Date de publication : 31 janvier 2025

Les monnaies sont les moteurs de nos économies. Sans elles, le commerce international, les investissements, et même les politiques économiques seraient impossibles. En ce qui concerne la performance de votre épargne, les devises peuvent jouer un rôle majeur, soit favorable, soit défavorable… et pourtant leurs contributions sont bien trop souvent omises par les gérants. Au travers de cet article, essayons de prendre la mesure de cet actif financier primordial.

Quelques définitions et rappels historiques préalables : 

  • La monnaie a été adoptée pour contourner les nombreuses difficultés attachées au troc : une nécessaire coïncidence des intérêts des 2 parties, l’indivisibilité de certains biens, des problèmes de stockage et de durabilité, des problèmes de transport et de logistique, etc…
  • La monnaie assure 3 fonctions essentielles : unité de compte (mesurer et exprimer la valeur des biens et des services), moyen d’échange (intermédiaire pour faciliter les transactions), et réserve de valeur (conserve la valeur dans le temps, permettant de transférer du pouvoir d’achat du présent vers le futur).
  • Les supports matériels ou dématérialisés de la monnaie ont été très variés : articles du quotidien (coquillages, sel, grains, sucre…), métaux précieux (or, argent, cuivre, bronze…), papier (billets de banque, certificats de dépôts…), scriptural (comptes bancaires, chèques…), numérique (cartes de crédit et de débit, crypto-actifs…).
  • Pour garantir sa valeur, la monnaie a longtemps reposé sur un poids en métal précieux (or ou argent), contrôlé grâce à une petite balance que l’on appelait le « trébuchet » (d’où l’expression d’une monnaie sonnante et trébuchante !) et, comme le bord des pièces était souvent rogné pour récupérer discrètement un peu de métal précieux, I.Newton a eu l’idée de créneler les bordures des pièces pour décourager cette pratique.
  • Depuis les années 1870’ jusqu’en 1971 où ce système s’est interrompu, le principe de fonctionnement international était celui de la « convertibilité en or » des monnaies : les Banques centrales de chaque pays détenaient des réserves d’or et échangeaient sur demande les billets de banque qui leurs étaient présentés contre leur contrepartie en or, au taux de conversion prédéterminé … d’où le caractère d’ « actif refuge » encore associé aujourd’hui à la détention d’or. En 1971, les Etats-Unis ne parvenant plus à faire face aux demandes de conversion des Dollars en or, le système de convertibilité a pris fin : nous avons basculé de « taux de change fixes » à des « taux de change flottants », où la valeur internationale de chaque monnaie repose désormais sur la confiance relative lui étant accordée. 
  • On emploie le terme de « devise » pour la monnaie d’un autre pays ou d’une zone économique différente. En d’autres termes, une « devise » est une monnaie étrangère lorsqu’elle est échangée ou utilisée en dehors de son pays d’émission : pour un Européen, le Dollar américain est une devise, et pour un Américain, l’Euro est une devise. Chaque jour, les devises voient désormais leur valeur relative fluctuer selon les taux de change négociés sur le marché des change (FOREX ou « Foreign Exchange Market »). Certaines monnaies peuvent toutefois décider de s’arrimer à une devise importante (le Dollar notamment) ou bien à un panier de devises étrangères : on parle alors d’un « ancrage » ou bien d’un « PEG ».
  • Une « dévaluation » consiste pour un État à abaisser INTENTIONNELLEMENT la valeur relative de sa monnaie face aux devises étrangères, alors qu’une « dépréciation » est un processus involontaire, simple conséquence des fluctuations des marchés des change.

Quelques chiffres clés sur les devises : 

