
Le début d’année 2021 reste bien orienté pour les marchés d’actions, ces derniers profitant encore des espoirs d’un déconfinement à venir des économies. Toutefois, depuis la mi-février, des arbitrages entre certains segments des actions s’intensifient dans les allocations d’actifs. Les tensions inflationnistes, qu’elles soient observées ou seulement craintes, font en effet fortement remonter les taux d’intérêts, pénalisant les valeurs de croissance dont les valorisations sont très sensibles à ce paramètre. En revanche, les sociétés décotées ou cycliques bénéficient de flux favorables, tant pour des motifs de valorisation que de dynamique économique. Ces arbitrages affectent les performances par zones géographiques, les Etats-Unis ayant surtout des valeurs de croissance, alors que les indices européens ont plutôt des biais cycliques. Nous restons surpondérés sur les actions.

Le principal événement depuis le début de l’année sur les marchés financiers est probablement la très forte remontée des rendements d’obligations souveraines, notamment aux États-Unis. Les investisseurs s’inquiètent d’un possible excès de soutien budgétaire de l’administration Biden, entraînant beaucoup d’émissions d’obligations. Par ailleurs, les signes de tensions inflationnistes de court terme se multiplient (matières premières, transport maritime, semi-conducteurs…), ce qui inquiète les investisseurs et les incite à exiger des rendements plus élevés pour prêter leurs capitaux. Les discours des Banques centrales montrent qu’elles ne s’inquiètent pas encore trop de cette remontée des rendements obligataires, mais elles ne laisseront pas le coût de l’emprunt monter fortement. Nous maintenons notre vue à sous-pondérer sur les obligations d’État.

Depuis le début de l’année, les obligations d’entreprises solides (i.e. Investment Grade) voient leurs rendements accompagner celui des obligations souveraines. Autrement dit, les rendements des obligations d’entreprises se tendent, la moindre aversion pour le risque incitant à se porter plutôt vers les actions. Les obligations d’entreprises à haut rendement (i.e. le High Yield) parviennent à attirer les capitaux des investisseurs grâce à des rendements déjà élevés, et cela même si les défauts de paiements, voire même quelques faillites, ne puissent être exclus lorsque ces entreprises devront faire face à leurs charges sans l’appui des États. Nous restons surpondérés sur les obligations d’entreprises, mais demeurons provisoirement à l’écart du « High Yield » en attendant de retrouver plus de visibilité sur ce segment obligataire qui souffre souvent de défauts de liquidités boursières.

Les performances des grandes devises sont très contrastées face à l’Euro depuis le début de l’année. Le Yuan chinois continue de bénéficier de flux internationaux favorables et des espoirs d’une forte croissance économique du pays. La Livre sterling opère un très fort rattrapage depuis le Brexit, prenant à revers beaucoup d’investisseurs qui attendaient plutôt une dévaluation compétitive du pays pour se relancer. Les devises réputées refuge que sont le Yen japonais et le Franc Suisse se replient, signe de l’appétit pour le risque des investisseurs. Le Dollar américain, après une fugitive hausse en janvier, se déprécie de nouveau face à l’Euro, ce qui est là encore un signe d’appétit pour le risque des investisseurs. Au vu de l’ampleur des soutiens budgétaires respectifs de part et d’autre de l’Atlantique, le Dollar pourrait continuer de se replier encore durant les prochains mois.

Les investisseurs concentrent de plus en plus leur attention sur la performance des matières premières. Le pétrole gagne en effet déjà +30% depuis le début de l’année, les décisions de l’OPEP de poursuivre les restrictions de production permettant de compenser la demande de pétrole qui n’est pas encore revenue à la normale. Les prix des métaux industriels sont eux aussi tirés par le reprise d’activité, notamment par les commandes et réserves constituées en Chine. Les denrées agricoles progressent beaucoup elles aussi, situation qu’il faudra surveiller car pouvant provoquer de l’agitation sociale dans certains pays émergents. Seuls les métaux précieux sont mal orientés, du fait de l’appétit pour le risque des investisseurs. Les matières premières étant une bonne protection dans les phases plus inflationnistes, nous restons surpondérés sur cette classe d’actifs.

Les actifs émergents attirent les investisseurs cherchant à s’exposer de nouveau à des thématiques cycliques, d’où des flux financiers très favorablement orientés depuis plusieurs mois déjà. Pourtant, à y regarder de près, les obligations émergentes baissent depuis le début de l’année, et les devises émergentes ne parviennent toujours pas à effacer leur très fort recul face au Dollar, enduré en 2020. Seules les actions émergentes affichent une progression. Toutefois, cette performance reste principalement concentrée sur quelques pays asiatiques, notamment la Chine et Hong Kong, mais le Brésil, la Russie et bien d’autres grands pays émergents ne parviennent pas à tirer profit de cette dynamique. Nous préférons rester neutre sur les émergents, leur préférant certains pays développés, notamment ceux bénéficiant le plus d’une réouverture des activités de services.