Le football au relais de la croissance portugaise.
Souhaitons au Portugal que sa victoire à l’Euro 2016 de football puisse profiter aussi longtemps que possible à la croissance du pays. En effet, remporter une telle compétition ne peut que doper provisoirement la confiance des ménages portugais et leur envie de consommer, ce qui soutiendra l’activité des entreprises locales. Ce faisant les rentrées fiscales ponctionnées sur la consommation des ménages ou sur les bénéfices des entreprises seront plus soutenues, ce qui allègera à la marge la contrainte budgétaire de l’Etat. Mais le Portugal affichait en 2015 un déficit public de 4.4% du PIB alors que l’objectif était un retour sous les 3%.
C’est pourquoi, le 12 juillet 2016, Bruxelles doit débattre quant à sanctionner Madrid et Lisbonne du fait de leurs dérapages budgétaires respectifs. Cette démarche est rendue difficile par le «Brexit» et l’euroscepticisme qui en découle, mais il est pour autant difficile de ne jamais sanctionner les écarts des Etats et de laisser faire une permanente union européenne «à la carte» ! Affichant à l’égard du Portugal un «fair play» anachronique, la France fait partie des pays militant pour une nouvelle indulgence à l’égard de ces deux pays, la France craignant en réalité de faire elle-même l’objet des réprimandes de Bruxelles à terme.
La Commission européenne pourra proposer une amende allant jusqu’à 0.2% du PIB, mais si des «circonstances économiques exceptionnelles» étaient évoquées, ces deux pays pourraient être sanctionnés mais aucune amende n’être finalement appliquée.
Le Portugal à la traîne…
Les fondamentaux du Portugal restent très éloignés des moyennes actuelles et exigences de la zone Euro Même en prenant l’hypothèse que les estimations économiques portugaises sous-estiment les effets bénéfiques de la victoire de l’Euro de football, les fondamentaux du pays restent très éloignés des moyennes actuelles et exigences de la zone Euro. Ainsi, la progression du PIB du pays est attendue à +1.1% en 2016 contre +1.8% pour la zone Euro, son inflation devrait avoisiner les +0.6% contre +0.4% pour la zone Euro, et le chômage du pays reste très élevé à 11.8% contre 8.6% en moyenne en zone Euro. La balance courante portugaise resterait par ailleurs déficitaire de -0.5% du PIB, rendant toujours très difficiles les négociations avec Bruxelles.
Bien que le Portugal ne doive rembourser que 8% de sa dette souveraine dans les 12 mois à venir, avec plus de 250Mds € de dette (129% de dette/PIB), le pays reste sous la menace permanente de la dégradation de sa note souveraine par la petite agence de notation canadienne DBRS (voir l’article sur les échos), ce qui aurait pour conséquence d’exclure alors le pays du programme d’obligations éligibles par la BCE dans le cadre de son «quantitative easing».
La célébration de la victoire du Portugal à l’Euro de football pourrait ainsi être de brève durée !
D’un point de vue allocation : nous avons une préférence pour les pays core en zone euro, du fait des stress que portent les systèmes bancaires des pays périphériques notamment.