Le Royaume Uni a voté en faveur de la sortie de l’UE et fait mentir les marchés
Depuis des mois, nous expliquons que les marchés financiers ne craignaient rien, à tort, du référendum britannique. Les rebonds de ces derniers jours suite au décés de la député Joe Cox confirment la sous évaluation chronique des investisseurs des évènements peu probables. Le voile sur le référendum britannique est enfin levé. Selon les premières indications, le taux de participation aurait été de 72.2% et le «Brexit» l’emporterait de 51.7% face au «Bremain». En dépit du pragmatisme économique légendaire des sujets de la Reine, l’île veut donc redevenir une île et les populistes l’emportent.
Niveau devise, d’abord la livre (GBPUSD, -7,5% à 10h24)
Objet de toutes les attentions des investisseurs, la Livre Sterling retrouve ses plus bas depuis 1985! Après une phase d’attrait relatif par réflexe de protection, les obligations souveraines de Sa Majesté risquent d’être délaissées par les investisseurs du fait de la flambée d’inflation importée à venir qui contraindra la Banque d’Angleterre à relever ses taux directeurs.
Puis le Nikkei, qui continue à souffrir (NIKKEI -8%)
Le Dollar et le Yen absorberont en priorité les flux sortants d’Europe. Parce que les actions japonaises sont particulièrement sensibles aux fluctuations de la devise nationale, le Nikkei devrait violemment souffrir de cette décision. Après la première phase de réaction épidermique baissière, les Etats-Unis seront certainement considérés comme étant la zone «sanctuaire» dans un tel contexte. Les actifs refuges, tel que l’or, devraient flamber temporairement, alors que les matières premières «cycliques» (pétrole et métaux industriels) devraient en revanche décrocher du fait de la perspective d’une croissance économique mondiale amputée. Les Banques centrales chercheront bien entendu à limiter cette panique par des interventions sur les devises, que celles-ci soient concertées ou non.
Nous expliquions déjà ces considérations sur les changes dans notre article “Brexit: quelles conséquences pour la France?”, à lire ici.
Côté actions, (-4,5% à 10h30 en passant par -8,70% à l’ouverture)
Le Footsie (l’indice actions anglaises) devrait corriger afin de traduire le risque dépressif que cette décision fait peser sur le PIB du pays puis, dans un second temps seulement, le redressement compétitivité du pays dû au reflux de la devise nationale redonnera de l’attrait aux actions britanniques. Alors que les investisseurs souhaitaient se repositionner sur les actions européennes avant les publications trimestrielles car les signaux macroéconomiques favorables récents militaient pour des résultats de bonne qualité, c’est au contraire des ventes qui auront lieu.
Plus qu’un évènement financier majeur, c’est surtout la politique de Cameron et l’Europe qui est mise à mal. Au-delà de ces ajustements financiers sur les marchés, ce référendum laissera de très importantes traces sur le plan politique, et donc sur les perspectives économiques et financières de long terme. David Cameron devra démissionner dans les 3 mois et l’article 50 sera négocié avec Bruxelles pour une sortie étalée du Royaume-Uni dans les 2 ans qui suivent, en théorie. En réalité, afin d’atténuer le possible choc économique que cette décision provoque, les instances européennes pourraient accorder des statuts d’exception au Royaume-Uni afin de lisser les impacts économiques et financiers. Le couple franco-allemand cherchera à ressouder l’Union Européenne, mais dans la mesure où chacun de ces deux dirigeants est en fin de mandat (élections dans les deux pays en 2017), il sera difficile de trouver une ligne commune. L’Ecosse devrait voter son indépendance à l’égard du Royaume-Uni, le pays perdant alors son pétrole en Mer du Nord. Par effet de contagion, diverses régions ou pays pourraient revendiquer des changements de rattachements économiques. A ce titre, l’élection en Espagne pourrait raviver les volontés indépendantistes des catalans, ce week-end sera de ce point de vue un test important.
Le cheval de Troie a ainsi pénétré l’Union EuropéenneLe cheval de Troie a ainsi pénétré l’Union Européenne : tout peuple européen peut désormais légitimement revendiquer auprès de son gouvernement le droit de s’exprimer lui aussi sur l’appartenance à l’Union Européenne, opportunité que ne manqueront pas d’exploiter les partis politiques anti-establishment. Par ailleurs, en février, David Cameron était parvenu arracher aux autres membres de l’Union Européenne des avantages spécifiques pour son pays. Mais cette Europe «à la carte» sera-t-elle alors un modèle pour permettre à la zone de survivre à long terme ? La réponse à toutes ces questions sera avant tout POLITIQUE, ce qui complique l’anticipation de ces décisions par les investisseurs internationaux.
Du côté de chez WeSave
Parce que la préservation des actifs de nos clients est notre priorité absolue, et que les « cygnes noirs » migrent plus fréquemment que l’on pense au-dessus de la planète Finance, chez WeSave, nous avions adopté très en amont des positions défensives sur l’ensemble des profils de nos client. C’est pourquoi nous étions sous-pondérés sur les actions (depuis le 2 juin 2016) et que nous avions basculé une part majeure de nos actions sur le seul marché qui nous paraissait être encore un « sanctuaire » : les Etats-Unis. Sur la zone Euro, nous avons privilégié l’Allemagne, même si le Brexit entraîne nécessairement de la volatilité de court terme. Qui plus est, l’appréciation du Dollar ou des actifs refuge tel l’or participent au pilotage de la volatilité de nos portefeuilles.
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