
Durant le mois de mars, les autorités américaines ont soufflé le chaud et le froid concernant les tarifs douaniers qu’elles envisageaient d’appliquer à partir du mois d’avril, c’est pourquoi les marchés d’actions ont fluctué de façon très erratique. Même si D.Trump prétend ne pas être affecté par le recul des actions américaines en ce début d’année, il doit en revanche s’inquiéter de la perte de confiance des ménages et chefs d’entreprises américains, mais aussi des craintes d’inflation à venir, sachant que ce facteur a été décisif lors de l’élection présidentielle. La FED a tenu un discours équilibré, mais avec un biais légèrement accommodant, ce qui a permis aux actions de se reprendre un peu en fin de mois. Les soutiens fiscaux et les déréglementations à venir aux États-Unis devraient contribuer favorablement durant les prochains trimestres. Nous conservons notre surpondération sur les actions.

En mars, les obligations ont connu des comportements très divers selon les zones. Les obligations américaines se sont appréciées car l’Administration Trump cherche à réduire significativement les dépenses fédérales (cf. DOGE d’E.Musk), diminuant d’autant la masse d’obligations à émettre. Par ailleurs, les agents économiques s’inquiètent d’un possible tassement de la croissance américaine, d’où un flux acheteur d’obligations. En Europe, en revanche, la décision de l’Allemagne de lancer un très vaste plan de relance budgétaire dans les infrastructures, s’ajoutant à celui d’une Défense européenne, a provoqué un brutal rehaussement des rendements des obligations de toute la zone. Nous restons neutres à l’égard des obligations souveraines, les obligations d’entreprises nous paraissant offrir encore un couple “rendement-risque” plus attrayant.

En mars, les obligations d’entreprises ont connu des parcours très variés. Le rendement de ces obligations s’est ajusté aux dynamiques de croissance économique attendues selon les zones. Les États-Unis faisant l’objet de révisions en baisse de leur croissance, les investisseurs ont réduit leurs expositions aux obligations d’entreprises américaines pour se reporter sur celles de l’État américain. En revanche, en Europe, les relances budgétaires allemande ou pour la Défense européenne ont conforté les perspectives de croissance à venir, réduisant le risque de défaut de paiement des entreprises de la zone. Ceci explique pourquoi, en dépit d’une tension obligataire, les obligations d’entreprises européennes se sont bien comportées. Nous maintenons notre surpondération sur les obligations d’entreprises, préférant néanmoins en priorité les entreprises les plus solvables.

Les investisseurs doutant de l’ampleur de la croissance économique américaine à venir, le Dollar fait l’objet de prises de bénéfices au profit d’autres devises. Parmi les devises qui s’apprécient face au Dollar, se trouve l’Euro, les investisseurs considérant que les soutiens budgétaires aux infrastructures par l’Allemagne, ou à la Défense par les pays de l’Union européenne, contribueront à doper la croissance économique et l’inflation à terme dans la zone. Dès lors, la BCE serait moins disposée à baisser ses taux, d’où le rebond relatif de l’Euro. Le Yen japonais fluctue au gré des déclarations de la Banque centrale quant au calendrier des hausses de taux directeurs envisagées. Dans un contexte de potentielle guerre tarifaire, il conviendra d’être très vigilant quant aux fluctuations des devises, ces dernières pouvant être des instruments pour neutraliser les impacts des tarifs douaniers.

Les matières premières ont progressé en mars. L’or a dépassé le seuil psychologique des 3000$, le contexte incertain dû à l’Administration Trump incitant à la détention d’actifs réputés “protecteurs”. De plus, les achats d’or par les Banques centrales confortent la dynamique haussière en cours. Les métaux industriels poursuivent leur hausse, la croissance économique chinoise paraissant mieux établie, mais aussi parce que des stocks de précaution sont constitués dans le monde du fait des hausses tarifaires à venir. Le pétrole et l’énergie se redressent, mais les craintes d’excès d’offre pèsent sur les prix : espoirs de fin de conflit en Ukraine, intensification de l’exploration pétrolière américaine, et excédents de production de l’OPEP+. Un cycle de long terme favorable aux matières premières nous paraissant être engagé, nous maintenons notre surpondération sur cet actif.

Depuis le début d’année, la performance des actifs émergents surprend favorablement, en absolu comme en relatif, ce qui est inhabituel après des années de sous-performance. Le recul du Dollar apporte tout d’abord un soutien à ces actifs, puisque cela allège la charge de la dette des pays ou entreprises endettés en Dollar. Par ailleurs, depuis l’affaire “DeepSeek”, concurrent chinois aux sociétés américaines dans l’intelligence artificielle, les investisseurs internationaux ont redécouvert les atouts des sociétés de technologie chinoises. De plus, les autorités chinoises affichent la volonté de soutenir la consommation domestique pour désensibiliser l’économie nationale de sa dépendance au commerce extérieur. La politique économique à venir de D.Trump étant difficilement prévisible, il nous semble préférable de conserver une exposition neutre aux émergents.