  • 1 875 000 000 000 000 $ (1 875 trillions $) est la valeur estimée des échanges internationaux de devises sur 1 an.
  • Le marché des devises représente près de 60% de TOUS les actifs financiers au monde. 
  • L’activité QUOTIDIENNE sur le marché des devises est approximativement de 7 500 Mds $, soit l’équivalent de 8% de la capitalisation boursière totale des actions internationales !
  • Le Dollar américain est au cœur de 78% des transactions croisées sur le marché des changes : c’est de très loin la devise la plus négociée devant l’Euro (37%), le Yen japonais (24%), la Livre Sterling britannique (15%) et le Dollar australien (9%).
  • Pour ce qui est des transactions commerciales internationales, le Dollar américain est employé dans 40%-45% des échanges, devant l’Euro (30%-35%), la Livre Sterling britannique (5%-7%), le Yen japonais (4%-5%), le Yuan chinois (3%-4%).
  • Pour leurs activités courantes ou bien par mesure de précaution, les Banques centrales sont amenées à conserver des devises dans leurs Bilans : le Dollar américain représente près de 60% de ces réserves dans le monde, devant l’Euro (20%), le Yen japonais (5%), la Livre Sterling (4.5%), les autres devises internationales représentant le solde (10.5%).

USD = Dollar américain / EUR = Euro / JPY = Yen japonais / GBP = Livre Sterling britannique / AUD = Dollar australien / CAD = Dollar canadien / CHF = Franc suisse / NZD = Dollar néo-zélandais

L’importance des devises pour les entreprises : 

Les devises ont un impact majeur sur les entreprises, influençant divers aspects de leurs opérations courantes, de leur compétitivité, de leur rentabilité… et ce sont en fin de compte les bénéfices (pour les porteurs d’actions de l’entreprise) ou la solvabilité (pour les créanciers, détenteurs d’obligations de l’entreprise) de ces sociétés qui peuvent en dépendre très significativement.

  • Impacts sur les revenus et les coûts
    • Revenus d’exportation : une monnaie nationale forte renchérit aux yeux des clients potentiels étrangers le coût d’achat des produits proposés par l’entreprise, pénalisant donc sa compétitivité relative et sa capacité à réaliser des ventes à l’étranger.
    • Coûts d’importation : une monnaie nationale forte peut en revanche diminuer pour l’entreprise sa facture d’achat de matières premières ou bien celle des produits importés nécessaires à la réalisation de sa propre activité, ce qui est alors favorable pour sa profitabilité.
    • Bien entendu, il faut inverser les deux contributions respectives, décrites précédemment, lorsque la monnaie nationale est faible plutôt que forte !
    • Stratégies de prix : les entreprises doivent donc souvent adapter leurs stratégies de prix dans chaque pays en fonction des taux de change, afin de maintenir leur compétitivité sur les marchés étrangers tout en préservant leur rentabilité … un arbitrage souvent complexe !
  • Planification financière et gestion de trésorerie
    • Prévisions : les aléas des fluctuations de taux de change affectent la fiabilité des budgets prévisionnels, compliquant d’autant les prises de décision par les dirigeants d’entreprise.
    • Gestion de trésorerie : plus l’entreprise est confrontée à une variété importante de devises pour ses activités, plus il est indispensable de disposer d’une gestion performante de la trésorerie afin de minimiser les impacts négatifs des fluctuations de change.
    • Couvertures de change : les entreprises peuvent utiliser divers instruments financiers plus ou moins complexes pour se couvrir contre les risques de change, mais cela engendre nécessairement des coûts supplémentaires et cela n’empêche pas toujours certaines mauvaises surprises.
  • Impacts sur les investissements et les financements
    • Décisions d’investissement : les entreprises doivent considérer les taux de change pour leurs décisions d’investissement à l’étranger, notamment afin d’évaluer en amont leurs risques et/ou leurs rendements potentiels sur la durée.
    • Investissements déjà effectués à l’étranger : les fluctuations des taux de change peuvent avoir une contribution positive ou négative sur la rentabilité des investissements réalisés à l’étranger, en modifiant la valeur des revenus finalement rapatriables (c’est l’une des sources d’erreur fréquente pour les analystes lors des publications de résultats trimestriels des entreprises).
    • Afin d’atténuer les impacts potentiels des devises sur leurs résultats, les entreprises cherchent souvent à avoir une forme d’adéquation entre leurs devises de production et celles de facturation. Cela contraint donc parfois très significativement les choix géographiques d’allocation de capitaux et d’investissements.
    • Acquisitions à l’étranger : si l’entreprise envisage d’acquérir un concurrent à l’étranger et qu’il faille payer en devise étrangère cette acquisition, il convient d’être alors très vigilant quant aux évolutions des devises pour éviter que le coût d’achat ne s’envole !
    • Coût du capital : les fluctuations des taux de change peuvent affecter le coût du capital pour les entreprises empruntant en devises étrangères.
    • Service de la dette : une appréciation de la devise dans laquelle l’emprunt a été contracté par l’entreprise augmente d’autant le coût du service de sa dette. Ce sujet est souvent une préoccupation très forte dans les pays émergents (cf. recul de -58% du panier des devises émergentes contre Dollar depuis la fin 2010).

