Date de publication : 2 avril 2025

Dans un contexte économique marqué par des tensions commerciales croissantes et une incertitude accrue sur les marchés, de nombreux investisseurs s’interrogent sur la meilleure manière de placer leur capital. Les fluctuations des indices boursiers, influencées par les politiques monétaires et les crises géopolitiques, rendent la prise de décision plus délicate. Faut-il investir en une seule fois pour profiter des opportunités actuelles ou adopter une approche plus progressive afin d’atténuer le risque ?

Lorsqu’un investisseur dispose d’un capital à placer, deux stratégies principales s’offrent à lui : investir la totalité en une seule fois (lump sum investing) ou répartir son investissement sur plusieurs mois voire années (dollar-cost averaging, DCA). Chacune de ces approches présente des caractéristiques distinctes qu’il convient d’évaluer en fonction du contexte de marché et du profil de l’investisseur.

L’investissement en une seule fois : performance et exposition immédiate

Des études, notamment celle de Vanguard, montrent que dans 66 % des cas, investir immédiatement génère de meilleurs rendements que d’investir progressivement. Cette tendance s’explique par le fait qu’un capital exposé plus tôt aux marchés bénéficie plus rapidement de leur potentiel de croissance.

Opter pour cette stratégie permet de maximiser les rendements à long terme et d’éviter le risque de manquer des hausses importantes en restant trop longtemps hors du marché. Toutefois, cette approche implique également une exposition immédiate à la volatilité. Une chute brutale du marché peu après l’investissement peut s’avérer difficile à encaisser psychologiquement, et certains investisseurs pourraient être tentés de vendre au mauvais moment par crainte des pertes.

L’investissement progressif : limiter le risque de mauvais timing

Le DCA consiste à investir progressivement une somme fixe à intervalles réguliers, par exemple chaque mois. En adoptant cette approche, l’investisseur neutralise en partie l’impact des fluctuations de marché en lissant son prix d’achat sur le temps.

Cette méthode permet d’atténuer le stress lié aux fortes variations boursières. Elle peut convenir particulièrement à ceux qui appréhendent d’investir au mauvais moment et préfèrent une entrée plus mesurée sur les marchés. Cependant, en diluant l’investissement sur une période prolongée, le rendement global peut être légèrement inférieur à celui d’un investissement en une seule fois, notamment dans un marché haussier.

Comparaison des stratégies : taux de surperformance

Les données suivantes, issues d’une étude de Vanguard, montrent la probabilité de surperformance d’un investissement unique par rapport à un investissement progressif dans différents marchés :

USA (1926 – 2011)UK (1976 – 2011)Australie (1984 – 2011)
100% Actions66% vs 34%68% vs 32%62% vs 38%
60% Actions / 40% Obligations67% vs 33%67% vs 33%66% vs 34%
100% Obligations65% vs 35%61% vs 39%58% vs 42%

Aide à la lecture :

  • Les pourcentages indiquent la probabilité qu’un investissement unique surperforme un investissement progressif.
  • Par exemple, aux États-Unis, une stratégie en une seule fois est plus performante dans 66% des cas pour un portefeuille 100% actions.
  • Le DCA semble plus efficace pour des portefeuilles obligataires ou dans des marchés plus volatils.

Une alternative : le Value Averaging (VA)

Le Value Averaging (VA) est une stratégie intermédiaire qui ajuste les montants investis en fonction de l’évolution du marché. Contrairement au DCA, qui investit un montant fixe, le VA consiste à définir une trajectoire cible pour la valeur du portefeuille et à adapter les montants investis pour s’y conformer.

Avec cette méthode, l’investisseur injecte davantage de capital lorsque le marché baisse, ce qui permet d’acquérir plus de titres à moindre coût. À l’inverse, lorsque les prix sont élevés, les apports sont réduits, voire suspendus, afin d’éviter d’acheter au sommet du marché. Cette approche offre un potentiel de rendement supérieur, mais elle exige une rigueur et un suivi régulier, rendant sa mise en œuvre plus complexe que le DCA.

Pour estimer si les marchés sont chers ou non, certains indicateurs peuvent être utilisés, tels que le ratio CAPE (Cyclically Adjusted Price-to-Earnings) de Robert Shiller, qui compare la valorisation actuelle des actions à leur moyenne historique, ou encore le ratio cours/valeur comptable. Ces outils permettent d’adapter son investissement en fonction des niveaux de valorisation et d’optimiser ses entrées sur le marché.

Quelle stratégie choisir ?

Le choix entre l’investissement en une fois, le DCA ou le VA dépend du profil de l’investisseur et de sa tolérance au risque. Ceux qui recherchent la performance sur le long terme et peuvent supporter la volatilité auront tendance à privilégier l’investissement en une seule fois. En revanche, ceux qui souhaitent minimiser le stress lié aux variations de marché et entrer progressivement sur les marchés financiers trouveront dans le DCA une solution adaptée. Enfin, le Value Averaging constitue une alternative intéressante pour les investisseurs prêts à ajuster leurs apports en fonction des conditions de marché et à suivre leur portefeuille de manière plus active.

Chaque approche présente ses forces et ses limites, et l’important est d’adopter une stratégie en adéquation avec ses objectifs, son horizon d’investissement et sa psychologie face aux fluctuations des marchés.

Investir en une fois ou progressivement ?

Paul Dubourguais
Paul Dubourguais

Paul Dubourguais est responsable du pôle patrimonial chez WeSave. Après ses études en Ingénierie Patrimoniale au sein de l'IUP de Caen, il effectue son début de carrière dans différentes structures de gestion privée. Ayant pour souhait que l'investissement haut de gamme soit accessible pour tous et en toute simplicité il rejoint WeSave afin de contribuer à la distribution de ces solutions digitales.

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