Actions
L’été n’a fait qu’accentuer la dispersion de performance entre les différentes zones géographiques sur les marchés d’actions. Le surcroît de croissance économique des ÉtatsUnis par rapport à l’Europe, notamment grâce à la très forte réduction de la fiscalité sur les entreprises américaines, justifie ce différentiel de performance. En revanche, la forte contre-performance des émergents s’explique par les difficultés rencontrées par certains pays (Turquie, Venezuela, Argentine,…), par les signes de tassement de la croissance chinoise, et par les incertitudes dues aux tensions commerciales internationales. Les investisseurs auront l’attention focalisée sur plusieurs sujets politiques importants : négociations du Brexit, bras de fer budgétaire entre l’Italie et l’Union Européenne, élections de mimandat aux États-Unis. Le probable essoufflement de la croissance mondiale nous incite à maintenir notre neutralité sur les actions.
Obligations souveraines
En dépit de leurs rendements plutôt modestes au vu des niveaux actuels d’inflation, les obligations souveraines “sûres” ont à nouveau séduit les investisseurs durant l’été. Ce report vers la “sécurité” s’explique notamment par le fait que les tensions commerciales participent au regain de volatilité des devises (émergentes notamment) et qu’elles dégradent la visibilité des perspectives économiques. De plus, l’actuel recul des prix des matières premières atténue les pressions inflationnistes à venir, ce qui est plutôt favorable aux obligations souveraines. Toutefois, les investisseurs sont très attentifs aux risques potentiels attachés aux pays. Ainsi, par exemple, les obligations italiennes subissent des retraits de capitaux par crainte de négociations budgétaires difficiles avec l’Union Européenne. Nous privilégions actuellement encore les obligations souveraines “sûres” dans nos allocations, et nous maintenons notre neutralité sur les obligations souveraines.
Obligations d’entreprises
Bien que certaines banques centrales durcissent graduellement leurs politiques monétaires (la FED notamment), l’accès au crédit reste peu onéreux pour les entreprises. Toutefois, les tensions commerciales internationales pourraient affecter la dynamique de croissance économique mondiale. C’est pourquoi les investisseurs sont désormais à nouveau plus regardants quant à la solvabilité des entreprises qu’ils financent, ce qui se traduit par un écartement croissant desrémunérations exigées entre les obligations d’entreprises solides (“Investment Grade”) et celles ayant plus de difficultés financières (“High Yield”). Le cycle économique ne nous semblant pas être remis en cause à ce stade, nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises. Le rendement-risque des obligations “High Yield” nous semble en revanche ne justifier qu’une exposition neutre au vu de leurs primes de long terme.
Devises
Durant l’été, le Dollar a renforcé sa suprématie parmi les principales devises au monde. Alors que la croissance économique se tasse légèrement dans plusieurs zones, les très forts soutiens fiscaux accordés aux entreprises américaines ont engendré une accélération de la croissance du pays cette année, ce qui est un facteur de soutien relatif pour le billet vert. De plus, la FED durcissant sa politique monétaire, cela entraîne une hausse de la rémunération des obligations américaines qui deviennent alors plus attrayantes que leurs homologues étrangères. Enfin, la hausse du Dollar s’explique par des achats de “protection” alors que plusieurs devises émergentes ont brutalement décroché, les tensions commerciales internationales agissant comme un “révélateur” des faiblesses de ces pays : Livre turque, Rouble russe, Rand sud-africain,… La forte volatilité des devises en 2018 est une importante source de préoccupation pour les stratégies d’allocations financières.
Matières Premières
L’été a été dommageable pour l’ensemble des segments des matières premières. Les tensions commerciales internationales pèsent sur les perspectives de croissance économique à venir, faisant craindre une moindre dynamique d’achat de matières premières et donc des risques de surproduction, d’où un recul des prix. De plus, certaines statistiques économiques suggèrent que le tassement économique chinois est plus prononcé que ne l’envisageait le consensus. La Chine étant de loin le principal acheteur de matières premières au monde, cela affecte bien entendu leurs valorisations. Enfin, les prix des matières premières évoluent souvent en symétrie du Dollar … l’actuelle vigueur du billet vert est donc plutôt un frein additionnel pour les prix des matières premières. Nous conservons notre allocation neutre sur cette classe d’actifs, sauf sur l’or qui nous semble présenter un peu d’attrait résiduel du fait des incertitudes croissantes.
Émergents
Que ce soient les actions ou les obligations, les performances des actifs “émergents” sont actuellement très mal orientées, d’importants flux de capitaux délaissant désormais ce qui était une thématique encore consensuelle en début d’année. Du fait de leur dépendance à la dynamique du commerce international, les tensions commerciales initiées par l’Administration Trump affectent ainsi plus particulièrement ces pays. Par ailleurs, les signes de tassement de la croissance chinoise nuisent aux émergents du fait de l’étroitesse des liens qui les unissent. Enfin, la très forte appréciation du Dollar face à la plupart des devises émergentes renchérit d’autant le coût de remboursement des dettes contractées en Dollar. En dépit de l’ampleur des replis boursiers sur les actifs émergents, la moindre visibilité quant à la croissance économique à venir de ces pays nous incite à maintenir notre sous-pondération à leur égard, le surcroît de volatilité à s’y exposer paraissant encore mal rémunéré.