Date de publication : 21 décembre 2016

2016, des marchés sous l’emprise des évènements politiques

Dix jours, dix heures, dix minutes. Bien que caricatural, c’est à peu près le temps qu’il aura fallu aux investisseurs pour effacer sur les marchés d’actions les effets successifs du « Brexit », puis de l’élection de D.Trump, et enfin du « non » au référendum italien. Ces rendez-vous politiques majeurs auront chacun à leur tour semé le doute sur les marchés financiers mais, bien vite, seuls les aspects positifs auront finalement été retenus. Avec un peu de recul, qu’en est-il vraiment ?

Les points clés à retenir sur le Brexit :

  • Le début des négociations sur le « Brexit » est prévu d’ici la fin mars 2017 et devrait donner lieu à deux ans de négociations. Le calendrier étant incertain et différé, le thème du « Brexit » est mis à profit par les investisseurs.
  • Les valeurs domestiques anglaises sont pénalisées par le risque de moindre activité à terme, alors que celles qui sont exportatrices bénéficient en revanche d’une dynamique de compétitivité grâce au repli de la devise.
  • Les effets sectoriels à terme sont incertains puisqu’il n’est pas possible d’anticiper si ce sera un « soft Brexit » ou un « hard Brexit ».
  • La baisse de la Livre Sterling posera des problèmes de structure de coûts à certaines entreprises et fait déjà perdre beaucoup de pouvoir d’achat aux ménages anglais.
  • La Banque d’Angleterre devra trancher entre un soutien à la croissance par une baisse des taux d’intérêts (cf. -0.25 points de base en août 2016) ou bien, au contraire, lutter contre l’inflation à venir en relevant les taux d’intérêts.

Conclusion : Les véritables difficultés se poseront pour le Royaume-Uni et pour ses partenaires (européens notamment) plutôt en 2018-2019.

Les points clés à retenir sur l’impact économique de la politique de D.Trump :

  • La baisse massive de fiscalité envisagée sur les entreprises (35% -> 15%) et sur les ménages (sept tranches -> trois tranches de 30%, 20% et 10%) devrait soutenir les chiffres d’affaires et les résultats des entreprises américaines.
  • Inciter par la fiscalité les entreprises US à rapatrier leurs trésoreries immobilisées à l’étranger devrait en priorité doper les dividendes et les rachats d’actions, soutenant alors plutôt la consommation que l’investissement du pays.
  • Du fait des contraintes d’aval parlementaire, le soutien aux infrastructures semble difficile à mettre en œuvre dès 2017, donc plus probablement pour 2018 et au-delà.
  • L’actuelle vigueur du Dollar pénalise la compétitivité des entreprises américaines à l’étranger comme sur le territoire national, et influencera donc les décisions de politique monétaire de la FED.
  • La politique économique de D.Trump implique de tolérer un très fort accroissement du déficit budgétaire, ce qui devrait susciter l’hostilité de nombreux Républicains.
  • Augmenter l’endettement du pays alors que les taux d’intérêts remontent signifie dégrader fortement le service de la dette, du fait des obligations additionnelles à émettre et parce que les taux d’intérêts évoluent de façon défavorable.
  • L’isolationnisme américain envisagé pourrait donner lieu à des rétorsions commerciales ou financières (cf. Chine qui possède 20% de la dette de l’Etat US).
  • Une politique budgétaire américaine très accommodante devrait se traduire en contrepartie par une politique monétaire moins généreuse de la FED, ceci du fait de la croissance et de l’inflation additionnelle engendrée.

Conclusion : L’ampleur et le calendrier du soutien budgétaire américain étant encore confus, la FED devra adapter ses actes et ses discours en 2017. Une véritable impulsion économique US est plus probable en 2018 que dès 2017.

Les points clés à retenir sur le référendum italien :

  • L’instabilité politique réapparait en Italie, avec un risque d’immobilisme économique alors même que les fondamentaux du pays sont défavorables : dette/PIB à 133%, 11.6% de chômage et 0.8% de croissance estimée pour 2016 et 2017.
  • Une importante recapitalisation des banques italiennes est indispensable car les créances douteuses représentent 20% du PIB italien (360Mds €, dont 198Mds € jugées non recouvrables).
  • A titre dérogatoire, la BCE et Bruxelles pourraient autoriser l’Etat italien à participer à la restructuration et à la recapitalisation des banques du pays … toute résolution de la problématique bancaire italienne serait très favorablement perçue.
  • Afin d’éviter une hausse relative excessive des taux d’intérêts italiens, la BCE a indiqué être disposée à acheter temporairement plus d’obligations italiennes que son programme de « quantitative easing » ne le permet normalement.
  • A ce stade, le risque de voir l’Italie s’engager vers la sortie de l’U.E. ou de la zone Euro est minime.

Conclusion : Plus encore que l’instabilité politique en Italie, c’est la problématique bancaire que le pays doit impérativement adresser.
Début 2016, les craintes les plus extrêmes s’imposaient sur les marchés financiers : ralentissement de l’économie chinoise, possible récession américaine, effondrement des prix des matières premières, versatilité des devises émergentes, déflation généralisée,… Mais en fin de compte ce ne sont pas tant les menaces économiques qui se sont matérialisées que les risques politiques. Et pourtant, l’économie semble être bien plus robuste et moins sensible aux aléas politiques que les investisseurs ne l’imaginaient…
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Dix jours, dix heures, dix minutes … le bilan 2016

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

Category: Économie et marchés