Date de publication : 5 juillet 2018

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  Alors que début juin les investisseurs retrouvaient de l’appétit pour les classes d’actifs risquées, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont finalement provoqué un reflux des actions en fin de mois. Les stratèges sont contraints d’ajuster leurs prévisions car la croissance économique de beaucoup de pays pourrait être affectée par ces tractations difficiles. De plus, l’inflation pourrait accélérer car ces surtaxes sont souvent trop brutales pour pouvoir être absorbées par les entreprises. C’est donc un scénario avec un peu moins de croissance et un peu plus d’inflation qui peut désormais être envisagé, ce qui nuit aux perspectives bénéficiaires des entreprises. Les publications trimestrielles et plus encore les discours les accompagnant sont donc attendus avec beaucoup d’impatience, c’est pourquoi l’allocation sectorielle devrait rester un exercice complexe. Dans un tel contexte, nous maintenons notre neutralité sur les actions.

Obligations souveraines 

 
Après un mois de mai particulièrement agité, les rendements des obligations souveraines ont retrouvé une volatilité plus conforme aux normes de la classe d’actifs. Comme attendu, la FED a encore relevé ses taux directeurs, et laisse entendre qu’elle pourrait le faire encore à deux reprises en 2018. La BCE a annoncé la fin progressive de son soutien monétaire exceptionnel d’ici à la fin d’année, mais aussi que la taille de son Bilan et que sa politique monétaire resteront ensuite stables jusqu’à la fin de l’été 2019, voire au-delà. En dépit des incertitudes croissantes quant à la croissance économique à venir, la possible montée de l’inflation pénalise actuellement les reports prudentiels vers les obligations. À noter que les obligations souveraines américaines devraient retrouver un certain attrait auprès des investisseurs car le rendement du dividende des actions leur est désormais souvent inférieur. Nous maintenons notre neutralité sur les obligations souveraines.

Obligations d’entreprises

 
L’élection de D.Trump a été concomitante avec un point bas majeur des rendements obligataires des États et des entreprises. Le cycle économique étant solide et les rendements obligataires très faibles, les investisseurs ont alors privilégié l’investissement sur les actions. Mais aujourd’hui les incertitudes sont plus nombreuses (Brexit, tensions commerciales,…) et le rendement des obligations est désormais plus intéressant. Les entreprises ayant de plus fait d’importants efforts de maîtrise de leurs coûts, leur solvabilité est bien meilleure qu’auparavant. Si la pérennité de la croissance économique venait à être remise en cause, les investisseurs allégeraient leurs expositions aux actions au profit des obligations d’entreprises solvables (“Investment Grade”), d’où notre surpondération sur cette classe d’actifs. Le couple rendement-risque des sociétés ayant des Bilans fragiles (“High Yield”) nous semble désormais mieux récompensé avec des rendements avoisinant les 6%.

Devises

Plusieurs facteurs expliquent l’actuel rebond du Dollar face aux grandes devises internationales : la dynamique de croissance des États-Unis est dopée par des soutiens budgétaires et fiscaux, des allégements fiscaux spécifiques incitent les entreprises américaines à rapatrier des capitaux jusqu’alors immobilisés à l’étranger, et la politique monétaire de la FED est graduellement plus restrictive. Mais le bras de fer commercial initié par l’Administration Trump encourage aussi certains pays à trouver des parades pour préserver leur compétitivité. Il est ainsi probable que les autorités chinoises aient délibérément amorcé une dévaluation du Yuan afin de compenser en partie l’impact des taxes imposées par les États-Unis. Il convient d’être très vigilant quant à l’évolution à venir des devises car leur volatilité déstabilise les plans d’investissements des entreprises et complique certains remboursements d’emprunts … c’est donc une source de frein à la croissance.

Matières Premières

Le mois de juin a été caractérisé par une forte volatilité du pétrole, achevant finalement le mois à proximité de ses plus hauts annuel. L’OPEP et quelques pays alignés, dont la Russie, ont décidé d’assouplir leurs quotas de production en s’engageant à injecter jusqu’à 1 million de barils quotidiens additionnels afin de compenser les manquements de production du Venezuela ou pour contrebalancer la production que l’Iran ne pourra plus exporter du fait des sanctions américaines. Les métaux industriels ont fortement oscillé durant le mois pour finalement baisser. Les métaux précieux, et notamment l’or, ont été pénalisés par la force du Dollar. Plusieurs matières premières agricoles, dont plus particulièrement le soja, ont vu leurs cours pénalisés par les tensions commerciales internationales. Nous conservons notre allocation neutre sur les matières premières, sauf sur l’or qui nous semble encore attrayant du fait des incertitudes croissantes.

Émergents 

 
Les actifs “émergents” sont actuellement sous pression et d’importants flux de capitaux délaissent ce qui était jusqu’alors une thématique consensuelle. Les tensions commerciales initiées par l’Administration Trump pèsent ainsi tout particulièrement sur ces pays car ils sont particulièrement dépendants de la dynamique du commerce international. De plus, l’appréciation du Dollar face à la plupart des devises émergentes renchérit d’autant le coût de remboursement des dettes contractées en Dollar. Afin de limiter le repli de leurs devises, beaucoup de banques centrales de pays émergents relèvent leurs taux d’intérêts directeurs, ce qui pèse bien entendu sur la capacité d’emprunt des États, des entreprises et des ménages. La visibilité quant à la croissance économique à venir de ces pays se dégradant nous incite à maintenir notre sous-pondération à l’égard de cette classe d’actifs, d’autant que sa volatilité boursière est souvent forte.      

Vue des actifs – l’Éclaireur Juillet 2018

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

Category: ÉclaireurÉclaireur Juillet 2018Économie et marchés