Date de publication : 1 avril 2017

Le risque sur les marchés d’actions a-t-il disparu ?

Qu’est-ce que la volatilité ?

Le terme « volatilité » peut signifier deux choses différentes en finance et il convient de bien comprendre cette différence pour ne pas se tromper dans l’interprétation. La première définition est la volatilité dite « historique », exprimée en pourcentage et annualisée, elle est calculée à partir d’un historique de rendements (même si la méthode peut être améliorée par des choix statistiques) et reflète donc le niveau de volatilité/stress passé. C’est la méthode le plus souvent utilisée pour présenter à un investisseur le niveau de risque de ses investissements.
La seconde approche est la volatilité dite « implicite », exprimée en points, elle représente le niveau de volatilité qui est attendu sur les marchés dans un certain nombre de mois. C’est donc alors une approche prospective. La volatilité implicite tient son nom de la méthode utilisée pour la calculer.

Le VIX ou le VSTOXX sont les indices de volatilité implicite les plus connus.

En effet, elle ne s’appuie pas sur des rendements historiques mais sur la valeur d’un paramètre d’une formule mathématique utilisée pour calculer le prix des options (instruments financiers permettant d’avoir le droit d’acheter/vendre un titre à une date donnée et à un prix donné). Le VIX (marché américain – S&P500) ou le VSTOXX (marché européen – EuroStoxx50) sont les indices de volatilité implicite les plus connus, permettant d’avoir une estimation du niveau de volatilité anticipée par les marchés financiers dans 3 mois.

Quel lien avec les rendements de mon contrat ?

Sur les marchés d’actions, un fait bien connu des investisseurs est que lorsque la volatilité des marchés augmente (baisse), le prix des actions diminue (augmente). Il y a ce que l’on nomme une corrélation négative forte entre la volatilité implicite et les marchés d’actions, c’est ce qu’illustre le graphique ci-dessous.
Le jour de la rédaction de cet article, la volatilité implicite est à 11.23 points. Voici quelques repères pour analyser la situation :

  • Moyenne du VIX depuis 1 an : 13.69
  • Moyenne du VIX depuis sa création : 19.63
  • Point le plus haut depuis sa création : 80.86 (le 20 novembre 2008)
  • Point le plus bas depuis sa création : 9.31 (le 22 décembre 1993)

On peut donc conclure sans trop d’hésitation que nous observons un niveau de stress sur les marchés d’actions américaines très faible, ce qui se traduit par une hausse des actions de 5,63% depuis le début de l’année. Face à ces niveaux de volatilité faible, la probabilité de voir une hausse de la volatilité augmente (après le beau temps vient la pluie). Le biais comportemental des investisseurs prend donc le pas et la tentation de couper une partie des positions sur les marchés d’actions augmente.

Est-ce que je dois me couvrir contre une hause du risque à venir ?

Le comportement des investisseurs professionnels est à cet égard très intéressant. Ils n’osent plus aller à l’encontre des marchés d’actions. Certains investisseurs ont en effet perdu énormément de performance au cours de l’année 2016 en prévoyant une baisse des marchés, et ils en sont pour leurs frais. Leurs portefeuilles ne sont donc plus assez investis et, depuis le début de l’année, ils profitent de chaque petite baisse pour re-rentrer sur les marchés.
De plus, les investisseurs observent que lorsque les marchés corrigent, ces baisses sont pour le moment de très faible ampleur, et ils préfèrent donc ne pas se couvrir. Le choix réside dans le coût de la couverture qui peut être important. Il existe malheureusement dans le cadre de l’assurance-vie une seule solution pour se couvrir : couper une partie de la position et l’investir dans une classe d’actif décorrélée.
La difficulté liée à cette option réside dans le timing du marché. En effet, couper une partie de l’exposition actions revient à sacrifier une partie du rendement de cette classe d’actifs au profit d’une autre moins risquée et donc avec un rendement espéré plus faible. De plus, cette classe d’actifs moins risquée peut avoir un rendement négatif sur la période. C’est l’une des raisons pour laquelle nous avons maintenu inchangées nos perspectives sur les marchés d’actions pour le mois à venir.
Une seconde solution aurait été d’investir dans un ETF dont le sous-jacent est la volatilité.
Malgré nos requêtes insistantes, l’utilisation d’un ETF indexé sur la volatilité implicite n’est pas possible car les assureurs refusent de mettre à disposition des investisseurs particuliers ces ETF qu’ils jugent trop complexes à comprendre. Le descriptif de leur fonctionnement fera certainement l’objet d’un prochain article…
En conclusion, la faible volatilité incite à la vigilance mais n’est pas pour autant un signal avancé d’un retournement de la classe d’actifs.
Corrélation forte VIX et S&P 500
Sources : Bloomberg, WeSave

Le risque sur les marchés d’actions a-t-il disparu ? – Pour aller plus loin

Rémy Lambinet
Rémy Lambinet

Rémy Lambinet est gérant quantitatif, docteur en mathématiques appliquées à la finance, expert des produits indiciels, il intervient régulièrement en 2015 sur les thématiques liées aux ETF. Il rejoint WeSave.fr en janvier 2016 en tant que responsable de la gestion quantitative.

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