Durant l’été, le scénario d’une contraction économique a pris corps au travers de plusieurs statistiques convergentes mais, simultanément, des signes de tassement de l’inflation (notamment par les matières premières) ont rassuré les investisseurs : le risque d’un durcissement excessif des politiques monétaires à venir s’estompe alors. En parallèle, les entreprises ont publié leurs résultats trimestriels, et ils ont agréablement surpris les investisseurs qui craignaient de voir se multiplier les alertes négatives et les discours inquiétants quant aux perspectives à venir. Les révisions de chiffres d’affaires et de résultats ont finalement été très marginales et, faute de contreparties significatives en bourse, la hausse des actions a été très forte et rapide. Nous restons optimistes sur les perspectives d’investissement des États et entreprises, d’où notre surpondération persistante sur les actions.
Durant l’été, les obligations souveraines ont retrouvé une tendance haussière, leurs rendements se détendant significativement. Plusieurs facteurs ont contribué à ce regain d’intérêt. Les signes de ralentissement économique ont d’abord encouragé les investisseurs à renforcer cette classe d’actifs dans leurs allocations. Par ailleurs, plusieurs statistiques laissent penser que le pic d’inflation tant attendu est peut-être enfin atteint ou imminent, notamment grâce à l’important reflux du prix des matières premières. C’est donc l’espoir de politiques monétaires un peu moins agressives qui a encouragé les investisseurs à revenir à l’achat sur les obligations souveraines. Parce que le reflux de l’inflation devrait toutefois n’être que progressif et que les rendements réels des obligations souveraines restent négatifs, nous maintenons une allocation neutre sur cette classe d’actifs.
Après un début d’année très difficile, les obligations d’entreprises ont entamé un rebond significatif durant l’été. Ce mouvement s’explique par les premiers signes de reflux de l’inflation, notamment grâce à la baisse du prix des matières premières. Les investisseurs en ont déduit que les Banques centrales n’auraient pas besoin de durcir leurs politiques monétaires au-delà de ce qui est déjà intégré, d’où le soulagement pour les actifs obligataires. Par ailleurs, plusieurs statistiques confirment qu’un tassement économique est en cours, incitant les investisseurs à privilégier les obligations d’entreprises plutôt que les actions dans les secteurs les plus cycliques. Les rendements des obligations d’entreprises nous semblent généralement couvrir le risque de défauts lié au tassement économique ou à la remontée des taux directeurs, d’où notre surpondération sur ces obligations.
Le Dollar, qui n’a cessé de s’apprécier durant le premier semestre, a marqué une pause temporaire durant l’été. Son appréciation relative s’expliquait notamment par deux facteurs : le surcroît d’inflation du pays nécessitant une réaction plus brutale que dans les autres zones par la FED, et le réflexe d’achat refuge des actifs américains alors que la guerre en Ukraine rendait peu prévisibles les perspectives économiques européennes. Depuis l’été, les premiers signes d’accalmie de l‘inflation américaine et de tassement de sa croissance ont réduit l’attraction pour le billet vert. L’apparent manque de coordination entre Banques centrales, et des fondamentaux économiques désynchronisés entre zones, expliquent la dispersion de performance entre les devises. Ce facteur doit être surveillé de près pour les performances des autres classes d’actifs et donc de son épargne.
La performance des matières premières a été très accidentée en 2022. Le conflit en Ukraine a fait s’envoler le prix des matières premières énergétiques, et ces dernières sont toujours en forte hausse sur l’année. En revanche, les prix des denrées agricoles n’ont pu préserver leur hausse, atténuant heureusement le risque de tensions sociales dans les pays émergents. Les métaux industriels ont vu leurs prix décrocher du fait du tassement de la croissance économique, mais aussi à cause de la mauvaise gestion de la COVID par la Chine, asphyxiant sa propre économie. Les métaux précieux et l’or reculent, en dépit des incertitudes internationales, probablement du fait de la forte appréciation du Dollar. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous semble persister (cf. dynamique de l’investissement), nous maintenons donc notre surpondération sur cet actif.
À l’instar des autres zones, la performance des actifs émergents est négative en 2022, mais même en deçà des zones développées. Au sortir de l’été, le recul des actions est de -19,31% et celui des obligations de -15,85%. Le tassement économique en cours n’incite pas les investisseurs internationaux à se porter vers ces régions, puisqu’étant plus cycliques que les pays développés, et donc plus sujets à faire défauts ou faillite. Par ailleurs, les tensions sur les prix énergétiques et sur les produits agricoles peuvent être vite des sources d’instabilité politique et sociale dans ces pays (cf. Sri Lanka), du fait du poids persistant de ces postes dans la consommation des ménages. Enfin, le Dollar fort exerce une pression additionnelle sur le coût de la dette de nombreux pays émergents. Il nous semble préférable de rester neutre sur les actifs émergents à ce stade.