Date de publication : 22 juin 2016

Les OPCVM vendent du rêve…

Les Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières (OPCVM) ont pour but d’offrir aux investisseurs un meilleur rendement qu’un indice de référence. Ce sont les choix et les stratégies du gérant de portefeuille qui vont lui permettre de battre l’indice de référence[1]. Le gérant de portefeuille va bien entendu avoir des périodes fastes où une majorité de ses choix sont bons et certaines périodes où cela sera l’inverse. Mais dans le long terme, un gérant talentueux devrait pouvoir générer de la surperformance. C’est ici que pour l’investisseur le réveil est brutal.
Selon le Financial Times, 98,9% des fonds qui ont cherché à battre un indice actions américaines ont échoué sur 10 ans. Toutes les études récentes, qui s’appuient sur les performances passées, accablent les OPCVM. Sur le long terme, les gérants de portefeuille n’arrivent pas à battre leur indice de référence. Ainsi, sur une période de 10 à 15 ans, 80% des OPCVM n’arrivent pas à battre leur indice de référence. Dans un article récent du Financial Times[2], 98.9% des fonds qui cherchent à battre un indice des marchés d’actions américains ont échoué sur les 10 dernières années.

Des performances désastreuses permettant même au directeur de la recherche chez S&P Dow Jones un commentaire lapidaire « Il y a des bons gérants de portefeuilles mais ils ne sont pas faciles à trouver » !

… mais leurs coûts sont bien réels

Si la surperformance n’est pas au rendez-vous, les frais de gestion ne doivent pas être très élevés. En tout cas, les frais ne devraient pas être très éloignés de ceux d’un fond cherchant à répliquer (sans objectif de surperformance) le même indice. Le tableau ci-dessous présente les frais de gestion moyens pour différentes classes d’actifs et différents supports d’investissement.
couts OPCVM ETF
En moyenne, les ETFs, qui ne cherchent qu’à répliquer leur indice de référence, coûtent 73% de moins  que les OPCVM. Bien que les ETFs soient moins chers, est-il juste de dire qu’ 1% de frais de gestion par an est un montant très élevé ?
C’est pour répondre à cette question qu’il est nécessaire de se confronter à nos limites : nous ne savons pas visualiser facilement les effets des taux composés dans le temps.

Les coûts vous ruinent

Pour illustrer les effets sur le long terme des frais de gestion sur l’épargne, prenons l’exemple de deux épargnants avec 50 000 euros d’apport et une contribution annuelle de 1 000 euros. Le premier investit son épargne dans un OPCVM dont les frais de gestion annuels sont de 1% et le second achète un ETF dont les frais de gestion sont de 0.2%. Comme nous l’avons vu, le gérant de l’OPCVM n’arrivera pas sur le long terme à battre l’indice de référence, supposons donc les deux fonds (OPCVM et ETF) croissent de 5% par an en moyenne.
courbes impact couts
Les différences de performance parlent d’elles-mêmes. A court terme, la différence est peu notable, mais après 10 ans, l’épargnant qui utilise un ETF aura 5 000 euros de plus que celui qui utilise un OPCVM,
19 000 euros après 20 ans et même 100 000 euros après 40 ans. C’est presque 25% de l’épargne qui est captée par le gérant d’OPCVM pour une surperformance imaginaire.
Nous l’avons vu, les OPCVM n’arrivent pas dans le long terme à générer de la surperformance et les frais de gestion ont un impact trop important sur l’épargne de long terme.

Il convient donc, pour une gestion d’épargne de long terme, d’opter pour des supports financiers dont le coût est réduit. Les ETFs offrent cette possibilité.

Une brève analyse des flux financiers dans ces supports montrent que ces changements sont déjà en marche. Tous les ans depuis 2007[3], les ETFs sur les marchés d’actions ont connu des flux financiers supérieurs à ceux des OPCVM. Les épargnants ne doivent pas être les derniers à payer des frais de gestion qui ne correspondent à aucun service.

La solution pour une épargne de long terme, c’est donc bien de détenir un portefeuille de fonds diversifiés (tout au moins qui correspond à notre profil d’épargnant) et à faible coût. Qui dit faible coût, dit nécessairement peu d’intérêt pour les intermédiaires financiers de rendre les offres attractives et accessibles, en particulier, celles des ETF ou des parts institutionnelles des OPCVM. L’enjeu pour l’épargnant est alors de trouver un contrat fiscalement avantageux avec un univers large d’ETF accessibles pour ses investissements de long terme.
Morale de l’histoire : lorsque les frais d’une assurance vie vous paraissent peu élevés, vérifiez toujours l’univers de fonds accessibles et les niveaux de frais associés. Derrière l’arbre se cache la forêt, et pour votre épargne il s’agit carrément d’une jungle de frais injustifiés. Prudence…
[1] https://next.ft.com/content/2e975946-fdbf-11e5-b5f5-070dca6d0a0d
[1] On parle alors de l’alpha du gérant : la surperformance n’est due qu’à ses décisions
[2] http://www.ft.com/cms/s/0/e555d83a-ed28-11e5-888e-2eadd5fbc4a4.html#axzz4B0SyL4Cv

Pourquoi préférer la gestion passive ?

Rémy Lambinet
Rémy Lambinet

Rémy Lambinet est gérant quantitatif, docteur en mathématiques appliquées à la finance, expert des produits indiciels, il intervient régulièrement en 2015 sur les thématiques liées aux ETF. Il rejoint WeSave.fr en janvier 2016 en tant que responsable de la gestion quantitative.

Category: Mon épargneVie pratique