des stocks stratégiques de matières premières, provoquant une baisse des cours. Nous restons surpondérés sur les matières premières afin d’accompagner la dynamique du cycle économique en cours, et parce que nous anticipons une croissance future un peu plus inflationniste qu’avant la COVID.
Les actifs émergents sous-performent fortement ceux des pays développés en 2021. Ceci s’explique d’abord par l’important retard de vaccination de ces pays, avec la désorganisation économique que cela implique, et la perte de confiance des investisseurs étrangers dans leur redressement. De plus, les autorités chinoises cherchent à redonner une nouvelle impulsion économique et sociale au pays, ce qui se traduit par d’importantes contraintes réglementaires pesant sur les entreprises du pays, quand elles ne sont pas tout simplement reprises en main par le Parti. Du fait du poids de la Chine au sein des indices émergents, sa contre-performance entraîne les autres vers le bas. Enfin, la force du Dollar renchérit la charge de la dette pour les pays ou entreprises n’étant pas endettés dans leur propre monnaie. Tactiquement, nous maintenons notre neutralité sur les émergents.