Date de publication : 22 janvier 2025

L’investissement sur les marchés financiers offre de nombreuses opportunités pour faire fructifier son épargne. Parmi les stratégies les plus populaires, on trouve l’investissement direct en actions d’entreprises et l’utilisation d’ETFs (Exchange-Traded Funds). Chacune de ces approches présente ses propres avantages et inconvénients.

Investissement direct en actions

  • Avantages :
    • Contrôle et flexibilité. L’investissement direct en actions permet de choisir avec précision les entreprises dans lesquelles on souhaite investir. Cette approche offre un contrôle total sur la composition du portefeuille : choix des sociétés, des secteurs, des pays, le degré de concentration sur chacun de ces paramètres, etc…
    • Potentiel de rendement élevé. Les actions individuelles peuvent offrir des performances potentiellement bien plus élevées que les ETFs si l’investisseur parvient à identifier des entreprises sous-évaluées ou à fort potentiel de croissance.
    • Droits de vote et dividendes. Les actionnaires directs bénéficient généralement de droits de vote lors des assemblées générales (certaines actions sont toutefois privées de ce droit), leur permettant de participer aux décisions de l’entreprise. De plus, la plupart des entreprises versent des dividendes aux actionnaires, offrant un revenu régulier en plus de l’appréciation potentielle du capital : cette stratégie est intéressante pour les épargnants souhaitant bénéficier d’un complément régulier à leurs revenus courants.
    • Apprentissage et engagement. La sélection et le suivi d’actions individuelles contribue fortement à l’éducation financière de l’épargnant, lui permettant d’approfondir sa compréhension des marchés financiers et des dynamiques d’entreprise.
  • Inconvénients :
    • Risque de concentration. Investir dans un nombre limité d’actions peut exposer le portefeuille à un risque de concentration élevé. En conséquence, la mauvaise performance d’une seule entreprise peut avoir un impact très significatif sur l’ensemble du portefeuille.
    • Temps et expertise requis. La sélection et le suivi d’actions individuelles nécessitent un investissement personnel important en temps et en recherche. L’épargnant doit analyser les publications financières faites par les sociétés, suivre les actualités de l’entreprise et du secteur, et prendre des décisions éclairées sur le moment d’acheter ou de vendre : cet exercice est souvent complexe, même pour des investisseurs professionnels.
    • Coûts de transaction potentiellement élevés. L’achat et la vente fréquents d’actions individuelles peuvent entraîner des frais de courtage importants, en particulier pour les petits investisseurs. Une attention particulière doit donc être accordée à ce paramètre qu’est l’équilibre entre le taux de rotation et les frais induits et potentiel de gains attendus par ces mouvements.
    • Volatilité accrue. Les actions individuelles peuvent être plus volatiles que les indices de marché plus larges, ce qui peut entraîner des fluctuations importantes de la valeur du portefeuille à court terme. L’épargnant doit donc avoir une capacité à garder la tête froide lorsque les fluctuations sont très fortes et il doit être prêt à assumer des pertes latentes parfois importantes.
    • Difficultés de diversification. Pour les petits investisseurs, il peut être difficile d’atteindre une diversification suffisante en n’investissant que dans des actions individuelles, en raison des coûts et du capital nécessaire pour acquérir un large éventail de titres. Ainsi, le prix d’achat en bourse de certaines sociétés phares peut être de plusieurs milliers d’Euros pour une seule action détenue, nécessitant un patrimoine déjà important pour parvenir à diversifier les expositions.

