Débrief sur les obligations
Avant le résultat des élections américaines
Les marchés financiers sont actuellement très agités, et les actifs dit « défensifs » peinent à produire l’effet protecteur. Si les obligations souffrent actuellement, c’est que les investisseurs intègrent la probabilité d’un relèvement des taux américains en décembre, et que les anticipations d’inflation sont désormais plus fortes (via les matières premières ou les salaires), ce qui pourrait amener d’autres banques centrales à relever à leur tour leurs taux d’intérêts.
Après le résultat des élections américaines
Le scénario Trump
Trump risque de remettre en cause à la fois les décisions des dirigeants de la FED et les marges de manoeuvres associées, ce qui veut dire que la politique monétaire envisagée sera remise à plat et entraînera un bouleversement des calendriers établis. La croissance économique mondiale serait fortement impactée par la fermeture des frontières prônée par Trump durant les élections. Le protectionnisme et le repli sur soi des USA (rapatriement des capitaux, relocalisation) affecterait fortement les anticipations de la FED et menacerait la remontée programmée des taux.
Le scénario Clinton
Statu quo. Les dynamiques actuelles sont maintenues et les taux sont plutôt amenés à monter légèrement: une remontée des taux légère est envisagée au gré de la politique monétaire de la FED et des anticipations d’inflation et de croissance. De plus, une élection d’H.Clinton devrait par ailleurs plutôt profiter au Dollar car la FED serait confortée dans ses prérogatives et que puisque la croissance économique devrait être en ligne avec ses actuelles prévisions, elle pourrait donc relever dès décembre ses taux directeurs.
En clair, si votre allocation de portefeuille est défensive, un scénario Trump nous encouragerait à valider une prise de bénéfices quelques jours après son élection pour investir sur des obligations à maturité plus courtes et donc moins volatiles.
Débrief sur les actions
Pour ce qui est des actions, les élections américaines sont au cœur des fluctuations depuis 1 mois, et plus encore depuis 10 jours.
Avant les résultats des élections américaines
Le contexte économique américain est actuellement plutôt favorable. En effet, les statistiques économiques sont solides et les publications trimestrielles des entreprises américaines rassurent. Ainsi, les bénéfices des entreprises progressent de +5.3% durant ce trimestre (80% des entreprises américaines ayant déjà publié), ce qui justifie jusqu’à maintenant une exposition significative sur les actions américaines.
Après le résultat des élections américaines
Le scénario Trump
L’élection de D.Trump conduirait à une forte incertitude quant à la situation économique future américaine, mais aussi internationale. En effet, le candidat Républicain souhaite mettre en place un fort protectionnisme économique et militaire. Si tel était le cas, cela ne pourrait que déstabiliser fortement les marchés financiers du fait des risques de rétorsions et de replis sur soi généralisés qui affecteraient brutalement le commerce international.
Le scénario Clinton
L’élection de Mme Clinton assurerait en revanche un certain statu quo économique, moyennant quelques concessions sociales vouées à satisfaire l’aile gauche du parti Démocrate (i.e. les électeurs de B.Sanders). Plutôt que le saut dans l’inconnu que l’élection de D.Trump pourrait engendrer, les investisseurs sont donc favorables à l’élection de la candidate démocrate. Elle ne disposerait en revanche probablement pas du soutien parlementaire nécessaire pour mettre en œuvre l’intégralité de son programme. En effet, le Sénat devrait basculer en faveur des Démocrates, alors qu’en revanche la Chambre des Représentants devrait rester entre les mains des Républicains. La marge de manœuvre économique d’H.Clinton devrait donc rester limitée. Les probables priorités qui pourraient être engagées seraient une relance des infrastructures américaines et la remise en cause des tarifs pratiqués par les laboratoires pharmaceutiques, ce sont donc les 2 secteurs qui en bourse devraient le plus réagir à cette élection à court terme.
Quelques éléments d’appréciation quant à l’issue du vote de demain
L’élection présidentielle américaine se tient le mardi 8 novembre mais, aux Etats-Unis, les électeurs peuvent voter par anticipation durant le mois qui précède la date officielle. Plus d’1/3 des électeurs américains votent par anticipation, c’est pourquoi les aléas des campagnes respectives de chacun des 2 candidats sont particulièrement important durant le mois qui précède la date finale.
Les investisseurs étaient assez sereins quant à la probabilité d’une élection plutôt confortable d’H.Clinton, D.Trump étant notamment empêtré dans 2 affaires : ses impôts et des propos sexistes. Par ailleurs, le mode de scrutin aux Etats-Unis joue plutôt en faveur de Mme Clinton, car le candidat qui emporte un Etat emporte tous les grands électeurs qui y sont attachés, et la démographie américaine joue plutôt en faveur des Démocrates.
La décision il y a 10 jours du FBI de réactiver l’affaire des mails de Mme Clinton a changé brusquement la donne et provoqué des dégagements de la part des investisseurs sur l’ensemble des actifs financiers, qu’ils soient risqués ou non. Toutefois, ce week-end, le FBI a finalement considéré qu’au vu des documents analysés, sa précédente décision de ne pas poursuivre H.Clinton pour cette affaire pouvait être confirmée. Parce que la période où D.Trump était en difficulté a été bien plus longue que celle d’H.Clinton, il est probable que les votes anticipés ont plutôt bénéficié à la candidate Démocrate.
L’écart dans les sondages entre les 2 candidats reste étroit (46.4% pour H.Clinton contre 44.4% pour D.Trump au 7 novembre à 15h55), et cet écart ne couvre pas les erreurs statistiques habituelles pour tout sondage (2-3%), c’est pourquoi les investisseurs préféreront certainement attendre le résultat de l’élection afin de déterminer leurs allocations futures.