Date de publication : 13 septembre 2024

« C’est l’Or, il est l’Or, Monsignor, il est l’Or de se réveiller, il est huit Or … ». Cette célèbre réplique, tirée du film La Folie des Grandeurs, rappelle l’attrait intemporel de ce métal précieux, symbole de richesse et de pouvoir. Pour l’épargnant, la « relique barbare » (désignation donnée à l’Or par le célèbre économiste JM Keynes), est un questionnement récurrent : faut-il ou pas en mettre dans les allocations et quel pourcentage lui attribuer alors ?

Petit rappel historique : 

Pour garantir sa valeur, la monnaie a longtemps reposé sur un poids en métal précieux (Or ou argent), contrôlé grâce à une petite balance que l’on appelait le « trébuchet » (d’où l’expression d’une monnaie sonnante et trébuchante !). Depuis les années 1870’ jusqu’en 1971 où ce système s’est interrompu, le principe de fonctionnement international était celui de la « convertibilité en Or » des monnaies, autrement dit les banques centrales de chaque pays détenaient des réserves d’Or et échangeaient sur demande les billets de banque qui leurs étaient présentés contre leur contrepartie en Or, au taux de conversion prédéterminé … d’où le caractère d’ « actif refuge » encore associé aujourd’hui à la détention d’Or. En 1971, les Etats-Unis ne parvenant plus à faire face aux demandes de conversion des Dollars en Or, le système de convertibilité a pris fin : nous avons basculé de « taux de change fixes » à des « taux de change flottants », où la valeur internationale de chaque monnaie repose désormais sur la confiance relative lui étant accordée.

Quels sont les facteurs influençant les cours de l’Or ?

  • L’équilibre entre Offre et Demande :
    • Production de minerai : l’offre repose sur la quantité d’Or extraite des mines et sur le recyclage de l’Or déjà en circulation.
    • Demande industrielle : utilisation de l’Or dans l’industrie, notamment l’électronique et la bijouterie.
    • Demandes d’investissement : achats d’Or pour les réserves (notamment celles des Banques centrales dans leurs Bilans) ou pour des placements financiers (certains sont adossés à l’Or physique).
  • Les conditions économiques :
    • Inflation : l’Or, comme beaucoup d’actifs « tangibles » (immobilier, etc…) est souvent considéré comme une protection contre l’inflation.
    • Taux d’intérêt : les taux d’intérêt bas rendent l’Or plus attractif car, ce dernier ne versant ni dividende ni coupon, le coût d’opportunité à investir sur l’Or plutôt que sur des produits financiers de « rapport » s’améliore d’autant.
    • Croissance économique : en période de faible croissance, l’Or est perçu comme une valeur refuge.
  • Les politiques monétaires :
    • Les décisions de politique monétaire : les niveaux de taux directeurs décidés par les Banques centrales influencent le coût d’opportunité à investir ou non sur l’Or, ce dernier étant souvent mis en concurrence avec les placements obligataires. 
    • Quantitative Easing : l’augmentation de la masse de monnaie mise en circulation par les Banques centrales peut pousser les investisseurs vers l’Or, souvenir de l’époque de la convertibilité-Or.
    • Quantitative Tightening : réciproquement, la contraction de la masse de monnaie en circulation peut diminuer l’attrait pour l’Or.
  • Facteurs politiques et géopolitiques :
    • Conflits et tensions internationales : les crises politiques ou militaires augmentent généralement la demande pour l’or, perçu alors comme un actif refuge.
    • Les normes réglementaires : les durcissements réglementaires environnementaux renchérissent le coût d’extraction de l’Or ou bien empêchent tout simplement l’exploitation de certaines mines, ce qui accentue la rareté de ce métal.
  • Le comportement des Investisseurs :
    • Sentiment du marché : la confiance ou l’aversion au risque influence les décisions d’achat ou de vente d’Or.
    • Mouvements des grands investisseurs : les décisions structurelles ou conjoncturelles des fonds de pension, des banques centrales, et des hedge funds.
  • Valeur du Dollar américain :
    • Cours du Dollar : l’Or étant libellé en dollars, un dollar plus faible rend le coût d’achat d’Or moins onéreux pour les investisseurs internationaux.