Les fluctuations des devises sont particulièrement importantes pour l’activité quotidienne des entreprises, pouvant aller jusqu’à imposer à leurs dirigeants certaines décisions de localisation d’investissements ou de stratégies de prix : la rentabilité et la solvabilité de nombreuses multinationales en dépendent souvent ! 

L’importance des devises pour les politiques budgétaires et monétaires : 

Tout comme pour les entreprises, les devises sont un sujet très sensible pour les politiques budgétaires et monétaires des pays.

  • Impacts favorables sur les politiques budgétaires
    • Augmentation des recettes fiscales : une dévaluation de la monnaie nationale peut stimuler les exportations du pays puisque les produits nationaux sont alors plus compétitifs à l’étranger, et les entreprises domestiques pourront aussi défendre plus facilement leurs parts de marché sur le territoire national face aux produits étrangers. Pour l’État, c’est alors une bonne nouvelle car cela accroît les masses de bénéfices assujetties à l’impôt sur les sociétés.
    • Réduction du déficit commercial : une monnaie nationale faible décourage les achats de produits étrangers (à condition qu’il y ait une production locale substituable !), ces derniers étant alors plus chers, et cela facilite en revanche les ventes à l’étranger … les importations diminuent et les exportations augmentent, d’où une amélioration de la balance commerciale.
    • Redressement budgétaire : une dévaluation provoque un surcroît d’activité nationale (cf. explications précédentes) et renforce généralement l’inflation (cf. surcoût des produits importés) … la base fiscale taxable (impôts sur le revenu, TVA, etc…) progresse donc dans ces circonstances.
    • Attractivité des obligations de l’État : les fluctuations des taux de change peuvent influencer l’attrait ou non des obligations gouvernementales pour les investisseurs étrangers.
    • Pouvoir monétaire : les pays dont les devises sont considérées comme des devises de réserve (comme les États-Unis avec le Dollar) ont plus de latitude pour mener des politiques budgétaires expansives sans subir immédiatement des pressions inflationnistes ou de change.
  • Impacts défavorables sur les politiques budgétaires
    • Coût accru de la dette extérieure : une dépréciation de la monnaie nationale augmente le coût du service de la dette pour les emprunts ayant été contractés en devises étrangères, aggravant alors le déficit budgétaire et les besoins de financement.
    • Inflation importée : une monnaie nationale dépréciée renchérit le coût des importations, ce qui peut nécessiter de relever les salaires des fonctionnaires ou les pensions des retraités, ou bien encore de devoir mettre en place de plus importantes subventions et aides sociales aux plus démunis, aggravant d’autant le déficit budgétaire.
    • Investissements publics : les fluctuations des devises peuvent affecter le coût des projets d’infrastructure utilisant des équipements ou des matériaux importés.
    • Politique commerciale : les fluctuations importantes de devises peuvent influencer les décisions en matière de politique commerciale, comme l’imposition de tarifs ou de quotas, ce qui a des implications budgétaires.
