Actions
Le mois d’avril a été à nouveau heurté pour les marchés d’actions internationaux. Au risque protectionniste déjà provoqué par D.Trump, se sont ajoutées la possible
remise en cause des accords sur le nucléaire en Iran et de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie. Cette instabilité géopolitique a notamment provoqué une hausse des prix de plusieurs matières premières (pétrole, aluminium,…), d’où des surcoûts immédiats pour beaucoup d’entreprises et un risque accru d’inflation à venir. Par ailleurs, plusieurs sociétés de technologies font l’objet de critiques plus pressantes quant à certaines de leurs pratiques (exploitation de données privées, obsolescence programmée,…), fragilisant de ce fait cette thématique particulièrement consensuelle. Les publications de résultats trimestriels et les perspectives livrées par les dirigeants d’entreprises nous confortent dans notre actuelle surpondération sur les actions, en dépit d’une volatilité bien plus forte que l’an passé.
Obligations souveraines
En avril, l’Administration Trump a ravivé les tensions avec l’Iran et la Russie, provoquant une poussée haussière des prix de plusieurs matières premières. Par ricochet, cela a accentué les craintes d’un retour plus rapide et plus fort de l’inflation. En effet, si tel était le cas, les banques centrales devraient accélérer le calendrier de relèvement de leurs taux directeurs. Les obligations souveraines ayant corrigé en avril, c’est donc que l’hypothèse d’une remontée d’inflation l’emporte toujours sur celle d’un éventuel tassement de la croissance économique. Le processus de normalisation des rendements obligataires se poursuit avec, comme la plupart du temps, une évolution en « marches d’escalier ». La remontée du rendement des obligations améliore progressivement l’attrait de cette classe d’actifs par rapport au rendement des actions. Les rendements souverains nous paraissant mieux intégrer les perspectives d’inflation à venir, nous redevenons neutre sur cette classe d’actifs.
Obligations d’entreprises
En avril, les obligations d’entreprises ont vu leurs rendements augmenter, autrement dit, leur valeur boursière a baissé. Alors même que les perspectives économiques restent solides et que la solvabilité des entreprises est robuste, les investisseurs délaissent donc ce type de dettes. Il s’agit en fait d’un processus d’arbitrage financier classique. Les investisseurs appliquent une décote aux obligations d’entreprises par rapport à celles des États, ces derniers pouvant lever l’impôt. Le rendement des dettes souveraines montant actuellement, celui des entreprises monte donc aussi par effet ricochet. Par ailleurs, les banques centrales durcissant graduellement leurs politiques monétaires, les conditions de financement des entreprises se dégradent, affectant plus particulièrement les sociétés ayant des bilans fragiles (« High Yield »). Nous
restons surpondérés sur les obligations d’entreprises et neutres sur le « High Yield ».
Devises
Le différentiel de croissance économique entre l’Union Européenne et les États-Unis, ainsi que des politiques monétaires transatlantiques distendues, favorisent le
redressement graduel du Dollar face à l’Euro. Bien que la question des relations commerciales internationales ne soit pas résolue, le rapport de force que les États-Unis imposent actuellement vise à atténuer le déficit commercial du pays, ce qui jouerait plutôt en faveur d’un Dollar plus ferme. En revanche, le financement des déficits budgétaires du pays devrait poser problème si la croissance n’était pas à la hauteur des attentes de l’Administration Trump, ce qui pèserait sur le Dollar. Les investisseurs devront tâtonner entre les tendances opposées s’exerçant sur le Dollar selon qu’il est analysé sur le court ou le long terme. Comme en 2017, les devises devraient être un facteur discriminant pour les performances des divers actifs financiers, mais la volatilité des monnaies semble être toutefois moins forte que l’an passé.
Matières premières
Les prix des matières premières ont connu un brusque accès de fébrilité en avril. La décision des États-Unis d’appliquer de nouvelles sanctions à l’encontre de plusieurs entreprises russes a déstabilisé les prix du pétrole, de l’aluminium, du blé,… En effet, il est devenu nécessaire de trouver en urgence des fournisseurs de substitution et de sur-payer ce service. L’action des lobbies industriels américains et la prise de conscience de l’effet inflationniste de cette décision ont toutefois incité l’Administration Trump à atténuer la portée de ces sanctions, d’où l’apaisement des prix des matières premières en fin de mois. Seul le pétrole semble structurellement ferme du fait des efforts de l’OPEP de maîtriser sa production, et d’une prime de risque géopolitique persistante liée au nucléaire iranien. Le cycle restant bien orienté et les matières premières offrant une protection partielle face aux craintes de remontée d’inflation, nous restons surpondérés sur les matières premières.
Émergents
Les actions et les obligations des pays émergents ont accentué leur contre-performance en avril. Les incertitudes quant à l’évolution du commerce international influencent
beaucoup les perspectives de croissance de ces pays, d’où une prime de risque croissante appliquée à ces actifs. De plus, les sanctions mises en place à l’encontre de la
Russie ont été très pénalisants pour les actifs financiers du pays, notamment pour les actions. Toutefois, la Russie reste faiblement représentée dans les indices émergents (3.6% du MSCI émergents par exemple), c’est donc surtout la mauvaise tenue des actions chinoises (26.3% du même indice) et du secteur technologique (27.8% de l’indice) qui expliquent ce repli. Le rebond du Dollar participe aussi au moindre attrait des actifs émergents puisque les pays et les entreprises de ces zones sont souvent endettés en Dollar et que le coût de leur dette remonte. Nous maintenons notre sous-pondération à l’égard de cette classe d’actifs.