Et pour quelques pourcents de plus…

 

Des épargnants nous demandent parfois :

« À quoi bon chercher à bien placer mon épargne ? Gagner 1% de plus sur mes 10 000 €, c’est gagner 100 € par an… Pas la peine m’embêter pour cela ! »

Mathématiquement, c’est vrai… mais en partie seulement !

Car en pratique, quelques pourcents de plus peuvent faire une immense différence, non seulement dans le futur, pour vos vieux jours, mais aussi dès aujourd’hui, dans votre train de vie quotidien.

Nous allons voir comment…

 

1. Profitez de la puissance des intérêts composés

Placer 10 000 euros à 1 % vous rapportera effectivement 100 euros en fin d’année. C’est indéniable.

Mais en pratique, nous épargnons tout notre vie… et c’est à long terme que les intérêts composés démontrent toute leur force.

Commençons par un bref rappel des intérêts composés, avec un taux de 10 % pour faciliter les calculs.

• 10 000 € placés à 10 % rapportent 1 000 € la première année, qui sont ajoutés au montant placé.
• L’année suivante, ce sont donc 11 000 € qui portent intérêt, et rapportent ainsi 1 100 €.
• L’année suivante, le capital s’élève à 12 100 €, et porte un intérêt de 1 210 €…

Les intérêts composés, c’est les intérêts sur les intérêts : ils s’ajoutent au capital placé et le font croître de façon exponentielle.

Le système prend un peu de temps pour démarrer, puis tout s’accélère… jusqu’au moment où les intérêts cumulés rapportent davantage que le capital initial.

Nous avons utilisé un taux de 10 % pour l’exemple. C’est un cas extrême pour illustrer l’effet des intérêts composés. Dans la réalité, aucun placement ne permet d’obtenir 10 % par an de façon certaine.

Historiquement, sur longue période, les actions ont rapporté 8 à 10 % et les obligations d’État 4 % à 6 %. Nos sources sont les séries historiques disponibles sur  http://pages.stern.nyu.edu/~adamodar/New_Home_Page/datafile/histretSP.html, sur le marché américain depuis 1928.

Évidemment, les performances passées ne présagent pas des performances futures, mais il existe des raisons économiques pour que la hiérarchie des rendements continue d’être respectée : les actions rapportent davantage que les obligations, tout en étant plus risquées.

Voici l’évolution dans le temps d’un capital de 10 000 € placé à différents taux.

Tous ces taux sont exprimés en termes réels, c’est à dire hors inflation. La ligne 0 % indique donc que l’investisseur place son argent, mais à une rémunération égale à l’inflation. Cela correspond par exemple à une épargne placée à 1% (le taux brut du PEL) dans un contexte d’inflation égale à 1 % (l’inflation moyenne en 2017), ou à une épargne placée à 2 % alors que l’inflation est égale à 2 % (l’objectif de la Banque Centrale Européenne). Dans tous ces cas, le patrimoine de l’investisseur n’augmente pas réellement.

 

Évolution de 10 000 €	Durée de placement (années)
Taux hors inflation	5 ans	10 ans	20 ans	30 ans	35 ans
0%	10 000 €	10 000 €	10 000 €	10 000 €	10 000 €
2%	11 041 €	12 190 €	14 859 €	18 114 €	19 999 €
4%	12 167 €	14 802 €	21 911 €	32 434 €	39 461 €
6%	13 382 €	17 908 €	32 071 €	57 435 €	76 861 €
8%	14 693 €	21 589 €	46 610 €	100 627 €	147 853 €

 

(vous pouvez réaliser les mêmes calculs sur https://www.lafinancepourtous.com/outils/calculateurs/calculateur-d-epargne/)

Sur une année, la différence entre 2 % et 4 % n’a l’air de rien. Recevoir 200 € de plus en fin d’année est toujours sympathique, mais ne changera pas votre vie.

Mais à une échelle de 35 ans (la retraite pour un trentenaire par exemple), cette petite différence suffit pour doubler le capital obtenu : à un horizon de 35 ans, un placement à 2 % permet d’obtenir 19 999 €, mais un placement à 4 % permet d’obtenir 39 461 €, près du double.

Mieux : un placement au rendement moyen de 8% (correspondant à une prise de risque certes élevée, mais cohérente avec un horizon aussi long) permet d’obtenir 147 853 € !

Rappelons que le seul effort d’épargne était un unique versement de 10 000 €. Tout le reste (137 853 € dans le dernier cas) provient intérêts accumulés, et surtout des intérêts sur les intérêts…

 

On dit que les petits ruisseaux font les grandes rivières. C’est vrai : les flux des ruisseaux s’additionnent.

L’épargne fait mieux : elle se multiplie. Le capital à terme est bien supérieur au cumul des versements, grâce aux intérêts d’abord, puis grâce aux intérêts composés.

 

2. Épargnez mieux pour épargner moins

L’effet des intérêts composés met du temps à se matérialiser.

Faut-il alors attendre d’avoir 65 ans pour en profiter ?

Non ! Placer efficacement votre épargne vous permet aussi d’améliorer votre mode de vie dès maintenant.

Dans l’exemple précédent, nous partions du principe que vous placiez toutes vos économies aujourd’hui et plus rien jusqu’au restant de vos jours. Ce scénario est peu réaliste : vous épargnez probablement une certaine proportion de vos revenus mensuellement.

Cherchons justement à épargner mensuellement de manière à atteindre un capital de 50 000 € d’ici 15 ans (en termes, réels, c’est à dire permettant de conserver le pouvoir d’achat de 50 000 € d’aujourd’hui), en partant d’un capital de départ de 0 €.

Combien doit-on épargner ? Tout dépend du taux pris en hypothèse :

Taux hors inflation	Effort mensuel d’épargne nécessaire	Capital dans 15 ans
0%	279 €	50 000 €
2%	240 €	50 000 €
4%	205 €	50 000 €
6%	175 €	50 000 €
8%	149 €	50 000 €

 

Si vous vous contentez de placer à un taux égal à l’inflation (soit un taux de 0%), vous devez débourser 279 € chaque mois pour atteindre l’objectif. Mais plus vous placez à un taux élevé (en contrepartie d’une volatilité plus élevée), moins vous devez épargner pour atteindre votre cible…

Ainsi, si vous estimez que votre épargne rapportera 6%, vous n’aurez que 175 € par mois à mobiliser : 104 € de budget mensuel en plus pour vous… à consommer ou à allouer à un autre projet !

Que ce soit pour un apport immobilier, votre retraite, une année sabbatique ou tout autre projet, un niveau de risque correctement calibré vous permet d’avoir à épargner moins chaque mois. De quoi concilier l’utile et l’agréable !

 

En conclusion : voyez plus loin que le relevé de fin d’année !

Le sujet de la rémunération de votre épargne peut vous sembler dérisoire à court terme, mais il prend une importance considérable à long terme.

Le mécanisme amplificateur des intérêts composés joue à plein sur les horizons longs, et il faut se projeter pour en prendre conscience.

Le profil de risque de votre épargne doit être :

• assez élevé pour permettre une bonne capitalisation des intérêts,
• adapté à votre tempérament : vous devez être capable de supporter la volatilité inhérente aux marchés financiers et le risque de perte en capital,
• cohérent avec votre horizon de placement, afin de limiter les effets de la volatilité.

Et pour bien épargner, le plus tôt est le mieux.

 

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