    • Fuite des capitaux : une dévaluation peut entraîner une fuite des capitaux vers l’étranger, augmentant la pression sur les réserves de change du pays, et nécessitant de recourir parfois à des interventions budgétaires pour stabiliser l’économie ou bien de devoir relever les taux directeurs du pays.
    • Risque de défaut : une forte dépréciation de la monnaie peut augmenter le risque de défaut sur la dette extérieure, affectant négativement la crédibilité et la notation de crédit du pays, et donc le coût auquel le pays pourra emprunter des capitaux.
  • Impacts favorables sur les politiques monétaires
    • Maîtrise de l’inflation : une monnaie forte réduit le coût des importations et contribue alors à contenir l’inflation importée dans le pays et, parce que les produits nationaux deviennent moins compétitifs, cela atténue aussi la probabilité de hausse des salaires dans le pays.
    • Crédibilité de la banque centrale : la capacité à gérer efficacement les fluctuations des devises peut affecter la crédibilité de la banque centrale.
    • Attraction des investissements étrangers : une devise stable et forte attire généralement les investisseurs étrangers, augmentant les entrées de capitaux et soutenant la croissance économique. Cela permet à la banque centrale de ne pas avoir besoin de relever ses taux d’intérêts pour défendre la valeur de la devise et de maintenir ainsi des taux d’intérêts plus structurellement bas, stimulant la croissance économique.
  • Impacts défavorables sur les politiques monétaires
    • Inflation importée : une dépréciation de la monnaie nationale peut entraîner de l’inflation importée, limitant les marges de manœuvre accommodantes de la politique monétaire, voire contraignant la Banque centrale à monter ses taux directeurs.
    • Instabilité financière : la volatilité des devises peut contraindre la Banque centrale à agir pour soutenir ou bien affaiblir la monnaie nationale, aux dépens de sa stratégie sur l’inflation qui devrait pourtant être sa mission principale.
    • Fuite des capitaux : une forte dépréciation de la monnaie nationale peut encourager les investisseurs internationaux à retirer leurs capitaux du pays, et contraindre alors la Banque centrale à relever ses taux directeurs pour freiner cette dynamique nuisible.
    • Stabilisation de la monnaie : plutôt qu’au travers d’interventions sur leurs taux directeurs, les banques centrales peuvent intervenir directement sur le marché des changes pour stabiliser la monnaie, en utilisant pour cela leurs réserves de change pour acheter ou vendre des devises, mais ces décisions déstabilisent alors la structure et les équilibres souhaités de leurs Bilans.
    • Communication de politique monétaire : les fluctuations des devises affectent la prévisibilité des politiques monétaires des Banques centrales, et cela se traduit souvent par un discours plus ambigu et donc moins efficace pour influencer les marchés financiers.
    • Du fait du rôle prépondérant du Dollar, les politiques monétaires de très nombreux pays dans le monde sont très directement dépendantes des dynamiques du Dollar et des décisions monétaires de la FED. 

