Olympiades boursières
«Citius, Altius, Fortius»
«Citius, Altius, Fortius». Cette devise qui signifie «plus vite, plus haut, plus fort» est intimement liée aux jeux olympiques modernes. Toutefois, actuellement, la plupart des classes d’actifs boursières pourraient tout aussi bien revendiquer ce slogan. Ainsi, Wall Street enchaîne les records historiques, les marchés obligataires ne se sont jamais aussi bien portés, et les matières premières et pays émergents accaparent les podiums cette année. Et pourtant, la croissance économique mondiale reste languissante, les marges bénéficiaires de nombreuses entreprises se dégradent et les tensions géopolitiques s’enchaînent à un rythme soutenu. Comment justifier alors des valorisations qui ne cessent de stupéfier les observateurs les plus assidus de ces marchés financiers ?
Tous dopés !
Ces records successifs s’expliquent en réalité par l’extraordinaire «oxygénation» monétaire qu’insufflent depuis plusieurs années déjà la plupart des banques centrales. En effet, par leurs «injections» de liquidités, elles altèrent le métabolisme naturel des marchés. Le monétaire, puis l’obligataire souverain, et même désormais les obligations d’entreprises font ainsi l’objet de stimuli artificiels qui compriment systématiquement leurs rendements. Cette stratégie contraint alors les investisseurs recherchant du rendement à se porter acquéreurs de classes d’actifs plus risquées mais offrant encore une rémunération potentielle de long terme significative. La hiérarchie des primes de risques entre les différentes classes d’actifs est donc structurellement faussée par l’action des banques centrales
L’assainissement financier à l’initiative des États-Unis
Parce que le cycle économique américain est plus mature que celui de nombreux pays et que son système bancaire a été fortement remanié depuis la crise des «subprimes», la Banque Centrale américaine (FED) s’interroge sur l’opportunité et le moment afin de relever une seconde fois ses taux directeurs. En effet, le patrimoine des ménages bénéficie de marchés financiers aux plus hauts et d’une dynamique restaurée du marché immobilier. Par ailleurs, le chômage est désormais quasi incompressible et des hausses de salaires mettent enfin un terme à des années de sacrifices des ménages, d’où une dynamique de consommation plus pérenne. Enfin, malgré quelques à-coups ponctuels, les turbulences financières semblent vite effacées. C’est pourquoi le symposium annuel des banques centrales de Jackson Hole a offert une occasion à Janet Yellen de préparer les investisseurs à une nouvelle hausse des taux. Dans la mesure où la réunion de la FED du 14 décembre serait postérieure à l’élection présidentielle américaine, cette réunion pourrait être une bonne opportunité pour agir de nouveau.
Les banques, médaillées surprise des compétitions paralympiques
Un relèvement des taux directeurs américains pourrait, par effet de contagion, rehausser un peu les rendements des obligations mondiales et restaurer une dynamique de profitabilité aux banques. Pire performance sectorielle en 2016, le secteur bancaire pourrait paradoxalement bénéficier de la perspective d’une inflexion de la politique monétaire américaine. En effet, l’une des appréhensions majeures des investisseurs à l’encontre de ce secteur est sa vulnérabilité aux taux d’intérêts négatifs, ces derniers asphyxiant la rentabilité des banques. Un relèvement des taux directeurs américains pourrait, par effet de contagion, rehausser un peu les rendements des obligations mondiales et restaurer une dynamique de profitabilité aux banques. Si tel était le cas, certains poids lourds sectoriels tel que l’énergie pourraient en revanche essuyer des prises de bénéfices dans la mesure où les matières premières souffriraient certainement d’un regain de vigueur du Dollar. Sans même présumer de la tendance haussière ou baissière des marchés d’actions, le relèvement des taux directeurs américains pourrait être à l’origine de rotations significatives des allocations des investisseurs.
sources: Bloomberg, WeSave