Une transformation économique réussie?
Un formidable redressement économique mais avec beaucoup de laissés pour compte Le libéralisme économique mis en place dans les années 1980 par Margaret Thatcher a permis au pays de voir son PIB s’accroitre très fortement, la Grande-Bretagne étant désormais la 5ème puissance économique mondiale. Les gouvernements successifs cherchant alternativement à soutenir la croissance ou bien, au contraire, à maîtriser le budget national, le pays a longtemps été caractérisé par des successions de «stop & go» budgétaires. Après deux décennies de libéralisation à marche forcée, le gouvernement de Tony Blair a principalement rajouté quelques mécanismes de régulation sociale. En fin de compte, le modèle économique britannique repose actuellement sur une protection sociale plutôt à minima, ceci afin de réduire le train de vie et la dette de l’Etat. Ainsi, une très forte baisse des allocations chômage et une surveillance étroite des demandeurs d’emplois ont permis au pays de ramener le taux de chômage à un niveau quasi incompressible (5.4% en août 2015). D’autre part, une très forte vague de licenciements dans le secteur public et de transferts d’activité du public vers le privé ont soulagé la charge budgétaire du pays. Mais la principale contrepartie de ces politiques de rigueur est que la pauvreté est importante dans le pays, et que les inégalités de revenus sont plus élevées que dans le reste de l’Union Européenne. Par ailleurs, la très forte spéculation immobilière rend particulièrement difficile l’accession à l’immobilier pour bon nombre de britanniques, la crainte d’un krach immobilier faisant partie des préoccupations récurrentes. C’est ainsi que le pays est caractérisé par un niveau de dettes privées particulièrement élevé, et que la durée de ces dettes est plus longue que dans la plupart des pays. La dette des ménages est, en fin de compte, un frein important à la consommation nationale.
D’importants atouts et des spécificités délibérément entretenus
Les ¾ de l’activité économique du pays reposent sur le secteur tertiaire Bien que les réserves pétrolières en Mer du Nord soient déclinantes et que les prix pétroliers soient actuellement très faibles, le pays dispose toutefois d’un avantage compétitif important du fait d’une production nationale énergétique importante. Mais alors que la Grande-Bretagne a très longtemps été une puissance industrielle de premier plan, c’est aujourd’hui avant tout un pays de services. Ainsi, les ¾ de l’activité économique du pays reposent sur le secteur tertiaire, ce qui explique que la productivité nationale soit médiocre. Le très fort poids du secteur de la finance (cf. City) et de l’immobilier expose tout particulièrement le pays aux fluctuations de taux d’intérêts et aux aléas boursiers (cf. crise des «subprimes»). Les philosophies de développements économiques et sociales étant très similaires de celles mises en œuvre aux Etats-Unis, les cycles économiques et financiers de ces deux pays sont très souvent coordonnés. Ainsi, tout comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne cherche aujourd’hui à durcir progressivement sa politique monétaire. La perspective d’un coût du crédit plus élevé, mais aussi le soutien structurel que cela induit pour la livre sterling, font que bon nombre de stratèges s’inquiètent pour la croissance à venir du pays.
L’île va-t-elle redevenir une île?
Le Royaume-Uni pourrait s’émanciper définitivement de l’Union européenne Le Royaume-Uni est l’un des acteurs les plus importants du commerce international. Ainsi, le commerce représente plus de 60% du PIB du pays. Si la Grande-Bretagne continue de bénéficier de nombreux points d’échanges internationaux privilégiés, notamment au travers du Commonwealth, l’Union Européenne reste son partenaire économique principal, devant les Etats-Unis et la Chine. Membre de l’Union Européenne depuis 1973, la Grande-Bretagne a toujours préservé un statut à part (cf. conserver sa propre devise par exemple) et a su négocier de nombreux avantages financiers spécifiques. Toutefois, à des fins purement électorales, David Cameron s’est engagé à convoquer le 23 juin 2016 un référendum quant au maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne. Dans la mesure où le modèle économique et social porté par l’Union Européenne est très éloigné de celui retenu par la Grande-Bretagne, le vote contestataire britannique pourrait être fort. Qui plus est, la gestion contestée du dossier des flux migratoires en Europe pourrait mobiliser les votes nationalistes. Bien entendu, afin de favoriser le maintien du pays au sein de l’Union Européenne, les milieux financiers de Londres alerteront quant aux risques de moindre attractivité du pays (cf. menaces de multinationales de délocaliser leurs sièges sociaux), de perte d’influence de la City, de risques pour l’emploi,… Si la tentation isolationniste devait toutefois l’emporter, cela aurait pour conséquence de provoquer un référendum indépendantiste en Ecosse, l’Ecosse souhaitant pour sa part rester au sein de l’Union Européenne. Par ailleurs, la Grande-Bretagne pourrait perdre à cette occasion son atout énergétique puisque la majorité des champs pétroliers de Mer du Nord sont rattachés à l’Ecosse. La question du «BREXIT» sera dès lors cruciale pour l’économie britannique durant les prochaines années.