Les gouvernements et les banques centrales doivent donc surveiller attentivement les taux de change et adapter leurs politiques en conséquence pour optimiser les avantages et minimiser les inconvénients associés aux fluctuations des devises.

Que penser de l’Euro, depuis son lancement le 1er janvier 1999 ? 

  • Succès de l’Euro
    • Facilitation des échanges commerciaux : la suppression des taux de change entre pays de la zone Euro a simplifié les échanges commerciaux intra-régionaux et permis aux entreprises de réaliser d’importantes économies sur les frais de conversion entre devises.
    • Avantages pour les consommateurs et les voyageurs : les consommateurs peuvent facilement comparer les prix entre les pays, favorisant la concurrence et l’efficacité du marché, et les déplacements et achats transfrontaliers sont simplifiés.
    • Stabilité économique et monétaire : une politique monétaire commune a pu être mise en place, aboutissant à une gestion plus cohérente des taux d’intérêt et de la masse monétaire, atténuant certaines divergences économiques entre pays membres, avec une inflation généralement basse et relativement stable.
    • Renforcement de l’Union Européenne : l’Euro a renforcé l’intégration politique et économique entre États membres, favorisant la coopération et la coordination des politiques économiques. L’Euro a par ailleurs augmenté l’attrait de la zone auprès des investisseurs étrangers et il a contribué à renforcer la position de l’Union Européenne sur la scène mondiale.
  • Échecs et défis de l’Euro
    • Crise de la dette souveraine (2010-2012) : la crise de la dette souveraine a révélé le manque de mécanismes de gestion des crises et les divergences économiques entre les États membres, les mesures d’austérité imposées à cette occasion ayant entraîné des récessions prolongées et des taux de chômage élevés dans certains pays (Grèce, Espagne et Portugal).
    • Hétérogénéité économique : les économies des pays membres restent très diverses, rendant difficile l’application d’une politique monétaire unique, adaptée à tous. Par ailleurs, les règles budgétaires strictes, tel que le Pacte de stabilité et de croissance, restreignent la capacité des gouvernements à utiliser la politique budgétaire pour stabiliser leurs économies.
    • Problèmes structurels : l’absence de politique fiscale commune limite la capacité de la zone à réagir de manière coordonnée aux chocs économiques ou bien pour adopter une vue commune vis-à-vis du reste du monde.
    • L’indépendance de la Banque centrale : la BCE doit naviguer entre les différents intérêts nationaux, ce qui complique la mise en œuvre de politiques monétaires efficaces.
    • Défis politiques et sociaux : les difficultés économiques et les mesures d’austérité ont alimenté la montée des mouvements populistes et des eurosceptiques dans plusieurs pays. La crise de la zone euro a par ailleurs révélé un manque de solidarité entre les États membres, avec des tensions entre les pays créanciers et débiteurs, et la dispersion des niveaux d’endettement des différents pays membres pourrait devenir un sujet sensible à l’avenir.
  • L’Euro vis-à-vis des grandes devises internationales
  • Force relative : l’Euro s’est imposé comme une monnaie incontournable dans le monde, sur le marché des changes, mais aussi pour les transactions commerciales internationales, et enfin en tant que monnaie de réserve pour les Banques centrales du monde entier.
  • Faiblesse relative : depuis l’origine, l’Euro a régressé face aux 2 grandes zones auxquelles il peut être comparé, puisque le Dollar américain a gagné +13% et le Yuan chinois +29% depuis le 1er janvier 1999. 
  • Volatilité : si l’on concentre son attention sur la parité de l’Euro vis-à-vis du Dollar, ce dernier a progressé jusqu’à +41.8% un peu après le lancement de l’Euro pour reculer ensuite jusqu’à -26.6% en avril 2008 (cf. crise des « subprimes »), et il s’établit désormais à +12.9%. La volatilité, bien que basse actuellement, reste donc présente, même entre les deux principales devises au monde, d’où la nécessité d’y accorder une forte attention !
  • Inflation importée : l’Euro ayant reculé face au Dollar américain et au Yuan chinois depuis son lancement et, sachant que ces 2 pays sont ses principaux partenaires économiques, cela signifie que la zone a plutôt importé structurellement de l’inflation via les devises, compliquant d’autant la politique monétaire de la BCE.

Depuis son lancement, l’Euro a apporté de nombreux avantages à la zone, mais le jugement « objectif » des marchés financiers est, qu’à ce stade, l’Euro est tout de même une devise plutôt « trébuchante » face à ses 2 grandes concurrentes !

L’importance des devises pour votre épargne : 

Les fluctuations des devises ont des impacts parfois très significatifs sur votre épargne, créant à la fois des risques et des opportunités. Comprendre ces impacts peut dès lors vous aider à prendre des décisions financières éclairées et à adopter des stratégies de diversification appropriées.