Comment investir sur l’Or ?

  • Or physique : lingots et barres, ou bien pièces d’Or
    • Avantages : possession physique directe, et toujours disposer d’une valeur de revente (i.e. la « valeur intrinsèque »).
    • Inconvénients : risque potentiel de contrefaçon, nécessité de disposer d’un endroit sûr d’entreposage, auquel il faut ajouter le coût des éventuelles assurances, et il peut y avoir une difficulté à revendre rapidement cet Or détenu si c’est en grandes quantités.
  • ETF (Exchange-Traded Funds) adossés à l’Or : fonds cotés sur les marchés financiers
    • Avantages : facilité de négociation sur les marchés boursiers, faibles frais d’entrée et de gestion, aucun besoin de stockage physique.
    • Inconvénients : frais annuels pour la gestion de l’ETF, aucune possession physique directe de l’Or même si l’ETF est pour sa part adossé à des stocks d’Or.
  • Contrats à terme (Futures) : achat ou vente de contrats d’Or à une date future prédéterminée
    • Avantages : possibilité de réaliser des effets de levier (i.e. contrôler de grandes quantités d’Or) avec une mise de fonds relativement faible, et cela permet de bénéficier de marchés à terme très liquides.
    • Inconvénients : exigence de marges préalables pour investir (i.e. les « deposits »), avec aussi un risque de liquidations forcées si les positions sont perdantes, et plus généralement le risque de complexité de ces marchés.
  • Aurifères : investir dans des entreprises qui extraient ou produisent de l’Or.
    • Avantages : pouvoir bénéficier des profits réalisés par ces sociétés grâce à leur activité d’extraction de l’Or, ou bien encore encaisser des dividendes versés si tel est le cas.
    • Inconvénients : même si l’Or progresse, il n’est pas certain que ces sociétés réalisent des bénéfices importants si leur structure de coûts dérape (donc un risque de mauvaise corrélation avec les cours de l’Or), et la volatilité des cours de bourse de ces sociétés est par ailleurs généralement bien plus forte que celle de l’Or.
  • Certificats d’Or : certificats émis par des banques, représentant une certaine quantité d’or détenue par la banque
    • Avantages : le coût de stockage et d’assurance de l’Or est assumé par la banque, et il y a aussi une grande simplicité de transfert de propriété.
    • Inconvénients : il existe alors un risque de contrepartie si la banque venait à faire faillite, et il n’y a aucune possession directe de l’Or.
  • Produits structurés : produits financiers complexes adossés à l’Or ou aux indices sur l’Or
    • Avantages : ces produits sont conçus pour répondre à des besoins spécifiques d’investissement, et ils peuvent offrir des stratégies financières sophistiquées.
    • Inconvénients : difficulté de compréhension de certains de ces produits pour les investisseurs non avertis, et des frais généralement bien plus élevés en raison de leur complexité.

Conclusion

Investir dans l’Or peut se faire de plusieurs manières, chacune ayant ses avantages et inconvénients. Le choix du support dépend des objectifs d’investissement, du profil de risque, et de ses préférences personnelles en matière de liquidité et de gestion des actifs. Chez WeSave, nous sommes convaincus que l’Or est un actif très utile pour la diversification de nos allocations d’actifs. Nous sommes exposés à l’Or au travers d’ETF : chacun de nos profils en ont généralement 5% en moyenne, à quoi il faut éventuellement ajouter le pourcentage détenu au travers d’ETF reposant sur l’indice global des matières premières (i.e. le CRB). Au-delà de ce choix structurel, la conjoncture semble actuellement également porteuse pour l’Or puisque les grandes Banques centrales entament un nouveau cycle de détente de leurs taux directeurs.

Il est l’Or…

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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