Investissement via les ETFs

  • Avantages :
    • Diversification instantanée. Les ETFs offrent une exposition à un panier diversifié de titres en une seule transaction, réduisant ainsi le risque spécifique à une entreprise ou à un secteur particulier.
    • Facilité d’utilisation. Les ETFs simplifient l’investissement en offrant une exposition à des indices du monde entier, des secteurs spécifiques ou des thèmes d’investissement (“Value” ou “Growth” par exemple) en une seule transaction.
    • Coûts réduits. Les ETFs ont des frais de gestion très inférieurs à ceux des fonds communs de placement actifs, et les coûts de transaction sont plus faibles que l’achat d’actions individuelles multiples. Sur la durée, l’économie de frais est autant de performance additionnelle pour l’épargnant.
    • Liquidité. Les ETFs se négocient en bourse tout au long de la journée, offrant une liquidité comparable à celle des actions individuelles.
    • Transparence. La plupart des ETFs publient quotidiennement la composition de leur portefeuille, permettant aux investisseurs de savoir exactement ce qu’ils détiennent.
    • Dividendes. Certains ETFs reversent systématiquement aux porteurs les dividendes leur étant versés par les sociétés dont ils sont actionnaires, alors que d’autres ETFs réinvestissent systématiquement ces capitaux dans l’ETF lui-même pour en accroître la performance sur la durée. Le porteur d’ETF doit donc être vigilant à ce facteur et il doit intégrer l’impact fiscal que cela peut potentiellement induire.
  • Inconvénients :
    • Rendements moyens. Les ETFs répliquent la performance d’indices de référence, sans possibilité de surperformer l’indice. La génération récente d’ETFs “actifs” permet toutefois de prendre quelques libertés par rapport à la structure exacte de l’indice de référence, et donc éventuellement de s’écarter favorablement ou défavorablement de sa performance.
    • Manque de contrôle. Les investisseurs en ETFs n’ont pas de contrôle sur les titres individuels détenus par le fonds, ce qui peut conduire à détenir des entreprises qui ne correspondent pas entièrement à leurs valeurs ou objectifs d’investissement. La question peut par exemple se poser pour un épargnant ayant des vues “socialement responsables” et qui, en investissant par exemple sur un ETF répliquant le CAC40 aurait des investissements sur le thème du pétrole via TotalEnergies ou bien la défense via Thales.
    • Risque de “tracking error”. Certains ETFs peuvent ne pas reproduire parfaitement leur indice de référence, conduisant à des écarts de performance par rapport à l’indice répliqué.
    • Complexité de certains produits. Certains ETFs utilisent des stratégies complexes (comme l’effet de levier ou les positions inverses) qui peuvent être difficiles à comprendre pour les investisseurs novices et comporter des risques supplémentaires.
    • Absence de droits de vote. Lorsqu’un épargnant investit dans un ETF, il détient des droits de vote rattachés aux sociétés dans lesquelles il est investi, mais ne peut pas exercer lui-même ces droits. Le gérant institutionnel de l’ETF va donc exercer en son nom ces droits de vote en se présentant aux assemblées générales, mais il n’est pas certain pour autant qu’il vote en conformité avec ce que l’épargnant aurait fait par lui-même.
    • Risque de surpondération. Un ETF réplique un indice de référence et, si ce dernier a des expositions très fortes sur certains titres ou secteurs, le porteur de l’ETF devra accepter ces surpondérations. Il existe toutefois des ETFs équipondérés, où toutes les sociétés de l’indice ont un poids exactement identique.

Complémentarité des deux stratégies

L’investissement direct en actions et l’utilisation d’ETFs ne sont pas incompatibles. En fait, ces deux approches peuvent être complémentaires et offrir une stratégie d’investissement robuste et équilibrée :

  • Base diversifiée avec des ETFs. Les investisseurs peuvent utiliser des ETFs comme cœur de leur portefeuille, pour assurer une large diversification à faible coût. Par exemple, un ETF suivant un indice large comme le S&P500 ou le MSCI World peut fournir une exposition de base au marché des actions.
  • Positions satellites avec des actions individuelles. Autour de cette base d’ETFs, les investisseurs peuvent ajouter des positions en actions individuelles pour cibler des opportunités spécifiques ou exprimer des convictions sur certaines entreprises ou secteurs.
  • Gestion du risque. L’utilisation combinée d’ETFs et d’actions permet une gestion plus fine du risque. Les ETFs peuvent fournir une stabilité relative, tandis que les actions individuelles offrent un potentiel de surperformance.
  • Flexibilité tactique. Les ETFs peuvent être utilisés pour des allocations tactiques rapides à des secteurs ou des régions spécifiques, tandis que les actions individuelles permettent une sélection plus précise sur des convictions de long terme.
  • Apprentissage progressif. Pour les investisseurs débutants, commencer avec des ETFs peut être un moyen sûr d’entrer sur le marché. Au fur et à mesure qu’ils gagnent en confiance et en expertise, ils peuvent progressivement ajouter des actions individuelles à leur portefeuille.
  • Optimisation fiscale. Dans certains cas, la combinaison d’ETFs et d’actions individuelles peut offrir des opportunités d’optimisation fiscale, en permettant par exemple de réaliser des pertes sur certaines positions pour compenser des gains sur d’autres.

Conclusion :

L’investissement en actions directes et via ETFs présente des avantages et inconvénients distincts. Les actions offrent un contrôle et un potentiel de rendement élevés, mais exigent plus de temps et d’expertise. Les ETFs apportent diversification et facilité d’utilisation, mais limitent la surperformance potentielle. La combinaison des deux approches permet de créer un portefeuille équilibré, exploitant leurs forces respectives. Le choix dépendra des objectifs, de la tolérance au risque et du degré d’expertise de l’investisseur, ce dernier pouvant éventuellement être accompagné dans ses choix par un conseiller financier.

ETF vs actions individuelles : quelle stratégie choisir ?

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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