  • Menaces pour les épargnants : 
    • Perte de valeur : une dépréciation de la devise dans laquelle l’épargne est détenue peut entraîner une perte de pouvoir d’achat, quand bien même cette épargne aurait une performance positive !
    • Risque de change : pour les investissements en devises étrangères, les variations de taux de change peuvent effacer les gains ou amplifier les pertes.
    • Volatilité : la planification financière de long terme est d’autant plus difficile si les devises fluctuent fortement.
    • Coûts de transaction : les conversions fréquentes entre devises peuvent entraîner des frais importants, effaçant tout ou partie des gains attendus.
    • Risque de timing : choisir le mauvais moment pour convertir des devises peut s’avérer coûteux.
    • Accès aux fonds : investir dans des actifs en devises étrangères peut entraîner des difficultés d’accès rapide aux capitaux en raison d’éventuelles contraintes de liquidité ou de contrôles de change.
  • Opportunités pour les épargnants : 
    • Gains de change : une appréciation de la devise étrangère dans laquelle on a investi peut générer des profits additionnels ou bien même venir compenser un investissement qui aurait été perdant sans cela.
    • Diversification : investir dans différentes devises peut réduire le risque global du portefeuille.
    • Rendements supérieurs : certaines devises offrent des taux d’intérêt plus élevés, potentiellement plus attractifs pour l’épargne … cette stratégie est par exemple systématiquement adoptée par les épargnants japonais car le rendement de leurs obligations est dérisoire.
    • Protection contre l’inflation domestique : investir dans des devises étrangères peut protéger contre une forte inflation nationale … beaucoup d’épargnants de pays à très forte inflation adoptent cette stratégie de report vers une devise « refuge », souvent le Dollar.
  • Comment intégrer les devises dans son épargne :
    • Constituer un panier de devises : investir dans un ensemble diversifié de devises pour répartir les risques.
    • Horizon d’investissement : la stratégie de diversification en devises doit être adaptée à l’horizon temporel de l’épargnant.
    • Tolérance au risque : le niveau de diversification en devises doit correspondre à la tolérance au risque de l’individu.
    • Connaissance des marchés : il est essentiel de bien comprendre les facteurs influençant les devises dans lesquelles on investit.
    • Suivi régulier : les positions en devises nécessitent un suivi plus fréquent que d’autres types d’investissements.
    • Fiscalité : il convient aussi de tenir compte des éventuelles implications fiscales des investissements en devises étrangères.
    • Choisir des ETF ou fonds exposés ou non aux devises : il convient d’être très vigilant lorsque l’on investit sur un fonds ou bien sur un ETF de vérifier préalablement s’il est exposé ou non aux fluctuations des devises car cela peut modifier radicalement la performance finale de l’investissement ! Ce questionnement vaut évidemment pour TOUTES LES CLASSES D’ACTIFS !
    • Stratégie de couverture : l’épargnant peut utiliser des produits dérivés (futures, options…) pour se protéger contre les fluctuations défavorables des taux de change, mais il convient de bien maîtriser ces instruments financiers plus ou moins complexes pour éviter des déceptions, voire des pertes significatives.
    • Investissement progressif : à l’instar de tout type d’investissement financier, l’épargnant peut chercher à échelonner ses investissements en devises étrangères pour réduire le risque d’erreur de timing.
    • Rééquilibrage régulier : une fois la stratégie d’exposition aux devises établie, il convient d’ajuster périodiquement la répartition des devises dans le portefeuille pour maintenir la diversification souhaitée … mais attention aux frais que cela peut engendrer !

La diversification en devises peut offrir des opportunités intéressantes pour les épargnants, mais elle nécessite une approche réfléchie et une bonne compréhension des risques associés. Une stratégie bien planifiée peut aider à protéger et potentiellement accroître la valeur de l’épargne personnelle face aux fluctuations des devises.

Conclusion : 

Pour l’équipe de gestion de WeSave, la question des expositions aux devises participe clairement de la stratégie globale de diversification des allocations d’actifs, mais aussi du pilotage de la volatilité des mandats d’assurance-vie nous étant confiés. À titre d’illustration, lorsque nous sommes confiants sur le potentiel de hausse des actions, nous réduisons généralement la part d’ETF exposés au Dollar, alors qu’à l’inverse, lorsque nous anticipons une possible phase de nervosité des marchés, nous consacrons alors habituellement une part plus significative aux ETF exposés au Dollar. En effet, l’influence des investisseurs américains reste déterminante sur tous les marchés financiers et, dès qu’un choc majeur survient, ils ont tendance à rapatrier leurs capitaux vers leurs actifs domestiques, ce qui a pour effet à la fois de renforcer le Dollar face aux principales devises, mais aussi de soutenir le cours des actifs américains et de réduire leur volatilité. Parce que ces caractéristiques sont connues des grands investisseurs internationaux, ce mouvement est souvent reproduit par les grandes institutions mondiales, renforçant d’autant l’efficacité et la pertinence de cette stratégie. Les choix d’exposition aux devises peuvent ainsi être source de performance, mais aussi de maîtrise de la volatilité pour son épargne ! L’équipe de gestion et les conseillers de WeSave restent à votre disposition pour vous assister dans l’analyse des rendements-risques de certains de ces produits et, plus généralement, pour vous accompagner sur la durée sur dans vos divers projets d’épargne.

Monnaies sonnantes … et trébuchantes ?

Vincent Lequertier
Vincent Lequertier

Vincent Lequertier a 25 ans d’expérience en gestion d’actifs. Après une carrière à la banque d’Orsay, il est successivement directeur adjoint actions puis directeur actions. Spécialiste de la gestion allocataire, il devient en Août 2015, le responsable de la gestion allocataire chez WeSave.fr.

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